Terre-Neuve-et-Labrador n’avait recensé que quatre personnes atteintes de la COVID-19 lorsque le premier ministre Dwight Ball a demandé l’aide du gouvernement fédéral, parce que la province était au bord du gouffre financier.
Dans une lettre adressée à Justin Trudeau le 20 mars, Dwight Ball explique que la province est au bord du gouffre, selon des sources bien informées des faits.
Les obligations de Terre-Neuve-et-Labrador ne trouvaient plus preneur et le gouvernement n’arrivait plus à conclure des programmes d’emprunts à court terme ni à long terme.
En fait, la province ne pouvait trouver les fonds nécessaires pour lutter contre la pandémie. Les finances publiques étaient en voie de s’assécher d’ici la mi-avril, selon des intervenants. La province arrivera bientôt au point d’être incapable de payer ses services publics
, estimait à ce moment un haut fonctionnaire.
Terre-Neuve-et-Labrador a échappé à ce sort désastreux quelques jours plus tard lorsque la Banque du Canada a annoncé un programme d’achat de titres provinciaux sur les marchés monétaires dont le but est de soutenir la liquidité et l’efficience des marchés de financement des gouvernements provinciaux.
Cela devrait donc alléger ces contraintes financières pour les provinces et au moins leur donner une prévisibilité pour leurs flux de trésorerie à court terme
, a affirmé vendredi le gouverneur de la Banque du Canada, Stephen Poloz.
L’initiative doit aider toutes les provinces dans le contexte de la pandémie, mais l’effondrement des prix du pétrole a particulièrement nui à l’économie des provinces qui dépendent de l'exploitation des ressources naturelles. Ces dernières ont vu le coût de leurs emprunts augmenter par conséquent.
Avant l’initiative de la Banque du Canada, le gouvernement minoritaire de Dwight Ball envisageait de convoquer d’urgence l’Assemblée législative pour faire approuver un emprunt de 2 milliards de dollars qu’il n’était pas sûr d’obtenir.
Les finances de la province se portaient déjà mal avant la crise de la COVID-19. Ses difficultés se sont aggravées avec la chute des prix du pétrole et la lutte contre la pandémie.
Terre-Neuve-et-Labrador avait établi ses prévisions budgétaires l’an dernier en se basant sur un prix de 65 $ US le baril de pétrole. Lundi, le prix était inférieur à 23 $ US le baril.
Cela laisse présager des centaines de millions de dollars de moins dans les coffres de la province durant le prochain exercice financier. De plus, le projet pétrolier Bay du Nord, de 6,8 milliards de dollars, est suspendu.
La suspension des activités de la raffinerie de pétrole de Come by Chance a entraîné la mise à pied de 500 travailleurs. Cette entreprise à elle seule représente 5 % du produit intérieur brut de la province.
Le ralentissement global des activités économiques entraîne une baisse de la demande d’autres produits d’exportation de la province, dont les produits marins, sur lesquels reposent les communautés rurales. Les travaux de construction à Muskrat Falls et d’agrandissement d’une mine de nickel au Labrador sont suspendus. Et la prochaine saison touristique est en péril.
Tout cela provoque une crise des finances publiques et de l’emploi dans cette province qui affichait déjà en février un taux de chômage de 12 %.
Dwight Ball a déclaré publiquement la semaine dernière que son gouvernement manque d’argent au point où il risque de ne pas pouvoir participer à des programmes fédéraux-provinciaux de relance économique.
Il ne faut pas comparer Terre-Neuve-et-Labrador aux autres provinces parce que sa situation est unique, a expliqué M. Ball.
Dans les heures suivant l’adoption rapide de cinq mesures législatives pour lutter contre la pandémie, Dwight Ball a lancé un avertissement au sujet d’une crise économique
qui menaçait de suivre celle de la COVID-19 et il a demandé l’aide du gouvernement fédéral pour sa province.
Avec les renseignements de David Cochrane et de Rob Antle, de CBC