Le gouvernement Charest a rapidement indiqué hier qu’il contestait l’arrêt rendu par la cour d’appel qui invalide une partie de la loi 104 touchant la langue d’enseignement au Québec. Il n’avait pas le choix de prendre une telle décision, et ce, pour plus d’une raison.
La langue française doit toujours être farouchement protégée au Québec. Majoritaires dans la province, les francophones sont néanmoins une minorité de 2 % sur le territoire nord-américain.
Pour préserver sa langue et sa culture, le Québec a adopté, il y a 30 ans cette année, une charte de la langue française. Les résultats sont des plus tangibles. En 1971, la proportion d’allophones en mesure de converser en français était de 47 %. En 2001, elle atteignait 74 %. De même, en 1977, 80 % des immigrants inscrivaient leurs enfants à l’école publique anglophone. La donne est inversée depuis l’introduction de la Charte de la langue française.
Cette importante pièce législative n’a cessé cependant d’être l’objet de contestations devant les tribunaux, notamment par des francophones qui ont mené leur cause jusque devant la Cour suprême.
La décision rendue hier par la Cour d’appel est la dernière en lice. Mais sûrement pas pour longtemps. La langue anglaise a un tel attrait qu’il y aura toujours un citoyen qui estimera que le Québec ne doit pas limiter son usage dans les écoles, dans les milieux de travail et dans les lieux publics.
Le gouvernement Charest, par les voix de ses ministres Michèle Courchesne et Christine St-Pierre, devait donc prestement réaffirmer que la langue française était, sauf exception, la principale langue d’enseignement au Québec. Il devait aussi indiquer qu’il n’acceptait pas que des gens tentent d’échapper à cette règle.
Concoctée par les péquistes, la loi 104 avait été adoptée à l’unanimité par l’Assemblée nationale, en 2002. Elle visait à colmater une faille dans la loi 101 qui avait permis à 4000 enfants, entre 1997 et 2002, de fréquenter une école publique ou privée subventionnée de langue anglophone, sans y avoir droit.
Dans un contexte où le Québec s’interroge depuis des semaines sur l’apport des immigrants et sur leur intégration à la société québécoise, il s’imposait que le gouvernement libéral livre un message clair. Le Québec est une société francophone. Ceux qui veulent s’installer ici doivent savoir que leurs enfants devront fréquenter l’école publique ou privée subventionnée francophone, à moins qu’ils ne répondent aux exceptions prévues à la loi. L’autre choix qui s’offre à eux est l’école anglophone, mais totalement privée.
Politiquement, il était aussi important pour le gouvernement libéral d’envoyer ce message aux francophones qui ne lui accordent pas une très haute cote.
Protéger et promouvoir la langue française n’est cependant pas la seule responsabilité de l’État.
Certes, les petits Québécois de souche et les nouveaux arrivants doivent apprendre à l’école à maîtriser la langue de Molière. Ils doivent aussi apprendre une langue seconde, l’anglais.
Or, notre système scolaire a échoué sur ce plan. Et ce n’est pas la décision du gouvernement Charest, d’introduire l’enseignement de l’anglais dès la première année du primaire, qui changera réellement le tableau. Tant que l’anglais, langue seconde, sera une matière diluée sur plusieurs années, et livrée par des enseignants pas toujours qualifiés, les résultats seront limités. Il faut faire plus et mieux.
Sinon, des personnes continueront de croire que c’est la loi 101 qui empêche leurs enfants d’apprendre correctement l’anglais.
La protection de la langue française et la nécessité de connaître une deuxième, voire plusieurs langues, ne sont pas des objectifs qui s’opposent.
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