Un gestionnaire de TransCanada avait des liens avec la mafia

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Sale affaire dans un sale projet

Un directeur de chantier de TransCanada a entretenu des liens d'affaires avec le clan mafieux des Rizzuto alors qu'il travaillait auprès d'une autre compagnie de construction de pipelines en 2005. C'est ce qui ressort de certains éléments de la preuve de l'opération Colisée menée par la GRC à l'époque.
Les liens entre le gestionnaire Stéphane Bélanger et Nick Rizzuto fils sont révélés dans plusieurs conversations téléphoniques captées par écoute électronique en 2005. À ce moment, le fils aîné du parrain de la mafia s'occupait des affaires du clan sicilien pendant que son père, Vito Rizzuto, était en prison.
Le clan Rizzuto et des membres de son entourage avaient été mis sous écoute dans le cadre de l'enquête qui visait à démanteler la mafia italienne à Montréal.
Le nom de M. Bélanger est évoqué à plusieurs reprises dans des échanges entre Nick Rizzuto fils et l'entrepreneur Joe Borsellino, identifié par la commission Charbonneau comme un membre du cartel des égouts.

À l'époque, Joe Borsellino dirigeait Garnier Construction. Il était aussi président et actionnaire de Summit Pipeline Services, une compagnie qui construit, répare et entretient des pipelines, et qui a été vendue, depuis, à des intérêts américains.
D'après les informations obtenues par Enquête, Stéphane Bélanger était un des gestionnaires de l'entreprise et avait des contacts fréquents et directs avec le fils du parrain pour discuter d'affaires.
Le nom de Stéphane Bélanger surgit aussi dans un échange téléphonique entre Nick Rizzuto fils et Tony Accurso, deux mois plus tard, en octobre 2005.
Cette fois, la conversation porte sur un arrangement mené à mots couverts par le fils du parrain de la mafia italienne, et dans lequel M. Bélanger agit comme intermédiaire entre la compagnie de pipelines de Joe Borsellino et celle appartenant au groupe de Tony Accurso, Louisbourg Pipelines.

Extrait de l'écoute électronique
Nick Rizzuto fils : Parce que j'ai dit à Steph : « Comment veux-tu que je fasse ça, pour ton affaire? » Il a dit : « Je pourrais m'en occuper directement avec Walter [Martinello]. »
Tony Accurso : Oui, oui, oui.
Nick Rizzuto fils : Je lui ai dit : « Comme tu veux, Steph. À moins que tu me donnes un nom et un numéro ou une facture, je peux m'en occuper pour toi. »

Ces fragments d'écoute électronique font partie d'éléments qui ont été transmis à la commission Charbonneau par la Gendarmerie royale du Canada (GRC).
Dans son rapport final, la commission conclut que les travaux de construction de pipelines, comme tous les travaux majeurs d'infrastructure, « étaient naturellement susceptibles d'intéresser le clan Rizzuto ».
C'est aussi ce que croit Eric Vecchio, le policier qui a analysé l'écoute électronique pour le compte de la commission Charbonneau.
Le sergent-détective Eric Vecchio est spécialiste du crime organisé. Il rappelle que même si le clan Rizzuto est en déclin au sein de la mafia montréalaise, l'organisation criminelle est toujours active et susceptible de refaire appel à des contacts, même après des années, s'ils peuvent lui être utiles.
« Le secret de la mafia, c'est ça », ajoute André Cédilot, auteur du livre Mafia Inc. Selon lui, la mafia peut compter sur son réseau de contacts autant dans ses activités illicites que dans l'économie légale.
M. Bélanger ainsi que son ancien employeur Joe Borsellino n'ont pas voulu répondre à nos questions.
Tony Accurso a toujours nié être associé au clan mafieux des Rizzuto, qui ne constituaient que de nécessaires « petits contacts » d'affaires, selon lui.
Informée qu'un de ses gestionnaires a entretenu des liens avec le clan Rizzuto, TransCanada a fait savoir qu'elle menait des vérifications internes.


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