Des criminels de haut niveau du Mexique, du Pérou ou de la Colombie vivent paisiblement au Canada. La moitié sont dans la nature au Québec. Ces révélations renversantes issues du documentaire Narcos de notre Bureau d’enquête donnent froid dans le dos et elles nous ramènent à des décisions politiques.
Dès son arrivée au pouvoir, Justin Trudeau tenait à annuler la décision d’exiger un visa pour l’entrée des Mexicains au pays. Cette décision faisait partie de sa nouvelle approche pour refaire l’image du Canada dans le monde et présenter l’image d’un pays ouvert et généreux.
Il faut dire que monsieur Trudeau faisait partie de ceux qui avaient critiqué cette décision de Stephen Harper. Dans un discours sur sa nouvelle politique étrangère, le chef libéral avait qualifié la politique Harper de « spectacle absurde d’un Canada tyrannique et belligérant ». L’idée d’exiger un visa aux Mexicains pour entrer au Canada faisait partie de ce que les libéraux dénonçaient.
Constatant aujourd’hui les effets de cette décision qui a facilité l’entrée aux pays de dangereux criminels liés aux cartels de la drogue, on comprend que certains paramètres de cette décision furent oubliés. Ou que l’image a triomphé sur la sécurité de la population. Chose certaine, les citoyens du Canada doivent y voir un relâchement dans la gestion de la frontière canadienne.
Enjeu majeur dans le monde
Ces années-ci, la gestion des frontières constitue un sujet ultra-sensible. Cette question fut déterminante dans plusieurs élections ainsi que dans le référendum sur le Brexit. Trump a proposé son mur, Angela Merkel a dû défendre l’entrée d’un million de migrants : partout, les frontières se retrouvent au cœur des débats.
Entre paranoïa et laxisme, entre xénophobie et naïveté, l’équilibre est difficile à trouver. Les populations vivent de l’inquiétude. Certains en viennent à voter pour des extrêmes. La certitude, c’est qu’un leader qui n’a pas l’air de prendre au sérieux la question des frontières risque de se retrouver dans le gros trouble.
C’est là que le cas des visas pour les Mexicains vient empoisonner la posture politique de Justin Trudeau. Il a déjà quelques taches à son dossier en la matière. Disons que l’accumulation commence à peser lourd sur son bilan.
Personne n’oubliera son message sur Twitter, dans le dossier des réfugiés, promettant « à ceux qui fuient la persécution... sachez que le Canada vous accueillera ». Sous le couvert de la générosité, de l’ouverture, il s’agissait d’une bourde terrible. Promettre d’offrir l’hospitalité à toute la misère du monde relève d’un angélisme tristement déconnecté de la réalité.
Puis la gestion des entrées massives de migrants via le chemin Roxham a pris au dépourvu le gouvernement. Monsieur Trudeau et son équipe ont hésité, puis ont envoyé des messages contradictoires. L’impression pour le public fut celle d’un gouvernement qui ne prend pas au sérieux l’entrée illégale de milliers de gens à sa frontière.
Si Justin Trudeau devait perdre son élection, je crois profondément que son insouciance en matière de gestion de la frontière serait en fond de scène.