«Une partie de nos élites aujourd’hui ont une vision minimaliste et peut-être un peu falsifiée de la démocratie», dit Mathieu Bock-Côté
François Legault, récemment, a souligné que des seuils d’immigration trop élevés, et particulièrement si cette immigration n’est pas francophone, représentaient une menace pour l’identité québécoise, dans la mesure où ils fragilisaient le français et pour cela, la cohésion sociale.
Il avait auparavant rappelé qu’en Europe, l’immigration massive a mal tourné, comme on le voit notamment en France et en Suède, et mettait en garde les Québécois pour qu’il n’en soit pas de même ici.
Dominique Anglade a jugé bon de l’insulter.
Je la cite. «C’est de la petite politique, c’est mesquin, c’est minable». Elle ajoute que François Legault «appelle les plus bas instincts. Ça nourrit la peur de l’autre. Ça nourrit la peur de l’autre».
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Mépris
J’essaierai d’être clair.
Je suis fondamentalement d’accord avec François Legault.
Je ne lui reproche qu’une chose : de ne pas aller assez loin. De ne pas accorder ses gestes avec sa parole. De parler sans faire, de dire sans agir.
Il prétend vouloir maîtriser l’immi-gration, mais il accepte les seuls d’immigration fixés par le PLQ sous Jean Charest et Philippe Couillard.
Mais je m’égare. Je veux revenir à Dominique Anglade.
Quand elle traite de minable François Legault, elle traite de minables tous ceux qui se reconnaissent dans ses propos.
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Elle traite de minables ceux qui, comme moi, et tant d’autres, veulent baisser significativement les seuils.
Elle traite de minables ceux qui redoutent la «noyade» démographique de la majorité historique francophone, pour reprendre le mot de René Lévesque, un autre minable, probablement.
Elle traite de minables ceux qui constatent que Montréal s’anglicise, et qui s’inquiètent que dans quelques années, des tensions sociales se développent.
Elle traite de minables les gens qui, comme moi, se sentent de plus en plus comme des étrangers en leur propre pays à Montréal.
Elle nous accuse de réagir avec nos «bas instincts». Ce sont ses mots. Nous ne sommes pas des citoyens rationnels, avec une autre vision du monde que la sienne. Nous sommes des brutes.
Si nous n’étions pas minables, nous voterions Dominique Anglade, je suppose. Nous aurions la chance d’appartenir au club sélect des non minables imperméables aux bas instincts.
Pas de chance. Nous ne sommes pas à sa hauteur.
Et quand nous nous inquiétons rationnellement des seuils d’immigration exagérés et d’une intégration qui ne se passe pas aussi bien qu’on le dit, en fait, nous sommes, selon elle, à la recherche d’un bouc émissaire pour déverser nos mauvaises passions.
Elle nous accuse de ne pas nous ouvrir à l’autre. Nous répondons que tous les autres ne sont pas interchangeables. De quel autre s’agit-il? Est-il francophone? Francotrope? Anglophone? Anglotrope? Et de combien d’autres s’agit-il? On intègre plus facilement 20 000 immigrés que 50 000, et 50 000 que 70 000.
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Libéral
Mais ces interrogations, elle ne les tolère même pas. Elles sont probablement minables aussi.
Cette condescendance libérale est pénible. Il y a des limites à mépriser les inquiétudes légitimes d’une bonne partie de la population.
Si le PLQ se demande pourquoi il tourne autour de 7 % chez les francophones, c’est pour cela.
Nous, les minables, ne seront pas malheureux de la voir subir les conséquences électorales de son mépris le 3 octobre au soir.