Déclin linguistique

Le Québec anglais, ça vous dit quelque chose?

Un retour identitaire au Canada français pour sortir de l'anglicisation

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Tribune libre

Dans mes tentatives pour vous faire prendre conscience qu’on ne doit plus penser le combat national (ou, pour complaire au docte Pomerleau, le cadre stratégique de ce dernier) d’après la réalité socio-politique des années 1970, je n’ai peut-être pas assez insisté sur l’importance du fait anglais au Québec. L’actualité peut m’y aider.


Vous aurez sans doute pris connaissance du palmarès des cégeps paru dans le JDM. On y constate que les collèges anglophones surclassent les francophones. À l’évidence, les institutions de langue anglaise attirent le plus grand nombre de candidats, et par conséquent, peuvent choisir les meilleurs éléments.


Comment est-ce possible? La plupart des chroniqueurs donnent comme explication un sur-financement des institutions anglophones (prétextant à tort que le financement devrait se faire en fonction d’une minorité historique anglo-saxonne, alors que nos lois ne mentionnent qu’une « communauté québécoise d’expression anglaise »), ou bien une négligence du législateur qui n’aurait pas étendu la loi 101 au secteur collégial.


Ce faisant, tous passent à côté de la question : pourquoi les jeunes francophones sont-ils si nombreux à vouloir poursuivre leurs études en anglais? Meilleur enseignement, meilleures perspectives d’avenir, meilleure adéquation au monde nord-américain? On a le choix. Dans tous les cas, notre jeunesse a bien saisi que les institutions de la « communauté québécoise d’expression anglaise » occupaient le sommet de notre système d’éducation national. Qui pourrait les contredire alors que des établissements francophones d’enseignement mettent sur pied des programmes en anglais?


Autrefois, on distinguait bien les institutions canadiennes-françaises des institutions canadiennes-anglaises. Lorsqu’un Canadien-Français fréquentait McGill, il avait conscience d’être un transfuge, de quitter son monde pour en découvrir un autre. Il avait choisi (lui ou ses proches) d’être en relation étroite, voire d’intégrer la nation canadienne-anglaise. Le sentiment national qui l’habitait alors résolument canadien/canadian.


Aujourd’hui, il n’y a plus vraiment de distinction et plus aucun scrupule. Anglophones ou francophones, nos institutions d’enseignement sont également québécoises. Nos jeunes gens ont conscience de vivre dans un Québec bilingue (dont ils sont fiers d’ailleurs) et cherchent simplement à bien y réussir leur vie. C’est cette société nord-américanisée qu’a fait naître la québécitude. Notre défi, en tant que nationalistes, n’est plus donc de renforcer un État qui nous dessert, mais bien de défendre nos droits propres afin d’assurer l’avenir d’une nation française en son sein.


Paraphrasant Harmonium, on pourrait conclure en se disant que la québécitude « a mis quelqu’un au monde, il faudrait peut-être l'écouter » ... et savoir s’y adapter. C’est ce qu’on vous invite à faire en reconsidérant notre combat national dans un cadre identitaire canadien-français.  C’est le seul moyen de défendre le fait français dans un Québec fier de sa communauté anglophone toujours plus attractive.


Vous confronter à la réalité québécoise, ça vous dit?



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14 commentaires

  • Éric F. Bouchard Répondre

    27 février 2020

    Voyez, tentative toute simple de vous faire porter un regard critique sur la québécitude et zou, silence radio de votre part. Cela illustre bien le grave péril inhérent au néonationalisme : l’enfermement narcissique. Car du moment où tout un chacun peut se permettre d’idéaliser un éventuel Québec souverain, du moment que la simple évocation de ce rêve (différent pour chacun) lui suffit à définir une posture politique et morale qui le satisfasse, il perd non seulement contact avec la réalité, mais il devient incapable de partager un même bagage identitaire. Chacun se fait son nationalisme à soi, son Québec à soi. Certains peuvent certes bien vivre de leur idéalisation (plus progressiste ou plus libérale), en politique active, par leur plume et derrière un micro ou un écran, mais on ne fait pas nation ainsi.


