Controverse des « Plaines d’Abraham »

Non à l’organisation et au financement par le gouvernement fédéral de la bataille de 1759

1759-2009 : la résistance


Ière partie : l’organisation du 250e de la bataille des Plaines par la CCBN
Dans ce premier billet, nous présenterons l’organisation du 250e anniversaire de la bataille des Plaines d’Abraham, et envisagerons les deux questions suivantes : est-ce une initiative « historique, pédagogique » ou une initiative « politique »? Est-ce une “célébration” ou une “commémoration”?


(archives Université de Montréal)
Notons que les reconstitutions de batailles historiques sont souvent l’œuvre d’organisations privées (d’organisations non gouvernementales), afin d’éviter qu’elles ne servent à des fins politiques ou idéologiques.
Dans le présent cas, c’est la Commission des champs de bataille nationaux (CCBN), une agence qui relève du ministère fédéral Patrimoine Canada, et son président M. André Juneau qui a pris l’initiative et préparé la programmation de ce 250e anniversaire de la Bataille de 1759. Cette agence du gouvernement fédéral organise et finance les événements programmés.
De plus, il est étonnant que la reconstitution d’une bataille qui habituellement se déroule sur une journée ou deux, se voie entourée d’une programmation qui s’étende sur toute une année.
M. André Juneau a été nommé au Conseil d’Administration de la Commission des Champs de bataille nationaux (CCBN) le 18 octobre 1995 et en est rapidement devenu le Président.
I- fonctionnement à sens unique de la Commission des champs de bataille pour ce 250e :
Ce qui tranche considérablement d’avec le 400e de Québec, qui vient tout juste de se terminer, c’est l’absence (apparente) de coordination avec le milieu dont a fait preuve la Commission des champs de bataille pour la préparation de cet anniversaire de la bataille. Ni le gouvernement du Québec, ni la Commission de la capitale nationale, ni la Ville de Québec, ni les Peuples autochtones n’ont été engagés au préalable dans le processus d’organisation. Contrairement au 400e de Québec où tous les paliers de gouvernement étaient non seulement impliqués, mais supervisaient la société organisatrice du 400e via leurs commissaires.
Le premier ministre Charest a souligné le 17 janvier dernier que ces événements du 250e étaient une «initiative fédérale» où son gouvernement n’était pas engagé.
M. Denis Angers, porte-parole de la Commission de la capitale nationale, a déclaré le 21 janvier 2009 à un journal de Québec que la Commission de la capitale nationale ne participerait pas aux commémorations. « On n’est pas engagés dans les activités de commémoration, on n’a pas non plus été sollicités officiellement ».
Finalement, M. André Juneau a annoncé qu’il rencontrerait le maire Labeaume de la ville de Québec, mardi le 27 janvier et le chef des Premières nations du Québec et du Labrador, M. Ghislain Picard, la même journée. Pourtant, le programme de célébrations de 2009 est en ligne depuis plusieurs semaines. Le site internet est opérationnel depuis la conférence de presse de mai 2007 où M. Juneau a lancé officiellement cet événement.
Pourtant, ce n’est pas le temps qui a manqué pour tenter d’impliquer ces autres paliers de gouvernement et institutions. M. André Juneau chérissait et planifiait ce 250e depuis plusieurs années. En 1999, il évoquait cette éventualité, puis de nouveau le 7 juillet 2004 (Le Soleil, page A6). Enfin, le 28 mai 2007, plus de sept mois avant la tenue du 400e de Québec, M. André Juneau et la CCBN ont tenu une conférence de presse à Québec. Il a annoncé qu’un budget de 160 000$ serait consacré à la reconstitution de la Bataille des Plaines et qu’il y aurait d’autres événements qui s’échelonneraient au long de l’année 2009. M. André Juneau se défendait alors, à l’avance, de jeter de l’ombre aux festivités du 400e anniversaire de 2008 en devançant le lancement de la programmation du 400e (« En 2009, les batailles des plaines d’Abraham fêteront leur 250e anniversaire, Le duel Wolfe-Montcalm revivra (Caouette, Marie, Le Soleil, mardi, 29 mai 2007, p.8) ».
M.André Juneau connaissait très bien le mode de fonctionnement du 400e puisqu’il a été de mai 2004 à mai 2005, un des Commissaires du gouvernement du Canada supervisant la Société du 400e. Lorsque la ville, la Capitale et le gouvernement du Québec ont fêté le 400e anniversaire en 2008, les autorités fédérales ont été partie prenante du processus d’organisation six ou sept ans à l’avance. Mais l’inverse ne s’est pas produit.
