Dans une lettre incroyable envoyée au Devoir le président de la CSN, Jacques Létourneau, défend ouvertement l’immigration massive imposée par les gouvernements libéraux.
Ce faisant, il reprend les pires clichés immigrationnistes des lobbys patronaux et des forces fédéralistes. Au lieu de dénoncer la pression migratoire et ses effets pervers sur les travailleurs du Québec – pression sur les salaires, fragmentation de la solidarité syndicale, baisse des conditions de travail – il joue le jeu de la moraline compassionnelle sur le thème de la lutte à « la peur de l’autre », à « l’intolérance » et à « la haine ».
Extrait:
Bien sûr, nous croyons que nous devons écouter et chercher à comprendre celles et ceux qui ont peur. C’est possible en répudiant et en dénonçant celles et ceux qui attisent cette peur de l’autre. Nous devons lutter contre la montée de ce racisme identitaire fait de rejets, de repli sur soi et d’hostilité.
Le mouvement syndical a la responsabilité de contrer vigoureusement la croissance marquée de la haine et de l’intolérance.
Cette rhétorique est consternante.
La remise en question de l’immigration massive que subissent les Québécois ne constitue pas de la haine, de l’intolérance ou de la peur. C’est un constat lucide sur une politique migratoire délirante de la part de deux gouvernements – provincial et fédéral – profondément hostiles aux intérêts des travailleurs québécois.
Au lieu de dénoncer les coûts réels de l’immigration pour la société québécoise – environ 4 milliards de dollars par année – et l’instrumentalisation patronale de l’immigration massive pour faire venir une main d’oeuvre à bas coût sur le territoire national, M. Létourneau préfère reprendre quasiment mot pour mot les propos de ce grand défenseur des ouvriers québécois qu’est Philippe Couillard.
Quand la gauche syndicale comprendra-t-elle qu’en défendant l’immigration massive voulue par le grand patronat – dont les intérêts diffèrent des PME québécoises – elle devient l’allié objectif des forces néo-libérales qui cherchent à en finir avec le modèle social québécois afin d’américaniser pour de bon notre société ?
L’inversion accusatoire
Plus loin, M. Létourneau continue:
Nous devons éviter la tentation de banaliser l’essor des mouvements néonazis et de suprématie blanche enhardis par l’ascension d’un populiste de droite à la présidence de la Maison-Blanche. D’ailleurs, des effets collatéraux de cette radicalisation se font déjà sentir au Québec. Comment comprendre que des groupes islamophobes manifestent dans les rues de notre capitale à quelques mois seulement de la tuerie à la grande mosquée de Québec ?
Pardon ?
Alors que l’extrême gauche québécoise souhaite empêcher l’exercice du droit démocratique des citoyens à manifester publiquement dans l’ordre et que des milices anarcho-bolcheviques frappent et attaquent brutalement des citoyens pacifiques – parfois même des gens de leur propre camp – M. Létourneau a le culot de culpabiliser la remise en question de l’immigraiton massive voulue par le patronat fédéraliste ?
Au lieu de dénoncer la montée fantasmatique d’une extrême-droite québécoise imaginaire en raison de l’élection du président américain, M. Létourneau devrait plutôt dénoncer la réelle violence politique émanant de l’extrême-gauche québécoise.
Sortir de la prison mentale immigrationniste
La politique d’immigration massive mise de l’avant par les libéraux provinciaux et fédéraux va totalement à l’encontre de l’intérêts des travailleurs. Au lieu de culpabiliser les Québécois qui se mobilisent contre cette entreprise voulue et planifiée qu’est l’immigration massive, M. Létourneau devrait sortir de la propagande canado-patronale et se libérer le plus rapidement possible de cette prison mentale qu’est le fanatisme immigrationniste.
Par son manque de lucidité politique, le président de la CSN se transforme en idiot utile des forces les plus hostiles aux travailleurs québécois.
Espérons que les membres de son syndicat sauront lui faire entendre raison.