La proposition principale de l’équipe Ouellet
22 avril 2018
M. Labelle, vous semblez vouloir nous intéresser à parler de ce nouveau programme du Bloc québécois, alors parlons-en.
Le programme du BQ, quatre erreurs à corriger :
1 - Le document du Bloc québécois reconnaît onze nations ethniques autochtones mais ne reconnaît pas la douzième : la nation canadienne-française. Il s'agit d'une discrimination qui, parce qu'elle est commune passe inaperçue. Elle est néanmoins réelle.
Explication : Quand les Anglais ont pris le pouvoir - résultat d'une conquête militaire - tous les habitants qu'ils ont trouvé sur place - les vaincus - étaient sticto sensu des autochtones par rapport à eux. Selon moi, il faut revendiquer notre statut d'autochtone - de fondateurs du Canada - pour renverser la subordination politique qui nous prive toujours du droit d'assurer notre avenir.
2- Le Bloc désigne la présence au Québec d'un section de la nation majoritaire et dominante comme une « communauté minoritaire de langue anglaise ». Très mauvaise désignation. En amalgamant la nation dominante canadian dans une imaginaire « nation civique » avec les « francophones », le Bloc masque le rapport de domination et nous prive d'une positionnement indépendant pour la défense de nos droits. Nous sommes une majorité démographique qui n'a jamais cessé d'être une minorité sociologique. La nation québécoise imaginaire, bien amalgamée avec la nation canadian nous éloigne du statut d'égalité, qui est le seul véritable objectif.
3- La constitution envisagée par le Bloc serait forcément une constitution à l'image des deux constats précédents, un Québec indépendant serait un modèle réduit du Canada. Je vois un peu cette quête de constitution québécoise comme une diversion, une façon de se défiler du vrai combat : la préparation et la revendication de vraies négociations constitutionnelles avec Ottawa sur une base d'égalité des nations.
4- Les positions précédentes du BQ, sont dans le droit fil du paradigme péquiste, un fiasco historique. Elles conduisent à ne pas défendre nos droits, à remplacer le combat légitime pour l'égalité nationale par une pédagogie qui tourne en rond, sans dénoncer le droit de veto - ou de désaveu de la nation canadian au Québec sur notre avenir.
L'abandon de toute notion de colonialisme, dans le nationalisme civique désormais épuré de rapports de domination, ne permet plus d'expliquer correctement le sens de notre lutte. Je vous signale que la presque totalité du programme du Bloc revendique un changement de statut pour le Québec en invoquant des dysfonctionnements structurels ou conjoncturels. Bien que réels, ces problèmes ne sont pas fondamentaux, ils existent dans tout pays et ne forment pas une cause suffisante pour réclamer l'indépendance. Le plaidoyer du Bloc s'inscrit dans la dénationalisation de notre combat. Il s'inscrit dans la continuité du fiasco historique du paradigme péquiste.
GV