Cet organisme fédéral, la Commission des champs de bataille, planifie depuis quelques années des événements pour le 250e anniversaire des batailles des Plaines, mais les autres paliers publics ne sont pas invitées, ou parties prenantes du processus. Cela témoigne soit de la non-adhésion des autres paliers de gouvernement, ou encore des « aspects hautement politiques » de cette “initiative fédérale”.
II- Les initiatives « politiques » de la CCBN et de son Président:
A) Demande de « commandites » et « guerre de drapeaux » pour le « Sommet des Amériques » et l’année 2001
Ce n’est pas la première initiative « hautement politique » de M. André Juneau et de son agence. Le 20 février 2001, le président de la Commission des champs de bataille, M. André Juneau, a écrit au ministre des Travaux publics et des Services gouvernementaux, M. Alfonso Gagliano, lui demandant un budget supplémentaire de près d’un demi-million de dollars, somme qui constituerait selon M. André Juneau, « une aide précieuse sous forme de commandite pour assurer sa visibilité et celle du gouvernement du Canada ».
Pour obtenir ces fonds supplémentaires M. André Juneau promettait au ministre Gagliano de faire la promotion du Canada sur les Plaines, par une offensive de drapeaux unifoliés, de « mots symboles Canada », de logos Canada et de ballons rouges Canada « « dans pas moins de 14 activités, allant du Carrousel de la GRC au polo sur les Plaines en passant par l’Halloween et Noël 2001. » »
Voici quelques exemples : « « « Lors de l’activité de lancement de la saison estivale, par exemple, on achètera 2000 ballons avec le ” mot-symbole ” Canada et deux immenses banderoles de vinyle aux couleurs du drapeau canadien. De plus, on mettra sur pied une offensive publicitaire à la radio et à la télé. Coût de l’opération: 17 000 $.
À l’été, lors de la patrouille de la GRC, on suggère de donner au grand public des articles promotionnels aux couleurs du Canada, en plus de lancer une autre campagne publicitaire, au coût de 20 000 $.
On veut aussi que la Commission soit présente lors de neuf ” salons d’envergure ” pour y remettre des pochettes et du matériel promotionnel ” avec le mot-symbole Canada “. Pour cela, les contribuables devront payer 30 000 $.
Le document révèle aussi qu’une somme supplémentaire de 25 000 $ sera allouée au kiosque ” Roulotte mobile “. On promet au ministre Gagliano ” d’augmenter la présence des services du gouvernement du Canada, en rejoignant la clientèle d’événements majeurs comme le Carnaval de Québec et le Festival international d’été de Québec ” .
(…) ” De plus, la piste de ski de fond sera illuminée par des flambeaux et l’ensemble du site profitera de la ” visibilité du gouvernement fédéral “, moyennant la somme de 50 000 $.
La facture totale de la campagne de publicité fédérale est évaluée à 419 000 $. L’an dernier, la Commission avait obtenu une aide financière supplémentaire de 225 000 $, selon le secrétaire de la société de la Couronne, Michel Leullier. (…)» D. Maurais « « Opération fédérale de visibilité: Les Plaines verront rouge » », Le Soleil, 5 avril 2001, p. A1. »
Alors que M. André Juneau présentait en avril 2001 à la radio CJMF cette demande d’un budget supplémentaire de 420 000$ comme étant une simple « mesure administrative », le ministre Gagliano déclarait le lendemain au journaliste Maurais « C’est bien plus qu’une simple mesure administrative. L’objectif de ce programme de commandite, c’est de montrer que le gouvernement canadien existe, avec ses symboles et le drapeau. »
Notons que le journaliste Maurais avait dû recourir à la « Loi sur l’accès à l’information » pour obtenir ces renseignements. Visiblement le gouvernement fédéral ne tenait pas à ce que ces informations circulent.
Notons qu’en 2001, le budget de la Commission des champs de bataille était d’environ 2 350 000 $. Pour 2007-08, 2008-09 et 2009-10, le budget général prévu est de l’ordre d’un peu plus de 9 millions de dollars, auquel il a été ajouté un budget spécial de 4,216,000 $ en 2007-2008 pour la rénovation des infrastructures du parc des Plaines. Soit un budget total de 13,246,000 $ pour cette année afin de se préparer pour le 100e anniversaire des Plaines (qui coïncidait avec le 400e de Québec).
