(Québec) Sans tambour ni trompette jusqu'à présent, le gouvernement Marois a posé ses premiers jalons dans l'espoir d'arracher du gouvernement canadien les budgets fédéraux en matière de culture et de communications.
Il réclame au bas mot le transfert à Québec de plusieurs dizaines de millions de dollars par année. Le ministre québécois de la Culture et des Communications, Maka Kotto, a déjà évoqué le chiffre de 300 millions $ annuellement.
Ces dernières semaines, le gouvernement du Parti québécois a fait officiellement part de ses revendications à deux reprises à Ottawa, a appris Le Soleil.
Le 6 juin, le ministre Maka Kotto a écrit à son homologue fédéral d'alors, le ministre du Patrimoine canadien, James Moore. La missive était accompagnée d'une annexe intitulée «Les principaux paramètres d'un cadre de négociations en vue de la conclusion d'une entente de transfert».
Remaniement ministériel fédéral oblige, le ministre Kotto a réécrit le mois dernier à l'élue conservatrice ayant succédé à M. Moore, Shelly Glover.
Il s'agit des premiers gestes concrets du gouvernement du Parti québécois sur ce front depuis son arrivée au pouvoir, le 4 septembre. Lors de la formation de son conseil des ministres, fin septembre, Pauline Marois avait expressément confié à Maka Kotto le mandat de «rapatrier les pouvoirs et les budgets fédéraux en matière de culture et de communications». «Faites en sorte que nous redevenions maîtres chez nous en matière de culture!» avait-elle déclaré, solennelle.
Aucune réponse n'est encore parvenue d'Ottawa à Québec. Maka Kotto et Shelly Glover devraient toutefois se rencontrer pour une seconde fois d'ici peu. Ils pourraient lancer plus officiellement la discussion, dit-on; à moins que le gouvernement canadien considère encore cette avenue comme une impasse - ce qui a toujours été le cas dans l'histoire.
«Dédoublements»
Le gouvernement Marois ne réclame pas l'ensemble des sommes dépensées au Québec par les organismes évoluant dans l'orbite du ministère du Patrimoine canadien ou par le Ministère lui-même. Mais, plus spécifiquement, celles dédiées aux sphères culturelles et de communication à proprement parler.
Autrement dit, pas celles investies dans un projet comme le réaménagement de la côte Gilmour, à Québec, mais celles que gèrent le Conseil des arts du Canada ou Téléfilm Canada, par exemple.
«On est loin d'un transfert avec un chèque, mais il y a du travail qui commence», a assuré une personne au fait du dossier.
La nouvelle directrice de cabinet de Maka Kotto, Shirley Bishop, a refusé de préciser les paramètres des discussions souhaitées par son patron. Elle a cependant soutenu qu'il existe «des incohérences, des chevauchements et des dédoublements» à éliminer.
Historique
Cette revendication phare du gouvernement Marois pourrait s'inscrire dans la «gouvernance souverainiste». Elle relève tout de même d'une demande historique du Québec.
Elle a été un cheval de bataille du gouvernement libéral de Robert Bourassa dans les années 70.
C'était l'époque de l'«autonomie culturelle».
À l'occasion des élections fédérales de 2008, le gouvernement de Jean Charest avait demandé aux partis politiques canadiens de s'engager à négocier un accord sur la gestion des investissements fédéraux en culture. Il réclamait la «maîtrise d'oeuvre» en la matière.
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