Triomphe du Brexit aux législatives : rule, Britannia !

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« Il aura donc fallu près de quatre ans pour que la démocratie respecte la voix du suffrage universel. »

Avec 365 députés et quarante-neuf sièges de plus que la majorité absolue à la Chambre des Communes, le premier ministre Boris Jonhson gagne son pari au delà de toute espérance. Avec 162 élus de plus que le parti travailliste, qui en perd 59, il renvoie Jérémy Corbyn dans les cordes par un KO debout. Plus aucune entrave institutionnelle ne pourra donc empêcher le gouvernement de sa Gracieuse Majesté d’appliquer le Brexit approuvé par 51,9% de l’électorat lors du référendum du 23 juin 2016. Le 31 janvier 2020 : exit Britain ! Il aura donc fallu près de quatre ans pour que la démocratie respecte la voix du suffrage universel. Symptôme.


Une fois de plus dans l’histoire, le peuple britannique donne l’exemple de l’honneur en ne se laissant pas dicter sa conduite. Nombreuses étaient les officines aux ordres du lobby bruxellois, et encore plus nombreux les propagandistes de la globalisation heureuse, à expliquer que le référendum avait été truqué par une campagne de fakenews. Alcooliques, dégénérés, tarés, voire consanguins et pédophiles, « les Anglais » prouvaient une fois de plus qu’il ne faut pas consulter le peuple sur les questions qui le dépassent. Si on laisse faire la populace, c’est le triomphe du populisme !


On se souvient justement des atermoiements et des gorges chaudes de la bien-pensance européiste dénonçant l’intox des partis populistes et les manipulations des souverainistes détournant les masses égarées vers la haine de l’autre et le repli sur soi. Douter du génie européen en justifiant le Brexit revenait à s’aligner sur les thèses du néofascisme orbanien, salvinien et lepéniste. Combien d’éditorialistes de la gauche sociale démocrate financière et de la droite néolibérale atlantiste, jadis confidents de Dominique Strauss-Kahn, aujourd’hui visiteurs du soir d’Emmanuel Macron, ne nous avaient-ils pas prédit un sursaut du Royaume-Uni lorsque la vérité sur le Brexit serait clairement dite aux électeurs.


Ce qui fut d’ailleurs fait, de haut en bas, en long et en large, du matin au soir et sur tous les tons par la cohorte des penseurs, des artistes, des intellectuels, des sociologues, des politiciens, des poètes et des médias anti-Brexit durant les 24 mois de débat parlementaire durant lesquels Theresa May tenta d’obtenir un vote du parlement pour entériner une sortie de l’Union européenne. Que n’a-t-on entendu comme litanies et anathèmes sur le Brexit durant cette période où l’élite du politiquement correct voyait le délire brexiter bientôt enterré. Le Royaume-Uni allait forcément revenir à la raison et ceux qui, en France, en profitaient pour stigmatiser la doxa bruxelloise allaient enfin manger leur indigeste chapeau. Mais c’était compter sans les obstinations de ce salopard de réel, celui qui s’accroche aux faits.


Parfaitement informés, totalement éclairés, mais plus abrutis que jamais, « les Anglais » se sont donc enfoncés un peu plus dans le délire et l’hérésie puisqu’il ne peut y avoir ni salut, ni démocratie, hors des traités européens, comme se plaisait à le marteler, pour mieux saigner le peuple grec, l’ancien et jovial président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker. La sanction des urnes, pour le coup encore un plus suspectes, est donc tombée un 12 décembre 2019.


L’événement fera date, voire plus, car les leçons à tirer impliquent des conséquences politiques majeures dans la façon de traiter les peuples et de gérer les opinions. A moins de réduire les marges du suffrage universel, l’Empire bruxellois aura du mal à contre-attaquer. Fini le coup du Traité de Lisbonne pour effacer le choix du peuple français en mai 2005. Héroïque, la Grande-Bretagne a donné le La de la révolte démocratique avec un flegme dont nos sociétés éprouvées devraient s’inspirer. Ce qui est sûr c’est qu’à partir du 31 janvier 2020, l’Union européenne devra se remettre sérieusement en cause ou se disloquer. Comme l’avait dit Winston Churchill au soir de la victoire remportée à El Alamein, par le général Montgomery, le 10 novembre 1942 : « Ceci n’est pas la fin, ce n’est même pas le commencement de la fin, mais c’est peut-être la fin du commencement ». Rule, Britannia !