B) Participation à des activités politiques aux frais de la Commission des champs de bataille :
Comme le révèle un article du Soleil du 2 décembre 1999, M. André Juneau s’est retrouvé dans une «situation équivoque» à cause de sa participation à des activités politiques dont les frais avaient été remboursés par la Commission (fédérale) des champs de bataille (« 500 $ pour participer à un cocktail bénéfice du Parti libéral du Canada en février 1999 » « 200 $ à un tournoi de golf organisé en septembre par le Conseil pour l’unité canadienne, et 40 $ pour le lunch organisé en avril dernier en l’honneur du premier anniversaire de l’élection de Jean Charest à la tête du Parti libéral du Québec. »)
(…) Les fonds publics provenant des impôts payés par l’ensemble des contribuables ne doivent pas servir à des fins partisanes. De plus, au Québec, les contributions électorales doivent provenir des électeurs eux-mêmes, et non des entreprises, des régies gouvernementales ou des personnes morales. » » » (Situation équivoque, Le Soleil, jeudi, 2 décembre 1999, p. A9 »
C) Nommé Commissaire du fédéral au 400e en mai 2004, M. André Juneau démissionne en mai 2005 invoquant une question de « conflit d’intérêts » :
En mai 2004, M. André Juneau a été officiellement nommé comme premier «Commissaire fédéral des fêtes du 400e anniversaire de la ville de Québec ». Il était aussi Président de la Commission des Champs de Bataille Nationaux.
Soulignons que peu après sa nomination comme Commissaire fédéral au 400e, la France a offert à Québec, comme « cadeau » pour le 400e , le projet d’une « allée de sculptures de bronze » installées en permanence le long de l’Avenue Wolfe-Montcalm qui mène au Musée national des beaux-arts du Québec, situé sur les Plaines d’Abraham. Cette allée aurait compté huit reproductions autorisées de sculptures signées par Auguste Rodin, Camille Claudel et Antoine Bourdelle, trois des plus célèbres sculpteurs français, de réputation internationale. En décembre 2004, le maire L’Allier de passage à Paris avait donné son appui à ce projet.
Les milieux de la muséologie tant au Québec qu’en France étaient enthousiasmés par ce projet. Des maquettes et une estimation des coûts d’aménagement ont été présentées au gouvernement Charest dès la mi-décembre 2004. Le ministre responsable de la région de la Capitale-Nationale, Sam Hamad avait dit à l’époque « Ça m’apparaît être un bon projet et la France a toujours émis le souhait d’investir dans quelque chose de culturel » (« Des bronzes en cadeau », S. Boivin, Le Soleil, 4 décembre 2004).
( En résumé voici comment s’était développé ce projet :
Après l’euthanasie du projet de la Place de France, escalier monumental dans le Nouveau St-Roch, des institutions de la ville de Québec ont tenté de mettre de l’avant leur projet pour le 400e anniversaire. Il est important de rappeler qu’en 1998, l’exposition Rodin, au Musée national des Beaux-Arts du Québec (MNBAQ) a été couronnée l’exposition d’oeuvres d’art la plus fréquentée dans le monde entier. Elle avait accueilli 525 000 visiteurs. De plus en 2004, le MNBAQ était en train de mettre sur pied avec le musée de Rodin à Paris une exposition de 133 oeuvres et de plus de 100 documents intimes de Rodin et Camille Claudel. Cette exposition était programmée au MNBAQ pour la période de mai à septembre 2005.)
Sur le plan « diplomatique », ce projet d’une allée de sculptures de bronzes devait faire l’objet d’une demande officielle du gouvernement du Québec auprès du gouvernement de la France. Mais le bureau du premier ministre Charest n’a pas pris la relève du maire de Québec et des institutions québécoises demanderesses. Au moment où l’exposition Rodin-Claudel de 2005 s’achevait après avoir connu beaucoup de succès, en septembre, dix mois après avoir reçu la maquette illustrant le projet, le premier ministre Charest n’avait toujours pas donné son accord à la réalisation par la France d’une allée de sculptures des grands maîtres. Du côté français, les autorités étaient en mode attente. (« Des sculptures pour le 400e de Québec », L.G.Lemieux, Soleil, 8 sept. 2005).
Pourquoi ces délais à répondre officiellement à la France. Le gouvernement du Québec n’avait pourtant pas cette fois l’argument de coûts préparatoires coûteux comme dans le cas de l’offre de l’escalier monumental qui aurait relié le Nouveau St-Roch avec la haute-ville. Tout était payé par la France. Pourquoi, alors ce projet est-il resté suspendu dans le vide durant plusieurs mois? En septembre 2005, un membre du cabinet du premier ministre Charest évoque un remaniement ministériel en France qui aurait semble-t-il retardé les discussions (affirmation étonnante, car des représentants français affirment au même moment que l’offre tient toujours et que la France est en mode attente).
