Avec la conflagration imminente à Ottawa et la guerre de tranchées qui oppose Gérald Tremblay et Louise Harel, la session qui reprend aujourd'hui à l'Assemblée nationale risque de paraître bien terne.
Normalement, un gouvernement aux prises avec une récession mondiale connaît une chute brutale dans l'opinion publique. Pourtant, ni les pertes d'emplois, ni les résultats désastreux de la Caisse de dépôt, ni le retour à un budget déficitaire n'ont eu un impact mesurable sur la cote du gouvernement Charest.
Alors que les problèmes d'éthique à l'Hôtel de Ville pourraient compromettre la réélection du maire Tremblay, les tribulations de Philippe Couillard, de David Whissell et de Jean d'Amour, sans oublier la rémunération secrète de M. Charest lui-même, n'ont pas davantage laissé de traces dans les sondages. Au contraire, la satisfaction à l'endroit du gouvernement et du premier ministre lui-même n'a cessé d'augmenter.
Maintenant que l'économie commence à donner des signes plus encourageants et que M. Charest a décidé de resserrer les directives imposées aux membres de son cabinet, on voit mal ce qui pourrait provoquer un revirement significatif de l'opinion au cours de l'automne.
Pour le contribuable, il était facile de comprendre que les pertes enregistrées par la Caisse de dépôt risquaient de se traduire par des augmentations de tarifs. Il est plus difficile de se sentir directement concerné par le débat sur le projet de loi 40 visant à suspendre temporairement la loi antidéficit.
Même si l'opposition a raison d'y voir un chèque en blanc signé au gouvernement, l'imposition du bâillon pour forcer l'adoption ne créera pas un grand émoi en dehors des murs de l'Assemblée nationale.
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La multiplication des manquements à l'éthique aux différents niveaux de gouvernement a sans doute irrité la population, mais qui se soucie de savoir si l'Assemblée devrait adopter un code d'éthique avant la nomination d'un commissaire plutôt que l'inverse?
Le PQ enfonce une porte ouverte en réclamant que M. Whissell démissionne aussi comme député. Comme il ne peut pas entretenir le moindre espoir de retourner au Conseil des ministres, il n'a manifestement pas l'intention de s'éterniser bien longtemps sur les banquettes arrière.
En attendant de connaître les résultats de l'enquête du commissaire au lobbyisme sur les activités de Jean d'Amour, l'opposition devrait peut-être se pencher sur le cas du ministre de la Santé, Yves Bolduc, qui possède des intérêts dans une polyclinique.
M. Charest ne semble y voir aucun problème, mais que dirait-on si la ministre de l'Éducation exploitait une école privée? Qui sait, au train où M. Bolduc multiplie les gaffes, le premier ministre trouvera peut-être opportun de lui offrir le même choix qu'à M. Whissell, en espérant qu'il préfère la clinique à la limousine.
Une session pépère à Québec ne serait certainement pas pour déplaire à M. Charest. D'ailleurs, pour la plupart des gouvernements, les débats parlementaires constituent une perte de temps. Pour annoncer un plan de lutte contre le décrochage ou la création de nouvelles escouades policières pour débusquer les criminels en cravate, il est nettement préférable d'être seul sur la scène.
Les parlements sont faits d'abord et avant tout pour permettre à l'opposition de s'exprimer. Encore faut-il savoir en tirer parti. Selon le dernier sondage Léger Marketing-Le Devoir, 63 % des Québécois sont insatisfaits du travail de Pauline Marois. Même si le poste de chef de l'opposition est particulièrement ingrat, il est anormal qu'elle ne tire pas mieux son épingle du jeu face à un gouvernement qui en est à son troisième mandat.
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Encore une fois, Mme Marois devra consacrer une bonne partie de son énergie à la gestion des affaires internes de son parti. Lors de la Conférence des président(e)s de juin dernier, il a été résolu qu'un «plan d'action pour mettre en marche le Plan pour un Québec souverain» soit présenté au conseil national de l'automne. Au PQ, c'est le genre d'exercice qu'il faut préparer avec soin.
Un nouveau livre de Jacques Parizeau est attendu en novembre. Cette perspective a de quoi inquiéter n'importe qui. Même involontairement, il a le don de soulever des débats embêtants. Dans son précédent ouvrage, paru en 1997, il avait sérieusement perturbé la campagne du Bloc québécois en laissant entendre qu'une victoire du oui en 1995 aurait pu donner lieu à une déclaration unilatérale d'indépendance.
La bonne nouvelle pour Mme Marois est que l'ADQ devrait bientôt achever son autodestruction. Plusieurs doutaient qu'elle puisse survivre bien longtemps au départ de Mario Dumont, mais personne n'avait prévu que la course à sa succession prendrait une tournure aussi loufoque.
Peu importe maintenant qui sera élu chef le 18 octobre. Après le débat ridicule des derniers jours à propos du curriculum vitæ d'Éric Caire, aucun des trois candidats en lice ne sera en mesure d'assurer la crédibilité et l'unité de ce qui restera de ce parti. La seule question est de savoir comment se fera le partage des dépouilles.
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mdavid@ledevoir.com
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