    Pour qu’il y ait Nation, il faut un système de référents identitaires stable, un héritage civilisationnel riche qui se construit au fil des générations, une nationalité qui soit l’apanage de tous, une identité qui se transmet ou qui s’acquiert et qui reste reconnaissable au regard des autres. Qu’on le veuille ou non, ici, ce legs unique et précieux se nomme la nationalité canadienne-française.


    Je croyais que vous l’aviez saisi lorsque, dans vos premières capsules, vous en appeliez à la recouvrance de l’héritage canadien-français, lorsque vous disiez vouloir nous replacer en filiation avec Daniel Johnson père ou lorsque vous diffusiez l’implacable étude Gaudreault sur l’effondrement démographique des Canadiens-Français. Pourquoi donc l’avez-vous fait?


    Nous sommes en passe d’être mis en minorité absolue, les effets dénationalisants de notre déculturation se multiplient, et on en est encore là, à discourir État, langue, laïcité ou immigration, mais sans jamais aller à l’essentiel : l’imposture identitaire de cette damnée québécitude qui aura mis 50 ans à saper le rapport de force favorable -pour tous ces sujets vitaux!- qui nous avait tant coûté à établir : pas moins de 200 ans de luttes et de sacrifices.


    Aurons-nous tant vécu que pour cette infamie?


    • Alexandre Cormier-Denis Répondre

      28 février 2020

      Vous confondez la cause et l'effet.


      Ce n'est pas la « québécitude » qui a détruit la société traditionnelle canadienne-française, c'est l'hypermodernité libérale-libertaire et la contre-culture des années 1960. La construction de l'identité québécoise n'est que le résultat de cette transformation anthropologique. Il fallait un nouveau nom pour ce nouveau peuple déchristianisé, progressiste et féministe. L'originalité du Québec, c'est d'avoir voulu créer un nationalisme civique sans posséder d'État souverain. Il est possible que nous retournions à un nationalisme canadien-français, mais il faudra en assumer les conséquences, et je remarque que la plupart des gens qui défendent cette idée ne réalisent pas vraiment ce qu'ils proposent. Ils évitent la question centrale du retour à l'identité canadienne-française : la question ethnique. Or le tabou antiraciste demeure extrêmement fort dans toutes les sociétés occidentales. Il faudrait mener un combat culturel de longue haleine pour réhabiliter la conscience ethnique des Canadiens français.


      Par ailleurs, tous les mouvement séparatistes occidentaux - sauf les Flamands - sont dans la même situation que nous : le SNP écossais et les partis catalans sont tous soumis à l'idéologie diversitaire multiculturaliste. Le SNP a même refusé d'entretenir des liens avec le PQ, trouvant ce dernier trop « identitaire » (sic). Comme le PQ, ces partis veulent se séparer de leur État central « trop à droite » pour créer une société utopique multiethnique queer et transgenriste, tout en restant dans l'Union européenne. Ils ne veulent même pas la souveraineté de leurs États respectifs, mais simplement la séparation - sous la gouverne de Bruxelles et de l'ONU - au nom d'idéaux cosmopolites.


      Remarquons également que le problème de l'effondrement du sentiment national se pose partout en Europe de l'Ouest et même aux États-Unis ou le discours ethnomasochiste fait des ravages avec déboulonnage de statues et tutti quanti. Demain, en raison de l'immigration d'Amérique centrale, les Blancs seront minoritaires aux États-Unis, tandis que la France ne parvient plus à assimiler ses populations maghrébines et africaines tout en subissant sur son sol un séparatisme islamique.


      L'Occident au complet est en effondrement et le Québec ne fait que suivre le mouvement général.


