Le 30 mars dernier près d’une centaine de membres des comités de francisation de la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ) ont fait le point sur l'état d'avancement du français dans les milieux de travail à l'occasion d’une rencontre annuelle ayant pour thème Moi, je milite pour le français.
À l’occasion de conférences, plénières et ateliers durant cette journée présidée par le secrétaire général de la FTQ, M. René Roy, des participants ont tour à tour témoigné des avancées, mais également de certains reculs, des efforts de francisation dans leurs milieux de travail respectifs.
Louise Beaudoin, ex-ministre responsable de la Charte de la langue française, des relations internationales, des relations intergouvernementales, de la francophonie, de la culture et des communications a dressé un état des lieux sur la situation du français trente ans après l’adoption de la Charte de la langue française.
Un 30e anniversaire marquant pour le Québec
L’année 2007 marque le 30e anniversaire de l’adoption de la Charte de la langue française. Cette loi, qui répondait aux attentes des travailleurs et des travailleuses fut saluée par la FTQ en 1977. L’un de ses objectifs était de faire du français la langue du travail. La Loi donnait, notamment, aux travailleurs et aux travailleuses des mécanismes pour réaliser la francisation de leur milieu de travail et pour défendre leur droit de travailler en français.
Au cours des trente dernières années, la francisation a fait de réels progrès mais les coupures successives des derniers gouvernements n'ont cessé de réduire les budgets de l’Office québécois de la langue française (OQLF), mettant ainsi en péril les acquis du passé. Bien que des progrès importants aient été faits, la situation reste inégale d’une entreprise à l’autre. La bataille est loin d’être gagnée.
«Les comités de francisation doivent pouvoir compter sur l’appui du gouvernement pour réussir leur mission. Nous demandons au gouvernement qu’il réitère, après 30 ans, sa position en faveur de la francisation du Québec. Nous sommes conscients que la défense et la promotion du français ne peuvent se faire sans la participation active des travailleuses et des travailleurs, mais pour cela il faut également qu'il y ait une véritable volonté politique de défendre le français au Québec », a déclaré le secrétaire général de la FTQ, M. René Roy.
Louise Beaudoin, sous les applaudissements des participants, s’est interrogée sur la possibilité que l’Office de la langue française impose de vrais critères, des normes de francisation et des tests aux entreprises. «Est-ce que ce serait contre la loi? », a-t-elle questionné, profitant de la présence dans la salle de Mme Hélène Binette, de la Direction de la francisation et du traitement des plaintes à l’Office québécois de la langue française.
L’ex-ministre Louise Beaudoin, aujourd’hui professeure à l’UQAM, a profité de cette rencontre pour livrer un exposé sur l’état des lieux du français dans le monde et ici même au Québec. «C’est le Québec et les travailleurs québécois, particulièrement de la FTQ, qui donnent l’exemple partout dans le monde sur la francisation des milieux de travail et des entreprises », fait valoir Mme Beaudoin, citant l’exemple d’une entreprise américaine installée aux Yvelines, en France, où les travailleurs aux prises avec des manuels et un environnement de travail anglais ont exigé la francisation de leur milieu de travail.
Aucun mot sur la culture ou la langue en 33 jours de campagne électorale
Rappelant que les Catalans avaient importé mot pour mot la loi 101, Louise Beaudoin y voit la démonstration, notamment avec le développement de Barcelone, qu’on peut être à la fois prospères et modernes dans notre langue. Mais elle évoque également des motifs d’inquiétude, dont celui du taux d’attraction.
«Il y a encore 54 % de transfert linguistique de la langue d’usage des personnes immigrantes (celle parlée à la maison) vers l’anglais », s’inquiète-t-elle, tout en s’étonnant que «pendant une campagne électorale de 33 jours, on n’ait pas parlé de la langue ou de la culture ».
Pour Louise Beaudoin, la langue française devrait être le ciment civique du Québec, le vecteur de la cohésion sociale, sans quoi on tombe dans le folklore et la fossilisation, une allusion à peine voilée à la situation de certaines régions évoquée par des participants à cette journée FTQ des comités de francisation.
Le français comme langue internationale
La professeure de l’UQAM a dit souhaiter que l’enjeu de la diversité linguistique et culturelle devienne aussi important que celui de l’environnement, de Kyoto. «Il y a une relation entre vivre en français au Québec et le français comme langue internationale. Quand on défend le français, on défend toutes les langues », a conclu Louise Beaudoin.
Source: FTQ
L'aut'courriel n° 226, 2 avril 2007
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