PPP - Trop simple !

Actualité québécoise 2011


L'ex-ministre libérale Monique Jérôme-Forget vient de jeter un nouvel éclairage sur les avantages des partenariats public-privé (PPP) lors de la construction d'ouvrages collectifs. Intéressant, certes, mais tout de même un peu court comme justification d'une formule qui est loin de faire l'unanimité parmi les experts.
Dans l'entrevue qu'elle accordait au Devoir hier matin, la marraine des PPP au Québec affirme que l'on a eu tort de mettre la formule PPP de côté, car elle permet d'éviter la fraude, les extras et autres dépassements de coûts du genre de ceux qui sont expliqués dans le rapport Duchesneau. Elle va plus loin en soutenant que les firmes de génie-conseil ont fait pression sur le gouvernement Charest pour qu'il abandonne la formule des PPP parce qu'«elles savaient qu'avec ça [les PPP], tu ne peux pas frauder». «Pourquoi pensez-vous que toutes les firmes étaient contre moi?», demande-t-elle.
Sorties de la bouche de l'ex-ministre des Finances et présidente du Conseil du trésor d'un gouvernement qui est toujours au pouvoir, ces paroles constituent une grave accusation à l'endroit des firmes de génie-conseil, mais aussi du Conseil des ministres qui aurait succombé aux pressions. On se demande pourquoi.
Voilà une explication au virage négocié par le gouvernement Charest depuis le départ de Mme Jérôme-Forget qui ne correspond certainement pas à l'idée que s'en font les dénonciateurs des PPP pour qui c'est plutôt l'impopularité de la formule, sa complexité, les délais d'exécution et le manque d'assurances quant aux économies possibles qui seraient à l'origine de la décision.
Quoi qu'il en soit, il est vrai qu'encadré par une équipe de fonctionnaires objectifs et très compétents, eux-mêmes à l'abri des pressions de l'industrie, un PPP offre l'avantage de la prévisibilité des coûts de construction d'un ouvrage. De plus, comme le souligne Mme Jérôme-Forget, la cohabitation de plusieurs acteurs trouvant leur intérêt dans le succès financier de l'opération réduit le risque de voir l'un des membres du groupe tirer la couverture de son côté.
Cela dit, même si nous pouvons admettre que le PPP comporte entre autres «avantages» celui de réduire le risque de fraude, facteur dont on ne pouvait pas tenir compte avant d'apprendre que certaines de nos entreprises de construction et de génie étaient aussi corrompues, on ne va quand même pas recycler la formule comme mesure de lutte contre le banditisme dans la construction!
De toute façon, si des entreprises corrompues se comportent entre elles comme des gentlemen, rien ne dit qu'elles ont le même respect pour leur client, le gouvernement du Québec. Et pour parodier la publicité: imaginez pendant trente ans!
Malgré certains chiffres avancés par les défenseurs des PPP, personne, à ce jour, n'a présenté de données concluantes au chapitre de la fiabilité de la gestion et des économies à long terme pour les contribuables. En revanche, ce dont on peut être certain, c'est que l'État demeurera le seul vrai responsable du financement, du bon fonctionnement, voire de la survie même des consortiums créés pour administrer ces grands projets.
En somme, s'il est vrai que le désintérêt du gouvernement Charest pour les PPP est une victoire pour le lobby des firmes de génie, comme le croit Mme Jérôme-Forget, il est loin d'être aussi sûr qu'un retour en force de cette formule serait une victoire pour les contribuables.
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j-rsansfacon@ledevoir.ca


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