      • Éric F. Bouchard Répondre

        3 mars 2020

        Merci d’avoir répondu. Cela permet de préciser nos pensées, notamment lorsque vous me parlez de « société traditionnelle » alors que je vous parle d’identité. C’est pourtant très distinct. Les Flamands catholiques traditionalistes raillés par Brel dans les années 50 n’ont plus grand-chose à voir avec ceux d’aujourd’hui, ils n’en demeurent pas moins Flamands. Ainsi en est-il des Canadiens-Français. Un Canadien-Français de 1780 n’a pas vécu comme ses descendants de 1840, de 1900 ou de 1950. Un changement de nom n’était pas plus nécessaire en 1968 qu’auparavant, à moins de vouloir, comme les néo-nationalistes, établir un peuple nouveau fondé sur l’idéologie progressiste. La québécitude n’est pas une cause, encore moins un effet, mais un outil conceptuel redoutable au service du progressisme sociétal. Et de fait, depuis son adoption, il n’y a plus aucun frein, aucune riposte politique sérieuse à ce qu’on appelle maintenant le post-nationalisme. On a beau démultiplier les attaques verbales contre le multiculturalisme canadian, la québécitude, elle, progresse toujours. La CAQ, résolument québécoise, le démontre bien avec sa laïcité et son interculturalisme qui ne feront, au mieux, qu’accorder certaines concessions temporaires aux « de souche » le temps qu’ils deviennent minoritaires. L’État du Québec n’est plus, comme dans les années 1960, au service de la nation canadienne-française, l’État joue contre elle.
        À partir de là, tout nationaliste devrait s’interroger. Si l’existence d’une nation française nous tient à cœur, on ne peut plus se contenter de soutenir bêtement le Québec en espérant qu’une fois souverain, il cesse de nous nuire.

        • Alexandre Cormier-Denis Répondre

          4 mars 2020

          Le cas Flamand est intéressant. Le nationalisme de Flandres demeure largement attaché aux valeurs traditionnelles considérées « réactionnaires » par toute l'intelligentsia québécoise. Leur nationalisme n'a rien à voir avec le romantisme tiers-mondiste et hippie qui a submergé le Québec des années 1960-70. La révolution anthropologique n'a pas eu lieu là-bas, même si comme toutes les sociétés occidentales, les Flamands sont pénétrés par le libéralisme. Pour faire simple, le nationalisme flamand est resté « de droite », tandis que le nôtre a été largement récupéré par la gauche (D'abord le FLQ, et le RIN, puis le PQ et maintenant QS).


          Je crois que vous vous trompez totalement sur les années 1960. C'est justement à cette période que l'État a amorcé sa guerre contre la civilisation canadienne-française, notamment en détruisant le cours classique pour le remplacer par les polyvalentes « à l'américaine » sous l'impulsion de Gérin-Lajoie, tout en évinçant l'Église des institutions scolaires et hospitalières. C'est également à cette époque que la Confédération des travailleurs catholique du Canada (CTCC) devient la CSN, aujourd'hui proche de QS. Quant à l'UN de Daniel Johnson, elle était traversée d'une aile fédéraliste pro-anglaise particulièrement active, comme l'histoire du parti l'a prouvé après sa mort.


          Je ne vois pas en quoi il faudrait opposer patriotisme québécois - la défense des intérêts du Québec - et nationalisme canadien-français - la défense des intérêts de la nation française d'Amérique. Il faut plutôt opérer une synthèse de ces deux éléments au lieu de les opposer inutilement. Le Québec a vocation à demeurer l'État national des Canadiens français, et ce, même si nous devenions minoritaires sur son sol.


          • Catherine Doucet Répondre

            5 mars 2020

            Votre dernière phrase me laisse extrêmement perplexe..
            Est-ce là votre credo?

            • Alexandre Cormier-Denis Répondre

              5 mars 2020

              Certainement pas mon credo, mais c'est un scénario auquel il faut sérieusement réfléchir puisque, selon les plus récentes recherches, c'est celui qui nous attend. Voir le lien ci-dessous :

              https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/nana.12568


              • Catherine Doucet Répondre

                5 mars 2020

                Ce que je vous demandais c'est: quand vous affirmez que le Québec a vocation de demeurer l'État national des Canadiens- Français, voulez- vous dire que même quand le cadre politique, le milieu médiatique Québécois refléteront la majorité québécoise qui ne sera pas nous, nous pourrons encore considérer le Québec comme notre État national?

