L'idée de Francois Legault et Joseph Facal de repositionnement idéologique a surpris plus d'un. Et pourtant, d'aucuns savent pertinemment que des partis politiques vieillissent comme des paquébaux. Impossible de manoeuvrer de l'intérieur ni de l'extérieur, pour redresser le gouvernail. L'imagerie de «belles mères» en témoigne.
Paradoxe typiquement québécois
Au moment où des projecteurs de médias montrent des ombres d’une gangrène de corruptions dans les entreprises et dans l’appareil de l’état, pensons juste à la commission Bastarache et aux sempiternels débats sur l’éthique ou ceux entourant le monde de la construction, des anciens du mouvement souverainiste virent à droite pour, disent-ils, mieux servir le destin national. Or, il me semble que c’est à gauche que logiquement se trouverait la cure anti-corruption. Ce sont des rois mages. Alors que Madame Marois gouverne à gauche, pointe à l’horizon ouest l’espoir d’un nouveau roi, libéral. Le problème de l’heure semble être celui de l’économie, loin d’être celui des institutions, de la redistribution ou de morale. Monsieur Charest respire! Il peut même entrevoir de rester. Mais, ce n’est sûrement pas à lui que Legault et Facal destinent leur présent. Qui sait dans quelle étable dort sans fleurs ni pleurs le prochain souverain néolibéral du Québec, un messie vacciné contre l’effet de l’âge et des sondages?
Au Québec, nous mettons plus d’énergies à rechercher et cultiver ce qui ne marche pas. Ainsi, les mauvaises herbes poussent partout. Certaines réelles, d’autres imaginaires. Nous les voyons partout, même dans les airs. Les médias nous y téléportent, littéralement, et pas toujours utilement, plutôt assez souvent débilement. Comment qualifierais-je autrement tous ces débats lancés par Maclean’s la semaine dernière, ou la tempête de perceptions et de déceptions soulevée par «l’affaire Bellemarre»! C’est là que se trouve la racine même de la corruption. Ces énergies, ces temps médias et ces fonds gaspillés auraient pu servir à relever des défis de l’économie. Évidemment, l’économie est également paradoxale : rien ne se perd, tout se déplace. Le problème se pose lorsque le travail et les fonds servent à ramasser ou coller des pots cassés.
Du souverainisme libéral
Nous sommes déjà souverains. Seulement nous sommes une diversité invisible et inaudible. Nous sommes tous québécois, parlons les mêmes langues (le Français ou l’Anglais), mais nous serons à gauche ou à droite, ou entre les deux plus à droite ou moins à gauche. Plutôt serons-nous tantôt à gauche tantôt à droite, selon l’angle de vue de la vie. Ainsi nos visions s’entremêlent, sans chocs lumineux. Quelles préoccupations distinguent les Québécois dits de gauche ou souverainistes, des autres dits de droite ou fédéralistes? Le fait est que la façon de voir l’économie n’est pas déterminée par la façon de voir le pays. Il y a parmi les fédéralistes des gens de penchant socialistes, autant qu’il y a de libéralistes parmi les souverainistes. Le Québec serait un pays, nous aurions toujours des libéraux, des environnementalistes, des socialistes, des nationalistes, etc., et même des anarchistes.
Mirages référendaires, tourner les pages
Ca nous coute trop cher un référendum. Pas moins de 100 millions de dollars, temps des votants non compté. L’exercice est nécessaire certes, mais son coût s’empire en pertes d’opportunités. Pendant que le pays a l’esprit rivé sur l’incertitude constitutionnelle, il en échappe des occasions de rêver et inventer l’avenir. Distraction utile, ou préférablement à éviter, car floue et difficilement clarifiable. La question est : à quelles conditions le résultat d’un référendum sera accepté par tous pour être final et sans appel? S’il est légitime de poursuivre le combat du rêve indépendantiste après un référendum, il le sera aussi de nourrir celui d’un retour au fédéralisme. Ainsi, nous ne nous en sortirions jamais. Autant revenir aux principes élémentaires d’une démocratie: créer d’abord et ensuite redistribuer la richesse, ne laisser personne exclue ou s’exclure de la contribution au destin national. L’actualité québécoise est depuis quelques années à mille lieux de là, dans des verbiages de gens rassasiés. Que récoltons-nous de ces mirages de commissions qui coutent la bagatelle, si ce n’est l’illusion d’avancer sur des tonnes de rapports en archivage? Illusions d’enthousiasme et de satiété, propres aux temps de fêtes. Or les temps s’annoncent durs, ils sont déjà durs. C’est l’ère du changement idéologique et politique, tant au Canada qu’au Québec. Legault et Facal sont certes loin mais il y a sûrement de la lumière dans leur vision. Pouvons nous demander aux médias de mettre des ampoules éclairantes dans leurs projecteurs, pour nous éviter les ombres de nuages de la noirceur! Osons le leur dire, ils s’ajusteront.
Marois et les rois mages, Charest respire sur la voie de rester.
Un nouveau parti québécois au dessus des partis existants
Virage gauche-droite, l’ombre du mirage Bastarache
Tribune libre
François Munyabagisha79 articles
Psycho-pédagogue et économiste, diplômé de l'UQTR
(1990). Au Rwanda en 94, témoin occulaire de la tragédie de «génocides»,
depuis consultant indépendant, observateur avisé et libre penseur.
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4 commentaires
Archives de Vigile Répondre
11 octobre 2010J`ai l`impression d`avoir ete sensurer precedement alors je reformule.En opposition a l`idee que des gens puissent nourrir le reve de reintrodure le federalisme apres une eventuelle victoire referendaire,j`opposais l`idee qu`il soit pratiquement impossible de vouloir retourner en arriere lorsque les populations quebecoise et canadienne auront eu l`occasion de negotier une association libre de l`abrutissante realite a laquelle nous sommes presentement confrontes.Je crois que ce debat qui ne repose que trop peu
souvent sur les enjeux reels fini par abrutir tout le monde.Voila ce que je tentais d`exprime en disant "libre de l`abrutissement'Peut-etre que j`avais l`air de supposer que l`auteur tentait de nous abrutir.Soyez assurer que ce n`etait nullement mon intention.Bien entendu il partage avec nous les inconvenients relies a la situation actuelle.Nous sommes tous dans le meme bateau.
Archives de Vigile Répondre
11 octobre 2010Qui dit vrai?
http://blogues.canoe.ca/ygreck/general/qui-dit-vrai/
Archives de Vigile Répondre
10 octobre 2010Beau texte, M.Munyabagisha
Comment se fait-il que ce ne soit que les fédéralistes qui se réjouissent de cette hypothétique manoeuvre de sabordage du leadership de Pauline Marois entreprise par Legault-Facal?
Avant de reprocher aux souverainistes de se méfier de ce nouveau parti politique style Thé Party de Sarah Pallin, il faut se rappeler que ce sont les Pratte, Laroque et Lapierre et JJ Charest en personne qui se sont énervés les premiers et ont sauté à des conclusions un peu hatives se lançant dans des spéculations sur le point de chute d'un ballon gonflable improvisé à la derniere minute, semble t'il.
Caroline Moreno Répondre
10 octobre 2010Notre combat n'est pas un combat pour un référendum mais pour l'indépendance d'un Québec français !