Colloque sur la situation du nationalisme québécois
13 novembre 2018
En somme, il n’y a pas de problème du point de vue identitaire. On réalise la souveraineté du Québec et, du simple fait que nous y soyons majoritaires, tout sera réglé. Fort bien, mais qu’avons-nous donc cherché d’autre depuis 50 ans? N’est-ce pas là la solution miracle de Lévesque et de son parti? Mais si le PQ n’a su l’obtenir alors que nous formions 80% de la population québécoise, maintenant que nous n’en représentons plus que 60%, comment pourrait-elle être réalisable et comment pourrait-elle encore faire sens? « Pas à pas » dites-vous? Mais vous savez bien que nous n’avons plus de temps et que toute avancée de la CAQ pourra être annulée par un gouvernement ultérieur redevable à un électorat plus progressiste.
Votre argumentaire repose sur le fait que nous formons une majorité au Québec, mais d’ici 15 ou 20 ans, ce ne sera plus le cas. Cette soi-disant légitimité politique s’effondrera du même coup, nous laissant sans défense aucune. Comment peut-on s’illusionner encore à ce point?
Ce que certains cherchent à faire ici, c’est de quitter cette voie suicidaire, c’est de retrouver la légitimité qui était celle des anciens et aussi celle des indépendantistes d’avant le PQ. Une dignité nationale qui nous avait donné la force de résister au conquérant et de lui arracher des libertés toujours plus grandes, une nationalité qui donnait sens à notre expansion et à notre combat séculaire pour l’émancipation et pour la durée, pour la survivance, disait-on autrefois.
En 1967, cette survivance commandait de faire du Québec l’État national des Canadiens-Français, mais curieusement la québécitude est venue brouiller les cartes. Après 50 ans de régression et de « dénationalisation tranquille », je crois qu’il est urgent de clore cette malheureuse aventure et de reprendre le fil de notre histoire, voilà tout.