« Les absents ont toujours tort », plaide le Parti conservateur du Québec (PCQ), qui serait prêt à participer à un débat en anglais au cours de la prochaine campagne électorale même si le premier ministre François Legault refuse d’y être.
Un consortium de médias anglophones a peut-être décidé d’annuler, vendredi, son débat prévu pour le 20 septembre en raison du désistement de M. Legault et celui du chef du Parti québécois (PQ), Paul St-Pierre Plamondon, mais le projet pourrait bien renaître de ses cendres sous une autre forme.
Au moins un média anglophone a signifié au chef du PCQ, Éric Duhaime, qu’il serait prêt à organiser un débat en anglais sans la présence du chef de la Coalition avenir Québec (CAQ), mais qu’il faudrait au moins que la cheffe du Parti libéral soit de la partie.
Samedi matin, M. Duhaime a donc envoyé une invitation à la cheffe libérale, Dominique Anglade, qui a affirmé être partante.
« Si un consortium de médias anglophones est intéressé à tenir un débat en anglais, je suis très ouverte à y participer. Il est important de faire connaître nos idées à tous les Québécois », a écrit Mme Anglade sur Twitter.
Si un consortium de médias anglophones est intéressé à tenir un débat en anglais, je suis très ouverte à y participer. Il est important de faire connaître nos idées à tous les Québécois. J’invite @francoislegault à faire face à la musique et à participer. #polqc https://t.co/OSXhHPo89R
— Dominique Anglade (@DomAnglade) May 14, 2022
Les détails seront toujours à fignoler, mais selon M. Duhaime, la communauté anglophone du Québec mérite d’avoir son débat pour aborder les enjeux qui lui sont chers, notamment les questions de santé, d’éducation et de langues, même sans la présence du premier ministre.
« C’est ça en démocratie : l’électeur doit avoir les deux côtés de la médaille avant de faire sa propre opinion, a expliqué M. Duhaime en entrevue avec La Presse canadienne. C’est important que les partis d’opposition puissent exprimer leurs opinions aux anglophones également. »
Vendredi, l’attaché de presse de M. Legault avait indiqué que la préparation à des débats demande beaucoup de temps, et que le premier ministre s’était déjà engagé à croiser le fer avec les autres chefs sur les ondes de TVA et de Radio-Canada, en français, ce qui faisait en sorte qu’il ne pouvait pas ajouter un autre débat à son horaire.
Le regroupement composé de CBC, CTV, Global et la station de radio CJAD a donc annulé son événement, estimant que sans la présence de tous les principaux partis, il serait impossible de présenter un débat « équitable et informatif ».
Le chef conservateur croit cependant que ce n’est pas à la population anglophone de payer pour le choix de certains partis. Il estime que les formations qui le souhaitent devraient avoir la chance de débattre en anglais.
Excuse bidon
M. Duhaime n’achète pas l’excuse du cabinet Legault, selon qui la préparation pour un troisième débat serait trop lourde. Le chef conservateur pense qu’après la préparation pour deux débats, le temps additionnel à passer pour l’affrontement en anglais ne serait pas si substantiel.
Il a plutôt accusé le premier ministre de vouloir limiter les débats à l’approche des élections dans lesquelles il part largement favori. M. Duhaime a d’ailleurs rappelé que M. Legault a participé à un débat en anglais lors de la campagne électorale de 2018.
Selon le chef du PCQ, les partis d’opposition pourraient même tirer avantage de l’absence de M. Legault, puisqu’ils auraient ainsi plus de visibilité, ce qu’ils ont eu de la difficulté à obtenir durant les dernières années en raison de la pandémie.
« Si l’on a un débat, tout ce qui va arriver c’est qu’on va tous souligner le fait qu’il n’est pas là et que son bilan est très peu reluisant », a affirmé M. Duhaime.
Le chef conservateur a indiqué que si un nouveau projet de débat voit le jour, une nouvelle série d’invitations sera envoyée, dont à la CAQ et au PQ. M. Duhaime espère donc que M. Legault reviendra sur sa décision, ce que souhaite aussi Mme Anglade.
« J’invite François Legault à faire face à la musique et à participer à un tel débat », a écrit la cheffe libérale.