Un monde s'écroule, un autre pointe à l'horizon

Le Québec débloqué, rien ne pourra plus nous arrêter

Tribune libre

Élections, référendums, marches et manifestations, gouvernements minoritaires, sous surveillance, majoritaires, avec toutes les mains longues sur le volant, nous voulions croire à notre bonne santé démocratique. Mais en fait, le Québec est une société bloquée depuis très longtemps.
Ce qui s’écroule sous nos yeux à la Commission Charbonneau, ce n’est pas seulement Montréal ni l’agonie d’un maire indigne, c’est tout le Québec, bloqué et contrarié jusque dans ses volontés nationales. J’ai honte aujourd’hui de ne pas avoir cru ceux qui disaient qu’un référendum Nous avait été volé.
Le vote unidimensionnel des anglophones a été déterminant. Je n’écris pas cela pour faire porter les blâmes à la seule minorité anglophone. Je l’écris pour marquer le point de départ de beaucoup de blocages, de beaucoup de manquements aussi, et dont Nous avons la tentation de Nous en attribuer les torts, en pure perte de temps et d’argent. C’est dans les sociétés politiquement bloquées et inertes que les « taxeux » et mafieux trouvent leur meilleur élan, accentuant eux aussi les blocages.
Le P.L.Q. a trop longtemps été à la remorque de son électorat paresseux, mais aux seuls profits des affairistes, qui l’ont appuyé en retour de façon outrageuse. Il n’y a qu’à entendre ces jours-ci le ton des sommations des Chambres de Commerce pour comprendre qu’un monde s’écroule, en effet. La Commission Charbonneau lève maintenant le voile sur un système de corruption qui a réussi cette chose difficile à croire mais pourtant bien réelle, et qui a consisté à faire élire un maire à Montréal qui s’était opposé de façon perfide à la fusion de toute l’île de Montréal proposée par Québec, de mèche, il faut tout de même le rappeler, quand même de mèche avec le grand homme d’état des libéraux, celui qui vient de quitter récemment, tout juste avant que les policiers finissent par faire ce qu’ils avaient à faire. La collusion des rapaces à la grandeur du Québec, et particulièrement à Montréal, n’aurait jamais eu aucun sens sans la collaboration et la corruption de ceux-là dont c’était pourtant la mission de préserver le Bien Commun.
Si le P.Q. peut survivre à son bras de fer avec les misérables partis d’opposition, s’il pouvait même se gagner une majorité et une sécurité parlementaire, son engagement de transformer le ministère des Transports en agence pourrait trouver enfin un aboutissement avec un grand A : rien de moins qu’un premier pas, le tout premier pas dans le déverrouillage de notre société. Une telle agence ne serait pas vaccinée pour toujours contre toute forme de collusion ou même de corruption, restons modestes, mais il est certain que pour une première fois, et sans doute pour très longtemps, le financement des partis politiques au Québec ne serait plus jamais le cancer qu’il a été.
Faut-il alors insister sur ce qui est devenu évident actuellement, et qui pousse si puissamment l’union sacrée de tous les libéraux, pantins de Gesca et Radio-Canada réunis ? Une agence des travaux ne serait pas seulement garante des grands travaux, elle serait surtout garante que ceux-ci se fassent sans ingérence politique intéressée. Explicitement, pour bien se comprendre et se faire plaisir aussi sur Vigile : le P.L.Q. aurait devant lui une gigantesque traversée du désert à effectuer, (avec ou sans un autre « grand homme d’état », comme ce parti est capable d’en produire dans sa boutique de la contrefaçon, cela n’a aucune importance, ce parti-là n’aura plus d’importance), une immense traversée du désert, oui, précisément celle à rebours, oui, oui, yessssss… l’immense traversée du désert, mais à rebours de l’histoire et sans espoir, la même que les indépendantistes ont entrepris dans le bon sens il y a cinquante ans, et qu’ils achèvent maintenant…
Pour autant que l’électorat souverainiste se raidisse encore, QUE SON GOUVERNEMENT EN FASSE AUTANT, que les indépendantistes s’unissent eux aussi dans une Union sacrée- ce qui ne peut pas être une mauvaise idée- une salutaire bouffée d’air frais parviendrait à tous les contribuables et à tous les électeurs. Le cynisme reculant, l’espoir reprendrait sa marche. L’indépendance est là, en avant de Nous, ou plutôt elle est en Nous, dans cette immense lassitude qui Nous a accablés si longtemps, et dont nous commençons seulement à nous déprendre.
Déverrouillée enfin- c’est Essentiellement la tâche première d’un gouvernement souverainiste : « débloquer » tous les barrages- la situation du Québec évoluerait rapidement et surtout Normalement, pour sortir de tous ses blocages, incluant celui, ô surprise, ô surprise, celui avec la communauté anglophone, le West Island étant devenu tragiquement l’otage d’intérêts qui lui sont aussi étrangers qu’à Nous-mêmes. Je n’insiste même pas à propos d’un deuxième pas possible, probable, plus que nécessaire, qui consisterait à poser en Clair la question de l’immigration. Pour tout dire : la machine du P.L.Q. enrayée pour longtemps, ce qui est prévisible, la question de l’Indépendance serait très rapidement à l’ordre du jour, ce qui serait conséquemment prévisible aussi. Le « pourquoi l’Indépendance » d’Option-Nationale cèderait rapidement le pas au « comment l’Indépendance » du Parti québécois, mais en lui suggérant une voie… D’une certaine façon, c’est la position d’O.N. qui aurait triomphé, qui triomphera assurément, ne serait-ce que par l’indication de la voie à suivre… Débloqué le Québec, plus rien ne pourra Nous arrêter.


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