Une capitale dans une époque tourmentée

L’âme des peuples se trouve dans leur histoire




Karim Benessaieh La Presse - Pour l'auteur et essayiste John Ralston Saul, le Canada moderne est né dans un édifice néo-classique de deux étages, à Montréal, en 1848. «Il est devenu le premier Parlement démocratique à l'extérieur de la Grande-Bretagne, dans l'Empire britannique, a-t-il expliqué dans une entrevue au réseau CBC, la semaine dernière. La Fontaine a été le premier vrai premier ministre démocratique du Canada, Baldwin est le numéro deux. Une alliance de francophones et d'anglophones. Le premier discours du Trône donné dans les deux langues par Lord Elgin
Cet édifice, estime-t-il, est un endroit «fascinant». Mais voilà, il n'en reste aucune trace visible. «Si vous ne le savez pas, vous devez chercher longtemps. Ça m'a pris des années pour établir à peu près à quel endroit était ce parlement. Et il est apparu que ce stationnement était l'endroit où le Canada est devenu une démocratie, et ce n'était même pas précisé par une plaque ou une indication.»
Si l'endroit est fascinant, son histoire est un condensé en près de deux décennies des événements qui ont marqué au fer rouge la naissance du pays. Les années 30 et 40, au XIXe siècle, sont turbulentes, marquées par des tensions sociales et linguistiques, ainsi que par des velléités d'affranchissement à l'égard de la Grande-Bretagne. Elles culmineront avec les rébellions de 1837-1838, qui seront écrasées au terme d'une répression qui fera quelque 300 morts.
Kingston, morne capitale
En 1839, John George Lambton, dit Lord Durham, publie son célèbre rapport et conclut que la rébellion est née essentiellement d'un conflit ethnique. Il recommande carrément l'assimilation des Canadiens français. Dans cette perspective, Londres adopte l'Acte d'Union en 1840, qui fusionne les deux provinces du Bas et du Haut-Canada en une seule, la Province du Canada ou Canada-Uni. En 1841, Kingston devient la capitale provisoire de la nouvelle colonie, titre qu'elle perd en 1843 au profit de Montréal. Des historiens rapportent par ailleurs sans rire que la ville était trop morne, sans attrait pour les politiciens qui s'y réunissaient.
Ce n'était manifestement pas le cas de la nouvelle capitale, Montréal, plaque tournante du commerce, du transport et de la culture au Canada à l'époque.


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