Pierre-Karl Péladeau (PKP) fait beaucoup parler de lui pour son utilisation intensive de Facebook. Candidat pressenti à la chefferie du Parti Québécois, il se démarque autant par l’abondance, la pugnacité et la variété de ses contributions sur le média social préféré des Québécois, que par la rareté de ses échanges avec les journalistes.
Jusqu’à maintenant, cela le sert plutôt bien.
Nouveau en politique, disposant d’une très forte notoriété, il contrôle beaucoup mieux son message en intervenant de cette façon, évitant les pièges de ses adversaires ou ceux des journalistes et agrandissant le cercle de ses amis Facebook, disposés qu’ils sont à relayer généreusement sa vision des choses.
On peu lire et entendre depuis quelques jours l’exaspération de certains observateurs face à cette stratégie de communication qui se résume à Facebook. PKP dérange…
Les journalistes de la Tribune parlementaire et ses adversaires politiques critiquent le choix de passer plus de temps à nourrir son profil Facebook qu’à accepter les nombreuses demandes d’entrevues qui lui sont adressées.
Quels seraient les avantages de faire autrement ?
Je me le demande.
Parmi les nombreuses raisons pour lesquelles une personne qui entreprend un parcours en politique privilégie les rencontres avec les journalistes, il y a le besoin de se faire connaître, d’augmenter sa notoriété et aussi, l’avantage de pouvoir susciter l’adhésion du plus grand nombre possible d’électeurs à sa candidature, de manière à recueillir des appuis, des dons en argent, des bénévoles et bien sûr ultimenent, des votes.
Normalement, un politicien débutant doit passer par le filtre journalistique pour se faire valoir auprès de la population. C’est un passage obligé.
Une sorte d’accord tacite intervient alors : le politicien utilise le journaliste pour passer ses messages, mais il doit apprendre à composer avec le filtre des médias. Celui du journaliste et celui de la ligne éditoriale des dirigeants du média.
Le choix des questions appartient au journaliste ainsi que le compte-rendu de l’échange. Souvent, l’emphase mis sur certains éléments de contenu peut dépendre du journaliste, mais il arrive que les patrons influencent son travail pour « mieux servir » le type d’auditoire du média. Le choix de la manchette et le positionnement du reportage qui résultera de l’entrevue revient souvent aux dirigeants du média.
Le politicien accepte la cadre de fonctionnement des médias traditionnels parce que c’est normalement le meilleur – et le plus puissant – moyen de pouvoir porter un message à un grand public. Il n’a pas vraiment le choix…
L’alternative que constitue les médias sociaux est n’est jamais aussi efficace, surtout si on débute sur Facebook en même temps qu’on débute en politique. Se faire connaître par Facebook, Twitter ou YouTube est possible, mais ça prend beaucoup de temps et d’ingéniosité. Le moyen privilégié pour se doter d’une grande quantité de relayeurs est de s’engager dans des conversations, de provoquer des échanges et de développer un point de vue original et pertinent, qui se démarque des autres.
Ce sont là des généralités. De fait, c’est un peu plus complexe, mais pour le besoin de ce que je veux démontrer dans ce billet, ça fera l’affaire.
Je veux simplement souligner le fait que dans le cas de Pierre-Karl Péladeau, ces balises ne sont d’aucune utilité, ou presque.
PKP dispose déjà d’un très grand capital de notoriété. Il n’a pas vraiment besoin de toutes les techniques habituelles pour « se monter » une communauté. Il peut pour le moment passer outre les échanges, les gens veulent simplement connaître son message.
Comme il n’a pas à subir les inconvénients liés à l’utilisation des médias sociaux pour un débutant en politique et que par son propre média – Facebook – il contrôle beaucoup mieux son message, il aurait été fou de ne pas se lancer. C’est ce qu’il a fait. Et il le fait bien.
Le plus drôle étant que les médias de masse n’ont eu d’autres alternatives que de devenir les relayeurs des mêmes messages puisque PKP intéresse tout le monde, à ce moment-ci.
Les dernières publications sur son canal Facebook ont cependant changé la donne. Il semble être passé en mode attaque.
Ceux vers qui sont portés ces messages plus vindicatifs doivent évidemment répliquer et c’est ici que ça devient intéressant. Choisir d’aller répondre à même la page Facebook de PKP aurait pu être intéressant, mais un brin risqué, également. Aussi, les journalistes ne peuvent pas vraiment poser leurs questions sur ce territoire, non-plus.
Quelques-uns ont choisi d’utiliser leurs propres canaux sur des médias sociaux, mais comme si peu de politiciens se sont donnés de bonnes présences Web, très peu peuvent « jouer » sur ce terrain. Le canal Twitter de François Legault et le blogue de Jean-François Lisée sont de ce nombre…
Reste maintenant à savoir comment PKP réagira aux critiques qu’il reçoit sur ce sujet.
Sur Facebook, ses messages passent bien et peuvent bénéficier d’une horde de spécialistes en communication politique. Il pourrait échanger davantage par ce biais, mais il devra faire la démonstration que c’est vraiment lui qui a les mains sur le clavier. Ça pourrait devenir périlleux.
À un moment ou à un autre, il faudra bien qu’il échange. C’est un passage obligé de la joute politique…
Si j’aime beaucoup la façon dont il a maximisé ses gains de communication politique par Facebook, je suis très curieux de voir la suite des choses.
Pierre-Karl Péladeau a eu raison d’aimer Facebook jusqu’à maintenant. C’est un bon choix d’avoir privilégié cette façon de passer son message.
Maintenant que les médias et les adversaires ne veulent plus « jouer le jeu » de PKP, ce sera intéressant de voir comment il réussira à trouver le moyen d’échanger et d’affirmer ses compétences de débatteur.
Facebook ne sera pas toujours aussi utile en mêlée de presse et en commission parlementaire.
La vraie partie – d’un point de vue communication – est sur le point de commencer…
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé