La ministre de l’Immigration, Kathleen Weil, rappelle que Québec «cherche un capital humain de qualité pour combler nos besoins à court, moyen et long termes [avec des immigrants] qui sont scolarisés, qui sont jeunes, qui parlent français».
Photo : Jacques Nadeau - Le Devoir
Robert Dutrisac - Québec — Appelée à fixer les nouveaux seuils d'immigration pour les années 2011-2013, Kathleen Weil juge de façon «positive» l'afflux record d'immigrants au Québec malgré leurs difficultés sur le marché du travail.
L'an dernier, le Québec a accueilli 54 000 immigrants, un sommet depuis 1971. C'est une hausse «positive», a livré au Devoir la ministre de l'Immigration et des Communautés culturelles. Kathleen Weil cite l'exemple du reste du Canada où encore davantage d'immigrants, toutes proportions gardées, se sont installés, soit 280 000 pour l'ensemble canadien. S'il arrivait autant d'immigrants au Québec que dans le reste du Canada, c'est 68 000 personnes par an qui viendraient grossir la population québécoise.
«C'est une mouvance, a fait valoir Kathleen Weil. On est en Amérique du Nord. C'est ça notre réalité, on n'est pas l'Europe.»
Un grand coup
Dans son plan triennal de 2008, le gouvernement Charest a donné un grand coup en haussant de 43 000 à 55 000 le nombre annuel d'immigrants que planifiait d'accueillir le Québec entre 2008 et 2010. À la suite d'une consultation publique qui aura lieu en commission parlementaire en mai ou en juin, Kathleen Weil devra établir de nouveaux objectifs pour la période 2011-2013. À cet effet, son ministère prépare trois scénarios: un scénario de réduction, un scénario de stabilisation et un scénario de croissance. En 2008, sa prédécesseure, Yolande James, avait opté pour le scénario de croissance. Kathleen Weil ne veut rien dévoiler des seuils d'immigration qui seront à l'étude. Mais il est clair en l'entendant parler que le scénario de réduction est écarté.
«Le Québec a besoin d'immigrants», a soutenu la ministre. Jean Charest en parlait dans son discours inaugural: il faut «faire du Québec un pôle d'attraction mondial pour la main-d'oeuvre qualifiée», a-t-elle rappelé. «On cherche un capital humain de qualité pour combler nos besoins à court, moyen et long termes [avec des immigrants] qui sont scolarisés, qui sont jeunes, qui parlent français.»
«Le Québec n'est pas une société fermée. C'est une société ouverte au pluralisme», a fait valoir la ministre. «C'est toute la société qui est en train de prendre conscience qu'il y a quelque chose à aller chercher dans cette diversité», estime-t-elle, en citant les témoignages du Conseil du patronat du Québec, de la Fédération des chambres de commerce du Québec et du Conference Board.
Le gouvernement s'attend à ce que 15 % des 740 000 emplois qui doivent être comblés d'ici 2014 le soient par des immigrants. Le Québec sélectionne une partie de ses immigrants: 15 000 d'entre eux sont choisis pour leurs compétences professionnelles, soit près de 35 000 personnes au total, si on ajoute leurs conjoints et enfants. De ces 15 000 immigrants dits «économiques», la moitié se déniche un emploi dans les trois mois suivant son arrivée et 90 % travaillent après cinq ans, a signalé Mme Weil.
Des difficultés
Certaines études montrent que nombre d'immigrants au Québec, particulièrement ceux qui proviennent d'Afrique du Nord, éprouvent des difficultés à intégrer le marché du travail. Le taux de chômage a reculé de 1,2 % en 2010, une première depuis quelques années, a signalé la ministre. Il se situe tout de même à 12,5 %, contre 7,9 % pour l'ensemble de la population.
L'immigration contribue au «dynamisme démographique», selon l'expression employée par Mme Weil, d'abord en augmentant la taille de la population, cela va de soi, et en haussant le nombre de personnes en âge de travailler. La ministre reconnaît toutefois que l'effet de l'immigration sur la pyramide d'âges de la population est marginal.
Dans leur livre Le Remède imaginaire. Pourquoi l'immigration ne sauvera pas le Québec, Benoît Dubreuil et Guillaume Marois soutiennent qu'un niveau élevé d'immigration ne contribue pas à la croissance du produit intérieur brut par habitant au Québec et qu'il a «un effet modestement négatif sur les finances publiques». Au cabinet de la ministre, on a indiqué que le gouvernement ne pouvait s'appuyer sur aucune étude traitant de ces questions.
De son côté, le vérificateur général du Québec constatait, dans son rapport 2010-2011, que le ministère, qui n'utilise pas d'indicateurs socioéconomiques pour bien cerner la capacité réelle du Québec à intégrer en emploi les nouveaux arrivants, ne peut s'assurer que la société peut soutenir les hausses progressives des volumes d'immigration.
Immigration
Un afflux record bien accueilli par Québec
Le gouvernement s'attend à ce que 15 % des emplois qui seront à pourvoir d'ici 2014 le soient par des immigrants
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