Des investissements de 5,7 milliards en attente

La future politique énergétique du Québec sème le doute

2005

mercredi 12 janvier 2005
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Des investissements totalisant 5,7 milliards de dollars sont en attente de la nouvelle politique énergétique promise par le gouvernement du Québec et la plupart de ces projets disparaîtront si les tarifs d'électricité continuent d'augmenter au rythme actuel.
Dans son mémoire à la commission parlementaire sur l'énergie, l'Association québécoise des consommateurs industriels d'électricité (AQCIE), qui regroupe les plus gros clients d'Hydro-Québec, prévient le gouvernement que l'incertitude actuelle quant à la disponibilité et au prix de l'énergie nuit à l'économie du Québec.
" Il est clair que l'absence de stabilité qui se perpétue depuis des mois pourrait compromettre en tout ou en partie certains des projets ", écrit le président de l'association, Luc Boulanger.
M. Boulanger n'a pas voulu donner beaucoup de détails sur la nature des investissements en question, dont la réalisation s'échelonne entre 2005 et 2008. La liste de projets d'investissement provient d'un sondage réalisé par l'Association québécoise des consommateurs d'électricité auprès de ses membres, qui exploitent ensemble 72 usines et emploient 33 500 personnes au Québec. Il s'agit d'alumineries, de fabricants de pâtes et papiers et de produits chimiques, qui sont présents surtout dans les régions du Québec.
" Ce sont des projets d'expansion et de modernisation d'usines existantes ", a précisé Luc Boulanger au cours d'un entretien téléphonique.
Pour ces entreprises, l'électricité peut représenter jusqu'à 80 % des coûts de production et l'évolution des tarifs est, par conséquent, leur préoccupation principale. " Il s'agit non seulement d'un facteur majeur dans la décision que prendront ces entreprises de réaliser ou non leurs projets de développement au Québec, mais aussi dans le maintien des usines actuellement en opération ", peut-on lire dans le document.
Pour ces gros consommateurs d'énergie, la fin abrupte du gel des tarifs décrétée par le gouvernement actuel et les hausses à répétition exigées depuis par Hydro-Québec ont créé un climat d'incertitude qui les empêche de planifier leurs activités.
Les entreprises s'inquiètent aussi de la volonté exprimée par le premier ministre Jean Charest d'augmenter les exportations d'électricité ainsi que des messages contradictoires sur l'évolution prévisible des tarifs d'électricité au Québec.
L'AQCIE estime que le gouvernement du Québec ferait une erreur s'il laissait Hydro-Québec s'engager dans la voie des exportations au détriment des grandes entreprises bien établies sur son territoire.
Les exportations d'électricité sont actuellement très rentables, convient Luc Boulanger, mais il s'agit d'une situation conjoncturelle qui ne doit pas servir de fondement à la politique québécoise de développement industriel. " Le temps viendra, une fois la manne américaine passée, où le fournisseur sera heureux d'avoir conservé ses clients de proximité que sont les grandes entreprises consommatrices d'électricité. "
Par ailleurs, ces gros consommateurs d'électricité ne considèrent pas qu'ils jouissent de tarifs privilégiés au Québec, comme plusieurs le croient. Au contraire, ils trouvent qu'ils paient trop cher par rapport aux consommateurs résidentiels, qui coûtent plus cher à desservir que les usines.
L'AQCIE demande donc au gouvernement de mettre fin à cette forme de subvention (aussi appelée interfinancement) dont le coût est estimé à 300 millions de dollars par année pour les grandes entreprises.


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