Québec — L’utilisation du mot indépendance, dans une nouvelle publicité du Parti québécois, envoie le message d’une « détermination accrue » à faire du Québec un pays, estime le Conseil de la souveraineté.
Le président de l’organisme, Gilbert Paquette, a déclaré cette semaine en entrevue qu’avec ce choix sémantique, le PQ exprime plus clairement son objectif qu’avec le terme souveraineté.
« Vous êtes indépendant ou vous ne l’êtes pas, vous êtes un pays ou vous ne l’êtes pas, a-t-il dit. Le mot souveraineté, avec le temps, est devenu synonyme de toutes sortes de choses. On parle de souveraineté alimentaire, de souveraineté énergétique et Robert Bourassa parlait de souveraineté culturelle. »
Le PQ a lancé il y a dix jours une publicité intitulée « L’indépendance, ça dépend de nous », qui insiste sur le sentiment de fierté d’être Québécois, en présentant notamment des images du potentiel des ressources naturelles comme les mines ou l’hydroélectricité.
Diffusée sur Internet et des canaux spécialisés du câble encore cette semaine, la campagne, destinée à rejoindre les jeunes, bénéficie d’un budget de 50 000 $, a indiqué le PQ.
M. Paquette a affirmé que le terme indépendance, choisi pour la publicité, pourrait aider le PQ à convaincre les militants qui, doutant de son engagement envers cet objectif, ont déserté ses rangs au profit de Québec solidaire et Option nationale.
« C’est significatif d’une certaine détermination accrue à l’égard du combat, a-t-il dit. […] On sent davantage de détermination, j’espère que c’est le cas. »
Modification du nom
Le Conseil de la souveraineté, composé de représentants de la société civile, comme les syndicats, et d’observateurs des partis souverainistes, a d’ailleurs l’intention de modifier son nom, a indiqué M. Paquette, ancien ministre péquiste de René Lévesque.
« Nous allons consulter nos membres et sympathisants sur un changement d’appellation vers le mot indépendance, a-t-il dit. Il y a un désir de clarté, de cohérence et de détermination. »
Le président du PQ, Raymond Archambault, a soutenu que les mots souveraineté et indépendance sont des synonymes.
« Si dans l’esprit des gens c’est plus clair, tant mieux, mais sémantiquement c’est la même chose, c’est équivalent », a-t-il dit.
M. Archambault a soutenu que la campagne publicitaire était prévue, à l’origine, l’automne dernier, mais qu’elle avait été reportée afin d’éviter qu’elle soit comptabilisée dans les dépenses liées aux élections partielles qui se sont tenues dans deux circonscriptions en décembre.
« On sent qu’on peut devenir majoritaire au prochain scrutin et on veut amener les Québécois à réfléchir à leur avenir constitutionnel », a-t-il dit.
Fausse route
Pour le politologue Réjean Pelletier, de l’Université Laval, le changement pour le mot indépendance vise à rallier les électeurs d’Option nationale, qui l’utilisent davantage.
« Ce n’est pas du côté de Québec solidaire qu’on parle beaucoup d’indépendance, même si le parti est officiellement indépendantiste, a-t-il dit. C’est peut-être pour avoir cette clientèle-là en lui disant : venez nous rejoindre, on est encore pour l’indépendance du Québec. »
Le chef d’Option nationale, Sol Zanetti, a soutenu que le PQ fait fausse route s’il croit pouvoir faire des gains auprès de ses militants sans s’engager clairement à tenir un référendum lors d’un premier mandat majoritaire, alors que les péquistes ne s’y sont pas contraints.
« Tant que le PQ joue sur les apparences indépendantistes sans changer d’approche fondamentalement, il ne grugera pas notre base électorale », a-t-il dit.
Selon M. Zanetti, le choix du mot indépendance est tout de même positif pour la courte publicité, qui dure 30 secondes.
« Le mot indépendance est clairement meilleur parce qu’il dit clairement ce que c’est, a-t-il dit. Ça dit clairement qu’on va faire un pays et le mot souveraineté ne fait que le suggérer. »
Électoraliste
Le député de Québec solidaire Amir Khadir a lui aussi salué le choix sémantique dans la publicité du PQ, dont il juge cependant sévèrement le bilan au chapitre des moyens mis en œuvre pour atteindre l’indépendance.
« C’est très électoraliste, bien sûr, si ça ne l’était pas, ça aurait été précédé depuis un an et demi de gestes concrets, a-t-il dit. Il n’y a pas de gestes, il y a juste un slogan, il y a juste une annonce publicitaire qui ressemble drôlement à une annonce de bière, ce qui fait que ce n’est pas très fort. »
M. Khadir note également qu’il est temps, pour les partis qui souhaitent faire du Québec un pays, de mettre de côté le mot souveraineté, qui a permis de gagner la confiance des électeurs plus réticents il y a 40 ans, lorsque le PQ l’a introduit dans le débat.
« Quarante ans plus tard, on doit être capable d’aller plus loin et de montrer notre détermination, qu’on ne veut pas embarquer personne dans quelque chose qui ne soit pas clair, a-t-il dit. Le mouvement indépendantiste ne doit pas avoir peur de ce mot. »
Par Alexandre Robillard
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