La seule solution pour assainir les dépenses du gouvernement en informatique est-elle de lancer une commission d’enquête ?
Plusieurs syndicats l’exigent. La Coalition avenir Québec le souhaite également et a ravivé le débat aujourd'hui dans le cadre de leur caucus.
La CAQ a bien mieux choisi son moment afin que son message raisonne. En novembre dernier, le parti avait déposé une motion en ce sens. La nouvelle avait fait peu de bruit.
Quand il était au pouvoir, le Parti québécois n’était pas intéressé à la tenue d’une commission d’enquête. Mais, depuis peu, le PQ y songe davantage, a-t-on appris.
Pour sa part, l’actuel président du Conseil du trésor, Martin Coiteux, ne l’envisage pas.
« Si les gens ont des informations, qu’ils les transmettent à l’UPAC, dit-il. (...) Je pense que plutôt de lancer une grande commission d’enquête, il faut faire les resserrements au niveau des contrats et ce sont les gestes qu’on est en train de poser.», dit-il.
Fraude ou pas, l'argent s'envole
Que ce soit de la fraude ou de l’incompétence, le résultat en bout de piste pour le contribuable est le même. Des personnes flambent, volontairement ou pas, l’argent des autres, l’argent public. En construction, des infrastructures coûtaient deux plus chers en raison de la collusion. En informatique, des projets coûtent deux, trois, quatre et même dix fois plus cher. Peu importe la cause de l’échec, le trésor public mange la claque.
Une commission d’enquête sert d’abord à régler un problème et non à punir les voleurs (la définition dans la loi le rappelle).
Le coût d’un nettoyage
Mais une commission d’enquête réglerait-elle vraiment le problème pour mieux gérer les 3 G$ que le Québec dépensent chaque année dans l'informatique ? Une commission d’enquête, ça coute cher. La commission Charbonneau a coûté près de 40 M$. Ça ferait beaucoup de cafés si le nettoyage n'avait pas valu l'investissement.
En construction, même sans commission d’enquête, les autorités avaient à surveiller le crime organisé et les pratiques anticoncurrentielles. Les ministères et municipalités étaient aussi en mesure de comprendre les dépassements de coûts et les écarts de prix injustifiés, car de l’asphalte, c’est simple. Un viaduc, c’est simple. Quand un viaduc coûte quatre fois plus cher qu’un autre de même dimension, ça ne fonctionne pas.
Mais un système informatique, ce n’est pas simple et les écarts de prix sont plus difficiles à comprendre. Le vérificateur général fouille, les médias fouillent, le gouvernement essaie de se fouiller lui-même. Sinon, qui est véritablement en train d’analyser en profondeur les causes des gaspillages en informatiques ? Ce n’est pas aux policiers d’examiner si un appel d’offres cible un seul fournisseur ou si un ministère favorise souvent la même firme informatique. Un de mes contacts qui travaillait de le projet SAGIR (qui est passé de 83 M$ à 1G$) ne comprenait pas pourquoi un vérificateur indépendant ne travaillait pas à temps plein dans les bureaux des responsables du sempiternel projet.
Commission d’enquête ou pas, si plusieurs conviennent que ce travail d’enquête doit être entrepris, les décideurs devront trouver le véhicule pour le faire, eux qui s’entendent tous à l’effet que les choses doivent changer.
Alors, une commission ou pas ?
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