Tintin au G-20

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Le Canada vu comme un pays de clown


Parti avec son parapluie et sa Sophie sous l’œil des caméras du Canada, Justin Trudeau s’est retrouvé bien seul autour de la table des grands de ce monde.   


Personne pour chanter Ô Happy days... Personne pour un selfie. Personne à qui montrer ses bas...   


Trump se fout du Valseur Aquascutum. Poutine l’ignore royalement et Xi, le king pin des Chinois, s’en tamponne. En fait, Trudeau compte beaucoup plus à Radio-Canada.   


Il fallait le voir au Japon, ces jours-ci, le Réparateur de l’Histoire, pivotant sur sa chaise, faisant la toupie entre la Chine et le Brésil, un regard à gauche, un regard à droite, cherchant une main ou une oreille.   


Pour parler de droits de l’homme? Des génocides? De canola? De porc ou d'avortement? Avec lui, tout est possible, pas vrai?  


On imagine que tout ceux à qui il a fait la leçon au fil des ans n'en n'ont plus rien à foutre des sermons préécrits de l'Enfant de la fiducie.  


Vue d’ici, la scène suscitait un vrai malaise, presque de la pitié; Justin Trudeau est peut-être le premier PM à nourrir la compassion pour lui-même.  


On est loin du pétage de bretelles auquel donnait écho avec bonheur la Canadian Broadcast Corporation en 2015.   


«Canada is back», clamait le Feu follet libéral...   



Cda G20 20190626

Photo Agence QMI, Mario Beauregard




 Ah! C'est que pour pelleter des nuages, aligner les phrases creuses et multiplier les évidences, il y a un certain talent.   


Pour le reste et le business, on voit bien que ce n’est pas son rayon.   


Ça devient impossible à dissimuler, le dernier G-20 en est la preuve. Qui aurait imaginé le Canada à ce point rapetissé, son influence anéantie par les bons sentiments...  


Alors, même s’ils profitent d’un avantage médiatique de moins en moins discret, les libéraux de Trudeau vont probablement perdre les prochaines élections.   


Ce ne sera pas faute d’avoir tout tenté, y compris l’épandage de millions aux médias et aux mégalomaires.    


Mais, malheureusement pour tout ce beau monde superbement intelligent, il y a la fatalité: Trudeau exaspère, même les fédéralistes finis désespèrent de ne plus pouvoir le voir autrement que sous son vrai jour. L'acteur d'un spectacle qu'on ne regarde plus, sauf au Québec où les multiculturalistes en embuscade espèrent la réélection de Trudeau...  


Y en a marre de l'enthousiasme feint, de la compassion passe-partout et du coquelicot utilitaire. Ce vieil ado millionnaire se rejoue le 11 novembre presque tous les jours...   



Cda G20 20190626

AFP




On n’ose pas dire de quoi il avait l’air devant Trump, il y a quelques jours. Cette étrange poignée de mains, le sourire pincé... Mais cette parade n’a finalement rien donné à Osaka; Trump a vite oublié ce qu'avait demandé gentiment son élégant voisin...   


Et puis, bien sûr, il y a le fric. La dépense à gogo. Le budget théorique. Les milliards empruntés sans discontinuer. Une insouciance qui ne se dément pas.   


Évidemment, le déficit fédéral expliqué par les travailleurs fédéraux de l’information n’incite pas à l’insomnie.  


Aux heures de grande écoute, on prend la baloune de la dette, on l’aligne à côté du ballon du PIB et on compare bien vite pour établir un pourcentage à tartiner sur toutes les conversations. Pas de souci, surtout dans un premier mandat...   


Mais le peuple taxable n’est pas dupe. Il se dit que ça ne pourra pas durer et qu’un jour ou l’autre, on se tournera vers lui pour en redemander...   


Les récents sondages indiquent d’ailleurs une éventuelle défaite du Liberal Party. Mais ce qu’on appelle encore des nouvelles donnent souvent l’impression du contraire.   



Cda G20 20190626

Photo Fotolia




On a eu un bel exemple lors d’un récent sondage donnant les conservateurs largement en avance sur les libéraux...   


La «nouvelle», publiée en anglais et en français, au Canada comme au Québec, soulignait d'abord que les libéraux semblaient reprendre du poil de la bête et posait ensuite une question théorique impliquant une distorsion de la réalité.  


On demandait aux gens si, après les élections du 21 octobre prochain, ils préfèreraient un gouvernement libéral ou un gouvernement conservateur.   


Dans ce scénario totalement abstrait, où les autres partis n’existeraient plus, les libéraux étaient donnés gagnants! Ainsi parvient-on parfois à indiquer au lecteur distrait ce qu'il faut faire pour gagner ses élections...   


Pourtant, le même sondage indiquait que «les Canadiens sont plus inquiets de la perspective d’un nouveau mandat de quatre ans des libéraux que par le retour au pouvoir des conservateurs»...   


Les contrôleurs aériens de l'opinion publique n'ont donc pas insisté plus qu'il ne faut sur la piètre performance de Tintin au G-20...