Stupeur au Bloc et au PQ

PQ - leadership en jeu - la tourmente


Hugo de Grandpré et Denis Lessard - La stupéfaction régnait hier au sein des troupes souverainistes du Bloc et du PQ, au lendemain d’une déclaration-choc d’André Boisclair durant une entrevue à Radio-Canada.
Les propos de M. Boisclair à l’endroit de Gilles Duceppe ont été presque unanimement dénoncés par ses pairs comme une attaque déplacée et ne reposant sur aucun fait réel.
«Je ne vois pas de fondement à ces affirmations, a déclaré M. Duceppe en entrevue à TVA en fin de journée, hier. Je sais que, d’autre part, André Boisclair vit beaucoup de pression… Mais je ne sais comment l’expliquer. Moi, je ne me reconnais pas dans ça, pas du tout.»
Le chef bloquiste reprenait essentiellement les mêmes propos que ceux publiés dans La Presse hier, se disant «estomaqué devant ces accusations totalement injustifiées».
M. Duceppe savait qu’une déclaration semblable se profilait à l’horizon. Jeudi, un proche de M. Boisclair a téléphoné à Ottawa pour exprimer le mécontentement de ce dernier au sujet de rumeurs concernant de possibles tractations de coulisses de Gilles Duceppe.
Les craintes à l’égard d’une sortie publique des péquistes auraient immédiatement été communiquées au chef du Bloc. «Mais franchement, jamais on n’aurait pensé qu’elle serait aussi violente», a confié une source dans son entourage immédiat.
«C’est complètement farfelu, a poursuivi ce haut gradé du parti. Il n’y a personne, il n’y a pas un journaliste qui serait capable de valider les informations que Boisclair a annoncées hier.»
Au cours d’une entrevue accordée à la SRC dans le cadre de l’émission Les coulisses du pouvoir, André Boisclair a invité Gilles Duceppe à se concentrer sur son travail plutôt qu’à rêver de devenir chef du PQ. «Si M. Duceppe est prêt à porter l’habit – on dit qu’il se couche le soir avec l’habit de chef du Parti québécois –, quelles sont les conséquences pour le mouvement souverainiste?» a-t-il demandé au journaliste.
Rebuffade
Militants péquistes et bloquistes paraissaient ébranlés par cette sortie. Rita Dionne-Marsolais, députée péquiste de Rosemont, l’a qualifiée de déplacée. À son avis, rien ne justifie cette accusation à l’endroit du chef bloquiste. «Je suis catégorique, je n’ai pas eu connaissance de démarches de qui que ce soit venues du Bloc québécois», a-t-elle assuré.
Le député péquiste de Labelle, Sylvain Pagé, trouve quant à lui l’attaque «surprenante et décevante». «On se demande comment on peut en être rendu là, ce n’est pas très bon pour le mouvement souverainiste», a souligné le député.
Un président régional, partisan d’André Boisclair, a confié sous le couvert de l’anonymat que ces propos l’avaient plongé dans une «réflexion». «Je suis contre le fait de laver notre linge sale en public, et ce que M. Boisclair a fait hier est malsain pour le mouvement souverainiste», a-t-il dit.
Mathieu Jeanneau, président du Comité des jeunes du PQ, soutient qu’il y a lieu d’être «déçu». «M. Boisclair va un peu loin dans ses accusations. Gilles Duceppe a toujours été un allié du PQ durant la campagne électorale. Maintes fois il s’est fait demander son opinion sur le cours des choses à Québec et il a toujours été solidaire», observe le jeune péquiste.
Yves Michaud, militant souverainiste de longue date, ouvertement opposé au leadership d’André Boisclair, y est allé d’une charge en règle contre ses déclarations. «J’ai trouvé cela enfantin et de peu de convictions. Il n’apporte pas de preuves. Il n’apporte rien en disant : «j’ai des noms de ceux qui conspirent». Qu’il les donne, les noms!» M. Michaud réclame la tenue d’un vote de confiance dès l’automne.
Lisette Lapointe s’est pour sa part portée à la défense de M. Boisclair. «J’appuie notre chef. Je pense que quand on est dans une situation difficile, on ne jette pas tout par-dessus bord. Au contraire, a déclaré la députée de Crémazie. c’était une entrevue très franche, très claire, où il s’est affirmé de nouveau comme souverainiste.»
Congrès
Malgré cet appui, M. Boisclair ne semble pas être au bout de ses peines. Hier, les exécutifs des 11 circonscriptions de la région de Québec ont voté en faveur d’un congrès au printemps 2008 pour soumettre le chef à un vote de confiance.
L’exécutif du PQ propose plutôt de tenir l’assemblée à l’automne 2008. Les exécutifs de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine ont déjà demandé de devancer le congrès.
En marge de l’événement, Rosaire Bertrand, député de Charlevoix et inconditionnel d’André Boisclair, a lancé un appel au calme. Il a dit espérer qu’avec tous les collègues députés, «on va pouvoir se ressaisir» pour la réunion du caucus, mardi.
Or, un député péquiste a confié sous le couvert de l’anonymat que cette attaque d’André Boisclair ne passerait pas la rampe chez les élus, qui se sont téléphoné pendant toute la journée d’hier. Des députés influents comme François Gendron, François Legault et Louise Harel envisagent de soulever de nouveau la question du leadership au PQ lors du prochain caucus. Certains envisagent des déclarations publiques après cette rencontre.


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