Mais il y aurait une autre raison qui a retardé ce dossier: « La possibilité que l’installation se fasse tout près des plaines d’Abraham, là où la France a perdu une bataille décisive, ne souriait pas à tous. » » (Simon Boivin, Soleil, 28 octobre 2005)».
Était-ce simplement une rumeur, ou y avait-il des fondements?
Ce projet d’allée de sculptures avait été soumis au Québec en décembre 2004. En mars 2005, il est fait état dans les journaux que les relations entre le Commissaire fédéral M.André Juneau et “d’autres acteurs du 400e” ne sont pas “simples“. Dans la première semaine de mai 2005, M. André Juneau annonce qu’il démissionne de son poste de Commissaire fédéral: « il voulait éviter d’éventuels conflits d’intérêt entre ce poste et celui de président du conseil d’administration de la Commission des champs de bataille nationaux. (S. Boivin, « Le commissaire André Juneau tire sa révérence », le Soleil)».
Donc, il y a eu des tiraillements entre la Société du 400e et le Commissaire fédéral André Juneau. Celui-ci démissionne, car il y a des questions de « conflits d’intérêts » Il y a anguille sous roche:le fédéral par la voix de son commissaire M. Juneau aurait fort probablement transmis ses “réticences”, ou celles de son gouvernement à l’égard de ce projet d’allée de sculptures qui auraient été localisées sur l’allée “Wolfe-Montcalm” menant aux Plaines. (conflit d’intérêts rendu possible à ce moment-là parce que M. Juneau était à la fois Président de la Commission des Plaines et Commissaire fédéral au 400e. En conséquence de ce conflit d’intérêts M. Juneau a démissionné du 400e et suivant ces réticences manifestées, M. Charest a laissé s’éteindre l’offre de la France pour une allée de sculptures de grands maîtres français à l’entrée des Plaines d’Abraham, lieu symbolique d’une victoire britannique).
Le gouvernement Charest n’a pas été très édifiant dans ce dossier. Il aurait fait, ou laissé, passer des intérêts étroitement partisans du gouvernement fédéral, voire idéologiques avant l’intérêt de la ville de Québec, de son économie et de ses institutions culturelles. En tant que chef de gouvernement du Québec, étant donné les liens privilégiés Québec-France depuis 40 ans, le premier ministre Charest pouvait accepter « l’allée de sculptures de bronzes des grands maîtres internationaux ». Ces œuvres d’art construisant une allée menant au Musée national des beaux-arts du Québec aurait contribué au renforcement de Québec comme pôle d’attraction culturel en Amériques.
Faire perdre la possibilité de milliers de visiteurs et de touristes étrangers annuellement pour la ville de Québec et par extension au Musée national des beaux-arts du Québec, pour une raison on ne peut plus symbolique telle que pas-question-que-la-France-vienne-triompher-à-proximité-des-plaines-d’Abraham-où-elle-a-subi-une-défaite-il-y-a-249-ans apparaît mesquin, voire comme un geste arrogant et colonial. Une identité « impériale britannique » a été privilégiée au détriment d’une présence artistique de réputation internationale qui avait pour seul défaut d’être d’origine française.
S’il n’y avait pas d’autres raisons que celle-là, à l’abandon de l’allée de sculptures des grands maîtres, il faudrait croire que la politique canadienne carbure au symbolisme et quelque part accorde, encore aujourd’hui, une très grande importance à une victoire d’il y a 249 ans de l’Angleterre sur la France … et que cela ferait partie de l’essence de “l’identité canadienne”.
À la lumière de ces comportements passés de la CCBN et de son Président, l’initiative de la Commission des champs de bataille et de son Président pour célébrer le 250e anniversaire de la défaite des Plaines apparaît comme « hautement politique », voire étroitement partisane, qui divise plutôt que de rassembler.
Dans le rapport annuel de 2007-08 de la CCBN et sur le site internet de la programmation du 250e, dans la section de l’activité « Odyssée », les Plaines sont présentées comme le « berceau du Canada ». Si la bataille de 1759 (qui préfigure la victoire de l’Empire britannique sur la Nouvelle-France) est le berceau de l’histoire du Canada cela signifie que le Canada revendique comme moment fondateur comme moment de « commémoration » cet événement de 1759 où l’Empire britannique a dominé le peuple français fondateur.
“L’identité canadienne” serait donc construite sur la défaite des Français en 1759. Tout se présente comme si ce 250e était une initiative politique d’une agence fédérale visant à construire une identité britanno-canadienne de vainqueur qui aurait comme corollaire d’élaborer une identité franco-québécoise de « looser ».