      • Catherine Doucet Répondre

        28 février 2020

        Vous avez parfaitement compris: «il fallait un nouveau nom pour ce nouveau peuple déchristianisé, progressiste et féministe», en un mot; idéologique. Et si nous n'en voulons pas de cette nouvelle conception de l'identité nationale, ne pouvons-nous pas garder notre ancien nom? Qu'est-ce qu'il y a d'ethnique là-dedans?
        Et pourquoi terminez-vous en parlant de l'effondrement de l'Occident? Où donc vous situez-vous? Comment devons-nous comprendre votre rôle dans tout ça? En appelez-vous à une résistance contre cette fatalité, ou bien nous invitez-vous à suivre le mouvement? Il faudrait savoir...

        • Alexandre Cormier-Denis Répondre

          2 mars 2020

          Les Québécois ne sont plus exactement les Canadiens français d’antan. La révolution métaphysique de la sécularisation - initiée par le personnalisme des années 1950 et achevée par Vatican II - a spirituellement assassiné le catholicisme traditionnel de la société canadienne-française.


          Retourner à l'identité canadienne-française, c'est revenir à une conception ethnique - voir ethno-confessionnelle - de la nation. C'est sortir de la fiction du patriotisme civique québécois.


          Les Anglais du West-Island, les Juifs d'Outremont et les Haïtiens de Montréal-Nord sont tous techniquement québécois.


          Le retour au nationalisme canadien-français implique d'assumer les conséquences de ce retour de la question ethnique, et comme je l'ai dis plus haut, le tabou antiraciste demeure trop fort pour que cela soit réalisable dans un avenir rapproché.


          Détacher le Québec de l'effondrement général de l'Occident, c'est se voiler la face sur les causes profondes du malaise. La « québécitude » tant décriée n'explique pas tout. L'ensemble des sociétés occidentales vivent le même ethnomasochisme, le même effondrement démographique, la même culture de mort (banalisation de l'avortement et de l'euthanasie), la même xénophilie naïve, la même trahison gauchiste envers les classes prolétariennes, la même islamisation, la même décomposition identitaire, etc. Pour résister, les Occidentaux doivent mener une guerre culturelle de tous les instants contre l'instinct de mort de leurs propres peuples.


          Même si je suis très sympathique au retour de l'identité canadienne-française, il me faut admettre que l'identité québécoise est bien enracinée dans la conscience collective de nos concitoyens. Les nationalistes ne doivent pas vivre dans une bulle idéologique hors du monde : il nous faut garder le contact avec le réel sensible de notre propre peuple.


          Par ailleurs, si je ne croyais pas à une possible reconquête et à un sursaut national, je n'aurais pas fondé une OSBL nationaliste, ni une web-télé patriote et je ne travaillerais pas chaque jour à entretenir ce site.


          • Catherine Doucet Répondre

            3 mars 2020

            Tout ça est fort joli et bellement exprimé. J'en retient que vous êtes né québécois et que cette identité vous est donc en quelque sorte consubstantielle. Ce qui est tout-à-fait normal et légitime. C'est pourquoi vous considérez que le retour à l'identité canadienne-française est une démarche qui a quelque chose d'artificiel, de forcé.
            Pourtant, si vous êtes vraiment soucieux de préserver l'existence d'un pont entre le passé et l'avenir, afin de garder notre Nation inscrite dans la continuité qui est la sienne, vous ne pouvez pas ne pas réaliser que l'épisode québécois, tout comme l'épisode du délire baby-boomer, ne représentent qu'un tout petit hiatus à l'échelle du temps long de l'Histoire. Un tout petit hiatus qui pourrait bien se transformer en point final si nous ne cherchons pas ailleurs notre pivot existentiel. Car le«réel sensible de notre peuple» va de moins en moins correspondre à la réalité québécoise.
            C'est un peu ça qui est derrière la revendication identitaire canadienne-française; l'idée d'une prise de distance, d'une mise en perspective...

