À la lecture d’un texte récent de Denise Bombardier, on mesure tout le mal que la québécitude nous a fait. Évidemment, Mme B. ne le reconnaît pas ainsi : pour elle, notre pauvreté culturelle et morale, notre déstructuration sociétale et notre atomisation familiale viennent pour l’essentiel de notre éloignement du catholicisme. Mais ça ne colle pas. Toutes les nations catholiques occidentales ont connu une sévère déchristianisation au cours des 50 dernières années. Et pourtant, nous seuls sommes en passe d’un total effacement national. Dans 15 ans, les Canadiens-Français ne seront plus majoritaires que parmi les franges âgées du peuple québécois et rien n’est fait pour rectifier cette tragédie.
Et pour cause, en québécitude, ce qui tient lieu de conscience nationale n’est plus qu’une adhésion verbale (et verbeuse) à un projet de société souverainiste vieux de 50 ans : une indépendance inatteignable, une défense du français toujours moins applicable par un État québécois résolument bilingue et une « laïcité » diversitaire qui a pour principal effet de sceller notre déculturation et notre minorisation.
Il est là le nœud de l’affaire. Depuis un demi-siècle, on nous fait courir après une chimère politique masquant la dénationalisation des Canadiens-Français au sein du concept progressiste de « peuple québécois ».
C’est cela qu’il faut dénoncer et combattre si nous voulons revivre.
Ne le voyez-vous pas?
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7 commentaires
Marc Labelle Répondre
30 décembre 2021« Réécriture grossière », écrivez-vous. Vous faites de la projection.
Le cadre de référence d’Henri Bourassa ou de Pierre Elliott Trudeau était le Canada ; celui de Louis-Joseph Papineau, le Bas-Canada, et celui de René Lévesque, son équivalent actuel, soit le Québec. Dans le premier cas, nous sommes minoritaires ; dans l’autre, majoritaires.
Pour tenter de justifier le déni de cette réalité, vous n’avez de cesse de concocter une bouillabaisse ratiocinante à la Pierre Elliott Trudeau, cet obsédé du bibocal. Elle ne mérite pas plus ample considération.
Éric F. Bouchard Répondre
31 décembre 2021Majoritaires ou minoritaires, du moment où nos leaders cherchent l’avènement d’une nation nouvelle fondée sur une territorialité, une diversité culturelle et un bilinguisme officiel, ça revient au même. Les républiques canadiennes des libéraux du temps de Papineau n’ont pas vécues, et pour cause, nos ancêtres n’étant pas dupes, mais le Canada de Trudeau et le Québec associé de Lévesque nous le démontrent depuis 50 ans. Notre majorité fond et notre identité se dissout en québécitude. C’est cela qu’il faut admettre pour nous sortir de l’infantilisme et du quiétisme politiques auxquels le souverainisme nous condamnent depuis si longtemps.
Marc Labelle Répondre
1 janvier 2022Quelle confusion conceptuelle et historique ! Par exemple, le républicanisme du Bas et du Haut-Canada a été réprimé dans le sang par les monarchistes britanniques ; il ne fut pas la victime de nos ancêtres. De toute urgence, abandonnez votre posture antiquébécoise dogmatique et faites l’apprentissage adulte de notre histoire concrète.
Éric F. Bouchard Répondre
29 décembre 2021Notre histoire est plus nuancée que le conte forgé par les historiens néo-nationalistes des années 70 et 80, réécriture grossière qui reste visiblement votre référent puisque vous donnant le beau rôle.
Henri Bourassa était anti-séparatiste et farouchement opposé au nationalisme canadien-français. Il était Canadien d’abord, comme Papineau avant lui, comme Trudeau après lui. Il croyait en une nationalité canadienne partagée qui puisse nous servir et nous émuler. Lévesque était de même lignée, à la différence près qu’il abhorrait davantage (comme Trudeau) le nationalisme canadien-français. Il croyait à l’émergence, dans le seul Québec, d’un peuple aussi diversitaire que la nation canadienne, mais véritablement bilingue du fait de notre majorité. Or, c’est cela qui ne marche plus aujourd’hui : nous ne sommes plus majoritaires dans de nombreuses strates de la population et notre déclin est désormais irréversible.
L’indépendance dites-vous? Elle ne repose pourtant que sur une majorité démocratique, or nous ne formons plus que 60% du peuple québécois. Et de ceux-là, la moitié seulement s’avoue souverainiste… Ne pourrait-on pas réfléchir au moyen de se sortir de ce bourbier plutôt que de répéter les mêmes erreurs?
Marc Labelle Répondre
26 décembre 2021Voilà une confirmation de l’aboutissement de la rengaine obsessionnelle du nom désuet « Canadiens-Français » : le renoncement à la liberté collective. C’est l’indépendance du Québec qui nous procurera notamment la maîtrise définitive de la politique de l’immigration.
Éric F. Bouchard Répondre
27 décembre 2021Œuvrer à la souveraineté du Québec sans que ce dernier ne se reconnaisse État national des Canadiens-Français équivaut à ce que beaucoup parmi nos ancêtres ont fait naguère : réaliser l’indépendance du Canada dans l’espoir que ce pays nous soit favorable. Or pour nous, bientôt minoritaires au Québec, il n’y a pas plus de liberté collective dans le peuple québécois qu’il y en a dans la nation canadienne. Le souverainisme québécois –votre sacro-sainte indépendance– n’aura jamais été qu’un leurre des progressistes pour détourner la volonté d’émancipation politique des Canadiens-Français au profit d'un État post-national.
Marc Labelle Répondre
28 décembre 2021Décidément, vous avez tout faux : ce sont des « Canadiens français » comme Henri Bourassa qui ont fait la promotion de l’indépendance du Canada. Les Québécois souverainistes visent l’indépendance du Québec parce que c’est notre territoire national à titre de majorité. Sur les six noms qui nous ont désignés, quatre — Français, Canadiens, Bas-Canadiens et Québécois — correspondent au territoire spécifique de notre peuple, c’est-à-dire là où nous sommes majoritaires. L’appellation Québécois constitue donc un retour vers l’état normal d’un peuple doté ou en quête de sa liberté collective. La promotion de votre appellation ambigüe est celle de défaitistes procrastinateurs et morbides, qui s’acharnent contre notre accession à l’indépendance parce qu’ils n’ont pas le courage de l’effort d’émancipation requis.