Dans ce contexte l’idée qu’il s’agirait d’une « commémoration » plutôt que d’une « célébration » perd un peu de son importance, puisque l’initiative est politique, voire idéologique, dans le sens qu’elle vise à enregistrer dans les mémoires (”commémorer”), à renforcer une “identité canadienne associée au vainqueur” et une identité québécoise associé au « looser ». Pour les Québécois, l’initiative de cette agence de Patrimoine Canada vise à enseigner le désamour de soi.
Mais jetons néanmoins un bref coup d ‘œil sur la programmation
( consulter la programmation http://www.ccbn-nbc.gc.ca/_fr/2009 )
III - Commémoration (?) ou célébration (?) du 250e de la défaite :
Devant les réactions négatives suscitées par son initiative M. Juneau affirme qu’il ne s’agit pas de « célébrations » d’une défaite. On peut en douter lorsqu’on étudie la programmation du 250e .
Le 26 juin, il y a célébration pure et simple. Ils organisent un grand Bal masqué, au Parc des Braves. Ils convient les Québécois « à se divertir » et à danser en costume d’époque « au clair de lune, vêtus de vos plus beaux atours » comme des « dirigeants » de la colonie qui « trouvent à se divertir » « Malgré la guerre qui sévit dans la colonie ».
Voilà cette guerre n’aurait pas fait 10 000 morts, tué une personne sur sept dans la colonie.
Tiens pourquoi choisir le 26 juin, comme date du Bal masqué? Pourquoi pas une date plus près du 30 juillet alors que les « fans » de la reconstitution des batailles seront à Québec. C’est tout simplement que ceux qui sont visés sont les citoyens de Québec. La Commission les invite à fêter, à célébrer. De fait, il s’agit de se placer le plus près possible du 24 juin, pour terminer la fête nationale du Québec et ouvrir par un grand Bal masqué du 26 juin, la semaine de la fête du Canada.
Il ne faut pas oublier que le Président Juneau et la Commission des champs de bataille organisent à Québec depuis plus de 10 ans la fête du Canada, sur les Plaines précisément. Ils l’organisent autour du 1 juillet, mais étant donné que le Québec est très chanceux et a reçu depuis 10 ans en moyenne plus de la moitié de tous les fonds versés par le ministère fédéral Patrimoine Canada pour célébrer la fête du Canada et bien cette fête du Canada à Québec s’est étendue au cours des années. Elle débute la veille du premier juillet et se prolonge. En 2009, elle commencera le 26 juin, il faut bien se divertir et faire un spécial pour le 250e anniversaire de cette « victoire » des Plaines qui constitue le « berceau du Canada ».
Lors de la conférence de presse du 28 mai 2007, il a été annoncé que le « duel Wolfe-Montcalm » revivrait en 2009. D’ailleurs, lors de cette « conférence de presse haute en couleur où un Wolfe et un Montcalm se sont toisés avant qu’une douzaine de reconstituteurs issus des deux camps, armés de leur mousquet, n’envahissent à leur tour la salle ». Sur le site internet de la programmation du 250e anniversaire, il y a un événement prévu du 18 juillet au 7 septembre intitule « « Wolfe et Montcalm se donnent en spectacle ».
Et bien voilà, la guerre est un « spectacle ». On ne peut douter que dans ce « spectacle » il y ait échange de bons mots entre Wolfe et Montcalm, Est-ce que ce sont des duettistes d’opérette?
IV- Conclusion :
Est-ce une initiative “pédagogique” ou “politique” ? L’examen que nous avons fait montre qu’ il est maintenant évident qu’il s’agit d’une initiative « hautement politique ».
Le gouvernement du Canada et son ministère Patrimoine Canada doivent se retirer du financement et de l’organisation de ces événements.
Si je veux me déguiser pour l’Halloween je ne demande pas de subventions au gouvernement fédéral. Même chose pour les reconstituteurs de bataille, qu’ils soient états-uniens ou canadiens. C’est leur loisir personnel, alors qu’ils paient. Nos impôts ne doivent pas servir à financer ces initiatives partisanes.
Pas de Bal masqué, pas de duettistes d’opérette, pas de financement fédéral.
Si cette reconstitution n’a pas lieu, et bien tant pis, ou tant mieux, selon ce que vous préférez.
Toute la démarche actuelle en a perverti le sens.
La ville de Québec est sur une lancée favorable suite au 400e qui vient de se terminer (comme je l’ai exposé dans le billet du 31décembre “Québec en 2008: une ville en fête, une cité culte en devenir ?”). Je ne pense qu’il serait dans l’intérêt de la ville de Québec d’endosser cette commémoration “partisane” qui est très mal engagée ou de la reprendre à son compte.


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