N’importe qui et n’importe quoi!

L’histoire du Canada est remplie de ces trahisons des élus que le Québec envoie à Ottawa

Chronique de Louis Lapointe

Si Maxime Bernier est la preuve vivante qu’on peut élire n’importe qui à la fonction de député, Christian Paradis est quant à lui la preuve que n’importe qui à la fonction de ministre peut faire n’importe quoi sans trop se poser de questions. Ce dernier a récemment déménagé ses pénates en Ontario pour que ses enfants puissent aller à l’école anglaise.
Bien sûr, il s’agit d’un choix personnel, mais il s’agit aussi d’un bien mauvais exemple pour l’ensemble des citoyens du Québec. Une personne qui est élue et payée par ses concitoyens pour les représenter devrait au moins s’astreindre à respecter les mêmes règles qu'eux. Le fait qu’il ait été élu au fédéral est une bien mince excuse. Ses électeurs sont tous au Québec, pas en Ontario.
Mais il y a plus. Christian Paradis est le ministre canadien des Ressources naturelles qui minimise les risques associés au transport de déchets nucléaires ontariens sur le fleuve Saint-Laurent, en plein cœur de la zone la plus densément peuplée du Québec, là même où un vif débat est engagé entre la population et ses élus provinciaux sur les conséquences environnementales de l’exploitation des gaz de schiste.
L’attitude du ministre fédéral des Ressources naturelles est non seulement étonnante, mais également insultante pour la population du Québec, particulièrement pour celle de la grande région de Montréal dont il a la responsabilité comme ministre, le Saint-Laurent étant sa principale source d’approvisionnement en eau potable.
Dans quel monde vit le ministre Paradis ? Comme si aucune contestation sur le gaz de schiste n’avait eu lieu au Québec l’automne dernier. Il faut être volontairement sourd et aveugle pour ne pas constater que les Québécois sont très préoccupés par les questions environnementales, n’étant plus prêts à signer des chèques en blanc à leurs élus pour se faire passer des sapins tant ils ont été échaudés par des projets comme le Suroît, le mont Orford, Rabaska et Gros Cacouna, pour ne nommer que ceux-là.
Je suis toujours étonné de constater la rapidité avec laquelle nos députés retournent leurs vestes dès qu’ils sont élus. À l’époque de Pierre Trudeau, les députés libéraux du Québec avaient unanimement appuyé le rapatriement de la constitution et l’adoption d’une constitution contre la volonté légitime du Québec. L’histoire du Canada est remplie de ces trahisons des élus que le Québec envoie à Ottawa.
Quand, pour des raisons personnelles, un député fédéral n’est pas prêt à s'astreindre aux mêmes règles que ses commettants en matière de langue d’enseignement parce qu’il en a la possibilité, prétextant qu'il s’agit là d’une juridiction provinciale, comment peut-il les convaincre qu’il veille à leurs intérêts s'il agit unilatéralement dans ses dossiers ministériels qui nécessiteraient normalement des discussions entre les deux paliers de gouvernement en raison du partage de compétences touchant à des questions environnementales?
L’image que nous envoient ces élus est celle de personnes qui ne sont pas prêtes à s’imposer les quelques sacrifices qui feraient d’eux des modèles auprès de la population. On ne peut pas ignorer les lois provinciales du simple fait qu’on est un élu fédéral, cela va à l’encontre du sens commun.
Comment alors s’étonner que la population ait de moins en moins confiance en des élus qui semblent plus préoccupés par leurs intérêts personnels et ceux de puissants lobbies que par l’intérêt public, comme le suggèrent leurs agissements?
Sur le même sujet:
Le "Don Cherry" de la politique québécoise

Featured bccab87671e1000c697715fdbec8a3c0

Louis Lapointe534 articles

  • 881 346

L'auteur a été avocat, chroniqueur, directeur de l'École du Barreau, cadre universitaire, administrateur d'un établissement du réseau de la santé et des services sociaux et administrateur de fondation.





Laissez un commentaire



2 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    13 février 2011

    N'y aurait-il pas lieu d'affirmer le caractère national de nos lois qui sont votées par notre assemblée nationale et réserver le terme provincial lorsque la clarté du texte l'exige.
    Puis-je vous suggérer de le faire en toute occasion.
    Le parlement d'Ottawa ne vote pas de lois nationales. Ses lois sont fédérales.
    Quant à M. Paradis,je souhaite que ses électrices et électeurs fassent preuve de plus de jugement que lui et qu'ils lui montrent la porte la circonscription qu'il représente.

  • Archives de Vigile Répondre

    12 février 2011

    Monsieur Lapointe,
    vous affirmez,dans votre texte, ce qui suit:" L'histoire du Canada est remplie de ces trahisons des élus que le Québec envoie à Ottawa."
    Je suggère que cette affirmation soit affichée régulièrement au haut de la page principale de Vigile.net comme formule indiquant qu'il s'agit là d'un motif qui devrait être déterminant pour que le Québec soit un pays indépendant.