Robert Dutrisac Québec — Tout comme Bernard Drainville, Pauline Marois est ouverte à l'idée de forger une alliance avec Québec solidaire. Des discussions ont d'ailleurs cours depuis quelques mois entre les deux partis à ce sujet avec l'assentiment de la chef du Parti québécois.
C'est ce qu'a appris Le Devoir de source sûre. Si, jusqu'à maintenant, l'entourage de Pauline Marois affirmait dur comme fer qu'elle ne partageait pas les vues de Bernard Drainville sur l'opportunité d'une alliance avec QS, c'est que les discussions de coulisse n'étaient pas assez avancées pour que la chef péquiste souhaite qu'on en fasse état. Mais à dix jours du Conseil national du PQ où certains péquistes, dont le député de Marie-Victorin, veulent débattre de la question, Pauline Marois a décidé d'ouvrir un peu plus son jeu.
«Depuis l'automne, il y a des discussions avec QS avec lesquelles Mme Marois est tout à fait d'accord», a-t-on confié hier.
Dans une entrevue au Devoir publiée samedi, Bernard Drainville affirmait que le PQ risquait de disparaître s'il ne ramenait pas les démissionnaires au bercail et s'il ne faisait pas une alliance avec QS. «On travaille là-dessus», a-t-on soutenu hier, laissant entendre que la sortie du député était superfétatoire.
«L'objectif, c'est qu'on ait le plus grand nombre possible de députés souverainistes à l'Assemblée nationale», a-t-on fait valoir. Le but, c'est de former «la plus grande coalition de souverainistes possible».
À l'automne, le PQ et QS ont discuté d'une alliance ponctuelle en vue de l'élection partielle dans la circonscription de Bonaventure. L'entourage de Mme Marois est déçu que cette alliance ne se soit pas concrétisée et que QS ait choisi de présenter sa candidate, Patricia Chartier. Même en additionnant les votes des deux formations souverainistes, cette alliance n'aurait pas permis au PQ de remporter la victoire, mais cette possibilité existait au moment du déclenchement de l'élection. «Pourquoi avoir risqué de mettre en péril une victoire possible de souverainistes dans Bonaventure?» se demande-t-on.
Les discussions ne portent évidemment pas sur une fusion des deux partis, comme celle qui doit conduire l'Action démocratique du Québec à se fondre dans la Coalition avenir Québec de François Legault. Il n'est pas question qu'un parti se saborde pour s'effacer devant l'autre. On envisage plutôt de conclure une entente qui permettrait qu'un seul candidat, du PQ ou de QS, se présente dans certaines circonscriptions.
Si Pauline Marois se montre ouverte à une telle alliance, elle ne souhaite pas en débattre lors du prochain conseil national les 27 et 28 janvier. C'est que les discussions, qui sont encore dans une phase préliminaire, n'ont pas abouti à quelque chose de concret, avance-t-on. Et avant de discuter d'une possible alliance dans un conseil national, le débat devra se tenir au sein du caucus.
Autant Amir Khadir se montre ouvert à conclure une alliance avec le PQ, autant la cochef de QS, Françoise David, semble peu réceptive à l'idée, relève-t-on. Cette dernière a tôt fait de remporter l'investiture dans la circonscription de Gouin, représentée par le péquiste Nicolas Girard, ce qui présage un sérieux affrontement. On reproche en outre à QS de «cibler des comtés où ça pourrait nous faire mal». Il existe un écart entre la teneur des discussions derrière les portes closes et «le comportement public» de QS, note-t-on.
À ce stade des discussions, la balle est dans le camp des solidaires, qui doivent discuter de cette possible alliance au sein de leurs instances, a-t-on souligné.
La formation de cette «coalition de souverainistes» passe aussi par le retour au PQ de certains démissionnaires. Avant Noël, Pauline Marois a rencontré Pierre Curzi et Louise Beaudoin. La chef péquiste a revu Louise Beaudoin récemment. «La porte leur est grande ouverte s'ils veulent revenir», assure-t-on.
Outre Bernard Drainville, plusieurs députés péquistes, dont Stéphane Bergeron et Sylvain Pagé, voient d'un bon oeil une alliance avec QS; Pauline Marois en est parfaitement consciente. En octobre dernier, le député de Verchères, Stéphane Bergeron, avait subi les foudres de la chef péquiste et de plusieurs de collèges après avoir choisi de participer à un événement de QS plutôt que d'assister au caucus des élus péquistes. Mais ce qu'on lui reprochait, c'est moins l'initiative comme telle que «la manière», ses collègues ayant appris la raison de son absence pendant le caucus grâce aux réseaux sociaux, a-t-on relaté.
Marois vise une grande coalition souverainiste
Le PQ mène des discussions avec Québec solidaire depuis des mois, a appris Le Devoir
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