Une "sorte" de débat qui était pire qu'un dialogue de sourds.
Cela se déroulait au Salon bleu de l'Assemblée nationale sous l'œil du Christ en croix qui trône toujours dans ces lieux.
Ces "dialogues" de «sourds faisant preuve de mauvaise foi» sont une chose "régulière" dans cette enceinte de notre démocratie (!). Cependant, hier, la scène était spécialement choquante.
Le "débat" (sic) s'est fait en l'absence quasi totale du parti gouvernementale, c'est-à-dire du parti libéral du Québec.
Le "débat" (sic) concernait la motion du Parti Québécois, déposée par Mme Pauline Marois, cheffe de l'opposition officielle et solidement appuyée par Québec Solidaire, par l'ADQ ainsi que par les deux députés indépendants.
La motion disait:
« Que l’Assemblée nationale du Québec exige la tenue d’une enquête publique sur l’ensemble des allégations liées à l’industrie de la construction, l’octroi des contrats gouvernementaux ainsi que sur le financement des partis politiques ».
Mme Pauline Marois s'est livrée à un long réquisitoire devant des sièges vides. Nous avions l'impression d'assister à une répétition avant que ceux à qui s'adressaient ces propos n'arrivent. Malheureusement, tout le débat s’est fait avec la quasi-totalité des sièges libéraux vides. Quelques représentants libéraux avaient été "désignés" pour rendre acceptable le quorum et livrer un semblant de réplique à cette opposition «unie».
Oui, une opposition «unie». De voir cette opposition «unie» pour une juste cause, rehaussait le spectacle. C'était une bienheureuse compensation. En effet, non seulement Mme Marois livra un excellent réquisitoire, mais les représentants de l'ADQ, celui de Québec Solidaire ainsi que les deux députés indépendants (É. Caire et M. Picard) ont joint leur voix à celles du Parti Québécois afin de nous livrer une argumentation convaincante.
Les différentes interventions de cette opposition «unifiée» s'imbriquaient l'une dans l'autre. Le spectacle de voir ces différents partis s'épaulant pour faire la lumière sur ces points qui ternissent notre "démocratie", notre système politique québécois et bien sûr, nos élus, compensait la déception dont nous affligeait ce parti libéral à qui nous avons malheureusement permis de mettre les deux mains sur le volant.
Les quelques représentants libéraux, désignés pour satisfaire les règles, nous ont fait des arabesques dignes des meilleurs patineurs olympiques. Des discours vides tournant autour des zones sombres sans jamais y pénétrer.
Nos valeureux (sic) libéraux n'ont fait que nous marteler l'opération policière "Marteau" et ont carrément nié la NÉCESSITÉ d'une «enquête publique».
Pourtant, Monsieur Jean-Guy Dagenais, président de l'Alliance des policiers provinciaux qui était présent hier, avait bien décrit, lors du point de Presse précédant ce cirque, qu'une enquête policière ne suffisait pas.
Dans un langage imagé, il nous a fait comprendre que l'opération policière permettait de saisir de «petits poissons» mais qu'une enquête publique permettrait probablement de saisir les «requins blancs»:
« On me dit que des petits poissons auraient été saisis, est-ce qu'on est loin des requins blancs? ».
Pour Monsieur Dagenais, ainsi que pour la Fraternité des policiers de Montréal, une enquête policière ne suffit pas.
Le représentant des policiers provinciaux a déclaré:
« Nous avons toujours été convaincus que le travail des policiers se limiterait à faire du travail des policiers et à ne pas aller au-delà de l'attribution, entre autres, de contrats pour la construction et de parler de malversation et de collusion.
Vous comprendrez une chose, les policiers ont un travail à faire, ils vont faire le travail qui est judiciaire. ... l'Association des policières et policiers provinciaux du Québec s'est prononcée il y a six mois évidemment pour avoir une commission d'enquête publique et nous sommes toujours d'avis aujourd'hui qu'il doit y avoir une commission d'enquête publique. »
[1]
Il était honteux de voir l'attitude libérale. Les sièges vides pendant ce qu'on appelait "le débat" étaient une insulte envers non seulement l'opposition, mais envers tous les citoyens québécois et plus spécialement envers les citoyens ayant eu confiance en ces pleutres.
Une véritable honte.
Lorsque la cloche d'appel au vote sonna, tous ces poltrons entrèrent au Salon pour voter sur ce sujet qu'ils refusent de discuter.
J'étais personnellement gêné de voir "notre" Premier ministre se pointer pour le vote alors qu'il était incapable d'affronter les propos structurés de l'opposition. M. Charest nous offrait l'image d'un gamin qui s'esquive tellement il craint de se faire prendre. Une honte !
La motion fut rejetée : 59 contre et 54 pour.
Le rejet de cette motion qui demande de faire la lumière sur toutes ces rumeurs qui ressemblent de plus en plus à la réalité est une sorte d'aveu de culpabilité de Jean Charest et de ses acolytes. On ne peut l'expliquer autrement.
Qu'est-ce qui peut motiver des gens à refuser la lumière si ce n'est que la culpabilité.
Serge Charbonneau
Québec
P.S.: En plus du dépôt de plusieurs dizaines de pétitions de citoyens, environ 200 municipalités ont voté des résolutions demandant la tenue d'une enquête publique.
Voici, la liste des groupes ayant demandé la tenue d’une enquête publique :
- Association des policiers provinciaux du Québec
- Association des procureurs de la Couronne du Québec
- CSD Construction
- Centrale des syndicats du Québec
- CSN Construction
- Centrale des syndicats nationaux
- Maire de Québec
- Municipalités, MRC et conseils d’arrondissements
- Fédération québécoise des municipalités
- Fraternité des policiers de Montréal
- Ordre des ingénieurs du Québec
- Syndicat des professionnels du gouvernement du Québec
- Syndicat de la fonction publique du Québec
- Ville de Montréal, maire et conseil municipal
- Ville de Longueuil, mairesse et conseil municipal
(et plusieurs autres villes)
[1] Transcription du point de Presse
http://www.assnat.qc.ca/en/actualites-salle-presse/conferences-points-presse/ConferencePointPresse-5275.html
Vidéo du point de Presse de devant l'Assemblée nationale, mercredi 26 mai 2010.
http://www.assnat.qc.ca/en/video-audio/AudioVideo-22457.html?support=video
Vidéo du "simili" débat
Spécialement à 54 minutes du début. M. Amir Khadir souligne le vide des sièges du parti gouvernemental.
http://www.assnat.qc.ca/en/video-audio/AudioVideo-22453.html
Un après-midi à l'Assemblée
Charest refuse l'enquête publique
Enquête publique - un PM complice?
Serge Charbonneau214 articles
Artisan de l’information depuis 1978. Voyageur reporter retraité pour raisons de santé et financière.
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