Pendant ce temps, au PQ...

2005

samedi 29 janvier 2005
--------------------------------------------------------------------------------
Règle générale, les périodes d'ajournement des travaux de l'Assemblée nationale sont passablement frustrantes pour les partis d'opposition, qui se voient ainsi privés de leur principale vitrine, tandis que le gouvernement peut multiplier les annonces à loisir.
Ces temps-ci, personne ne s'en plaint au PQ, où on est tout disposé à abandonner la patinoire au gouvernement Charest s'il veut l'utiliser pour se casser la figure. Depuis le début de l'année, il n'a ménagé aucun effort pour y parvenir. Le premier ministre donnant lui-même l'exemple, chacun semble vouloir y mettre du sien.
Il faut reconnaître que la course au championnat de la gaffe entre Jacques Chagnon et Pierre Reid devient franchement palpitante. Le ministre de la Sécurité publique vient encore de démontrer qu'il ne fallait pas le tenir pour battu en nommant une flopée d'amis du PLQ à des postes de commissaire aux libérations conditionnelles sans se soucier le moindrement de leurs qualifications, précisément au moment où un livre-choc vient mettre en lumière les conséquences particulièrement graves que peuvent avoir les nominations partisanes dans ce domaine.
Quand la société tout entière s'indigne, l'opposition n'a pas intérêt à verser dans la surenchère. Dans l'affaire des subventions aux écoles privées juives, Bernard Landry a eu l'heureux réflexe de ne pas jeter d'huile sur le feu. Pauline Marois a bien réclamé la démission du ministre de l'Éducation, mais c'était pour l'ensemble de son oeuvre.
L'automne dernier, l'entourage de M. Landry se plaignait avec une constance frisant la paranoïa de l'intérêt des médias pour les chicanes au PQ et la contestation du leadership de son chef. À l'entendre, tout le monde voulait sa peau.
Voilà maintenant des semaines que plus personne ne parle du congrès de juin prochain et du vote de confiance auquel M. Landry devra se soumettre. La dernière fois qu'on y a fait allusion, c'était pour évoquer la lune de miel entre M. Landry et Gilles Duceppe en République dominicaine.
***
Pour la première fois depuis des lustres, un conseil national du PQ s'annonce relativement tranquille. Il est vrai qu'il reste encore deux semaines avant le rendez-vous de Trois-Rivières. Pour un parti aussi imaginatif, cela laisse amplement de temps pour scénariser un nouveau psychodrame, mais il demeure qu'un certain calme semble s'installer.
Les malheurs du gouvernement Charest n'y sont évidemment pas étrangers. En décembre dernier, un sondage Léger Marketing laissait entrevoir des jours difficiles au PQ si M. Landry demeurait chef. Face à Jean Charest, tous les aspirants à sa succession auraient fait mieux que lui. Avant même l'affaire des écoles privées juives, les sondages internes du PQ, généralement fiables, lui accordaient dix points d'avance. Dans ce nouveau contexte, la question du leadership se pose évidemment avec moins d'acuité.
À Trois-Rivières, il faut s'attendre à ce que M. Landry insiste longuement sur la turpitude des libéraux plutôt que de s'engager à nouveau sur le terrain marécageux de l'échéancier référendaire, comme il l'avait si maladroitement fait à Sherbrooke en octobre dernier.
Au moment où les assemblées pour le choix des délégués au congrès de juin se multiplient dans les comtés - il y en aura 23 en fin de semaine -, M. Landry a reçu un appui de taille dans ce débat. Dans le dernier numéro du journal Le Québécois, Jacques Parizeau invite les militants péquistes à un pragmatisme dans des termes que M. Landry lui-même n'aurait jamais osé utiliser.
«On met décidément trop l'accent sur la date du référendum, écrit M. Parizeau. Logiquement, il devrait être appelé quand les souverainistes auront repris le pouvoir, seront prêts, et que le moment sera propice.» Même Lucien Bouchard aurait pu dire cela sans hésiter.
Tout indique qu'au congrès de juin, le débat se soldera par un compromis prévoyant la tenue d'un référendum «le plus tôt possible dans le prochain mandat», ce qui pourrait satisfaire ceux qui craignent de voir le référendum reporté aux calendes grecques tout en laissant une porte de sortie à M. Landry s'il en arrivait à la conclusion que la partie n'est pas jouable.
***
Tout cela a renforcé chez lui le sentiment qu'un appui satisfaisant au congrès de juin, disons 80 % des délégués, est à sa portée. Celui qui serait son plus dangereux rival, Gilles Duceppe, peu pressé de quitter Ottawa, est actuellement son plus fervent partisan. François Legault n'a pas intérêt à provoquer une course qu'il perdrait contre le chef du Bloc et, à elle seule, Pauline Marois n'est pas en mesure de renverser M. Landry.
Le ralliement de Guy Chevrette, qui est son candidat à la première vice-présidence, constitue aussi un précieux atout dans la préparation du congrès, même s'il peut difficilement prétendre incarner la relève.
D'ici là, M. Landry est néanmoins condamné à la tolérance envers les trublions et les ambitieux. Dans la mesure du possible, il devra également éviter les débats susceptibles de créer des tensions inutiles au sein du parti et du caucus. Ceux qui aiment réfléchir à voix haute devraient profiter des quelques mois qu'il leur reste. En effet, une fois le congrès derrière lui, M. Landry ne tardera pas à siffler la fin de la récréation.
***
Rectificatif
Dans ma chronique de jeudi, j'ai écrit que Denis Paradis avait été battu aux dernières élections fédérales. C'était évidemment une erreur. J'aurais dû écrire que le Bloc québécois a obtenu plus de voix que les libéraux dans la partie du comté fédéral de Brome-Missisquoi qui recoupe celui d'Orford au niveau provincial, représenté par le ministre de l'Éducation, Pierre Reid. M. Paradis a déjà assez d'avoir perdu son ministère sans qu'on lui enlève aussi son comté. Mes excuses.
mdavid@ledevoir.com


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé