CHEFFERIE DU PQ

Premier débat de la course à la direction du PQ : quatre nuances de bleu

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Bastien durement attaqué car sa stratégie défie le dogme référendiste


Ils veulent tous faire du Québec un pays, mais ils ne s'entendent pas pour autant sur la marche à suivre.




Le premier débat de la course à la chefferie du Parti québécois (PQ) a été l'occasion pour les quatre candidats à la succession de Jean-François Lisée de faire valoir leurs meilleurs arguments dans le but de gagner l’adhésion des membres et des sympathisants de la formation politique, qui se choisira un nouveau leader en octobre.


La joute oratoire de mercredi soir réunissait dans un studio de Granby l'historien Frédéric Bastien, le député Sylvain Gaudreault, l'humoriste Guy Nantel et l'avocat Paul St-Pierre Plamondon, qui avait déjà tenté sa chance lors de la course de 2016. Les échanges ont duré environ 90 minutes.


La soirée se déroulait sous le thème « Liberté et Parti québécois » – l’occasion, pour chaque candidat, de mettre de l’avant sa vision d’un Québec indépendant et sa stratégie pour rebâtir la formation politique, qui s'est donné pour mandat l'automne dernier de remettre l'indépendance à l'avant-plan de son action.


Si Paul St-Pierre Plamondon et Sylvain Gaudreault se sont entendus sur la tenue d'un référendum sur l'indépendance dans un premier mandat, le premier a reproché au second d'avoir lancé sa candidature alors que sa position sur le sujet n'était pas encore arrêtée, en novembre 2019.



Si on veut que le pays se réalise, je pense que là, il faut absolument sortir des tactiques, des stratégies et des mille et une manières de tourner autour du pot.


Paul St-Pierre Plamondon


Les deux hommes proposent également de préparer ces référendums différemment si le PQ est élu en 2022 : Paul St-Pierre Plamondon lancerait par exemple une vaste consultation à l'image de la commission Bélanger-Campeau, alors que Sylvain Gaudreault créerait un Secrétariat à la préparation et à la transition vers l'indépendance du Québec.



Guy Nantel a proposé pour sa part de tenir dans les deux premières années d'un premier mandat péquiste un référendum sur la constitution d'un Québec souverain, qui serait suivi d'une déclaration d'indépendance.


Cette démarche s'accompagnerait de gestes de rupture. Il abolirait, par exemple, le serment à la reine des députés, et remplacerait le lieutenant-gouverneur du Québec par un président.


Quant à Frédéric Bastien, il a promis de consacrer son premier mandat à des négociations constitutionnelles avec Ottawa, et de dédier son second mandat à la tenue d'un référendum.


Il faut rouvrir la Constitution, a-t-il répété, notamment pour protéger la loi 21 [la Loi sur la laïcité de l'État, NDLR].



Les fédéraux s'en viennent. Ils vont contester la loi 21. Ils vont utiliser leurs juges, leurs chartes, et ils vont faire une job de bras [sic] à la loi 21, comme ils l'ont fait jadis avec la loi 101.


Frédéric Bastien


Paul St-Pierre Plamondon a toutefois émis des doutes sur l'obligation légale pour Ottawa de devoir négocier si le Québec demandait la réouverture de la Constitution canadienne, comme évoqué par M. Bastien.



Guy Nantel a également émis de sévères réserves à ce sujet, allant même jusqu'à dire que M. Bastien n'aurait, le cas échéant, aucune crédibilité face à Ottawa.


Tu vas avoir l'air d'un poulet qui négocie avec le colonel Sanders, a lancé l'humoriste. Ça n'a aucune crédibilité : tu le dis d'avance que tu ne signeras rien avec eux autres!


Des échanges vigoureux


Même si les quatre candidats sont issus de la même formation politique, le ton a parfois monté pendant le débat. Et ironiquement, c'est lorsqu'il a été question de la réputation de chicaniers des péquistes que les discussions ont été les plus incisives.


Guy Nantel a attaqué durement Sylvain Gaudreault, en laissant entendre que son adversaire n'avait pas l'autorité d'un chef et qu'il était encore inconnu du grand public après presque 15 ans de parlementarisme.


Le député de Jonquière a quant à lui accusé l'humoriste, néophyte en politique, de ne pas participer aux instances du Parti québécois, ce qui selon lui envoie un message de démobilisation. Il lui a aussi reproché d'avoir insinué que la formation avait abandonné l'article 1 de son programme politique sur l'accession à l'indépendance.


Par ailleurs, les quatre candidats ont vigoureusement rejeté la possibilité de tendre la main à Québec solidaire en vue d'une convergence en 2022 – une expérience tentée par le PQ de Jean-François Lisée, qui s'était soldée par un échec au printemps 2017.


Un nouveau chef dans deux mois


Deux autres débats seront organisés le mois prochain : celui du 8 septembre portera sur l’équité et la justice, tandis que celui du 22 septembre sera l’occasion pour les candidats de débattre de nationalisme, de protection de l’environnement et de territoire.


Tout comme celui de mercredi, les deux débats de septembre se dérouleront – pandémie oblige – en l'absence de public, et seront animés par l’ex-présidente du parti Gabrielle Lemieux, qui a cédé sa place l'an dernier à Dieudonné Ella Oyono.


Les membres et les sympathisants du parti choisiront leur futur chef par Internet et par téléphone entre le 5 et le 9 octobre prochain. Le nom du gagnant sera connu à l’issue de la dernière journée du scrutin.


Entre-temps, le député de Matane, Pascal Bérubé, continuera d’assurer l’intérim.


La direction du PQ est vacante depuis la démission de Jean-François Lisée le soir du scrutin de 2018, lequel a relégué le parti au statut de deuxième opposition à l’Assemblée nationale. Le départ de la députée Catherine Fournier, six mois plus tard, a fait glisser la formation au rang de troisième groupe d’opposition, derrière Québec solidaire.


Le vainqueur de la course deviendra le dixième chef de l’histoire du Parti québécois.




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