            • Alexandre Cormier-Denis Répondre

              4 mars 2020

              Je vous suis sur le fond.


              J'affirme cependant qu'il ne faut pas se voiler la face quant aux conséquences identitaires de ce que vous prônez. Et il ne faudra pas crier au scandale lorsque les tenants de l'identité québécoise - ou canadienne - dénonceront le retour du nationalisme ethnique.


              Nous allons vers une société qui sera de plus en plus divisée seront des clivages confessionnels, ethniques et civilisationnels. Le retour de « la question canadienne-française » a au moins le mérite de positionner le débat dans des termes clairs et compréhensibles par tous.


              • Catherine Doucet Répondre

                5 mars 2020

                Ethique ou pas ethnique, comment concevoir une identité qui ne soit pas façonnée par un héritage culturel, par une appartenance civilisationnelle déterminée?
                Mais vous parlez des tenants de l'identité québécoise... Encore une fois, de quelle identité êtes-vous le tenant, vous?
                Je continue de penser que le grand problème, c'est que notre peuple est en train de devenir étranger à sa propre culture, et qu'il est de moins en moins en mesure de saisir le lien qui unit son identité et son héritage.
                Je crois que si nous ne travaillons pas sur ce terrain, tout le reste est plus ou moins inutile. Et je crois aussi que pour mener à bien cette tâche (qui n'est certes pas facile), nous devrions mettre en commun toutes nos énergies et capacités.. Ais-je tort?

  • Alexandre Cormier-Denis Répondre

    24 février 2020

    Les Canadiens français hors Québec ne sont pas victimes de la « québécitude » et leur taux d'assimilation à l'anglais - frôlant les 75% en Colombie-Britannique - est pourtant beaucoup plus élevé que ceux du Québec.


    Remarquons par ailleurs que ce sont principalement les enfants d'immigrés qui gonflent artificiellement la demande pour le réseau collégial anglophone. Il se joue ici un phénomène de civilisation où l'immigration amène paradoxalement une uniformisation des sociétés menant à une américanophilie décomplexée. La culture américaine est désormais vue comme la culture commune du monde globalisé. Même l'hyperpuissance culturelle qu'est la France n'arrive pas à freiner le rouleau compresseur culturel américain.


    Il n'y a pas de réponse simple à la crise linguistique et culturelle actuelle, mais il est clair que ni la présente législation, ni le volume d'immigration envisagé par la CAQ ne nous sauveront de l'anglicisation.


    Par ailleurs, je doute que faire du français une simple langue « ethnique » des Canadiens français dans un Québec qui deviendra de facto de plus en plus multiculturel résoudrait le problème.


    • Éric F. Bouchard Répondre

      25 février 2020

      C’est vrai, la version canadian du néo-nationalisme –le multiculturalisme– a eu des répercussions dramatiques sur notre diaspora. Tout comme notre version provinciale –la québécitude– a aggravé les choses en coupant les liens avec elle. Mais ce n’est pas de ça qu’il s’agit ici : j’essaie de vous faire admettre que l’actualité témoigne souvent de la dénationalisation de notre jeunesse. Après 50 ans, les enfants de la québécitude sont désormais largement déculturés, anglicisés, plus soucieux de la planète que de leur fragile héritage national. Assurément, des facteurs mondiaux favorisent une telle évolution, mais ce qui importe ici est de comprendre que la québécitude, loin d’être un obstacle à ces facteurs extérieurs, en a plutôt accentué les effets. En nous faisant partager une même identité avec une communauté d’expression anglaise pleinement québécoise, la québécitude a détruit chez notre jeunesse l’idée même de nation française au profit d’une société alignée sur la normalité nord-américaine, où donc, l’anglais domine. C’est un vice majeur qui affaiblit toujours davantage notre sentiment national, un vice qui ne pourrait être combattu qu’en changeant de paradigme identitaire.