Le Bloc québécois et l’indépendance…

Chronique de Gilles Verrier


Il est temps de mettre la politique aux commandes du combat indépendantiste. Faut-il répéter que c’est l’adhésion de la majorité de nos compatriotes à l’essence de la souveraineté qui est le facteur décisif ? Ce qui prime c’est de partager le même but et de réunir les Québécois, où qu’ils se trouvent, en vue d’atteindre ce but.
Difficile de laisser sans réponse cette perche que nous tend notre compatriote M. Raymond Poulin. D’abord, les affirmations fortes doivent être démontrées ? J’y reviens. Ensuite, le fédéralisme est-il au Québec une idéologie étrangère ou une idéologie indigène. Dans le deuxième cas, le plus probable, nous aurions là une clé pour comprendre la transparence (il est omniprésent mais on ne le voit pas!) du fédéralisme dans le discours politique de nos souverainistes.
Je cite :
La mission du Bloc ne se limite pas à représenter l’option indépendantiste à Ottawa et à circonscrire les dégâts de l’appareil fédéral.
Selon notre ami, si les mots ont un sens, non seulement le Bloc s’acquitterait-il de sa mission de représenter l’option indépendantiste à Ottawa mais, tout en le faisant, il endiguerait en quelque sorte l’influence ou le déploiement de l’appareil fédéral au Québec. Pour étayer ces affirmations quelques exemples, quelques cas, quelques-uns seulement, parmi les plus illustres ou les plus mémorables, à tout le moins, certains cas dignes de mention devraient-ils être cités ? Je pense que oui. Je suis peut-être le seul à le penser mais je trouve votre affirmation surréaliste, sans prise sur la réalité et je vous demande de la justifier.
Pourtant la question est pertinente. En effet, comment juger (d’un point de vue indépendantiste) de la capacité du Bloc de représenter l’idée indépendantiste à Ottawa ? Pour porter un tel jugement, il faudrait d’abord que le Bloc affirme lui-même représenter les idées indépendantistes à Ottawa. Ce serait déjà une grande nouvelle. Car, par acquis de conscience, j’ai voulu vérifier. Je suis allé sur le site du Bloc québécois et j’ai trouvé effectivement quelques occurrences du mot indépendance mais c’est dans le contexte de la menace que le gouvernement Harper fait peser sur l’indépendance de la magistrature. De l’indépendance du Québec ? Niet ! Or, j’attends d’être mieux informé, mais pour l’instant je crois que vous attribuez une mission au Bloc québécois qu’il ne revendique pas. Alors d’où tenez-vous que le Bloc veut non seulement représenter l’option indépendantiste à Ottawa mais qu’il ne s’y limite pas ? Quelles sont vos sources ?
Je ne sais vraiment pas si je dois m’émouvoir ou si je dois trouver pathétique que des milliers de mes compatriotes vivent dans une sorte de rêve. Mais je comprends l’importance de s’accrocher à l’espoir pour un peuple, dont je suis, un peuple privé depuis toujours de l’agir par soi collectif. Or pour se libérer, la rigueur sur le plan des idées n’a pas de substitut. Pire, le rêve, l’illusion, le refus de prendre acte de la réalité est funeste.
Vous savez, le Bloc n’a pas la moindre idée de ce que serait représenter l’idée indépendantiste à Ottawa car je ne crois pas que cela fasse partie de ses préoccupations ou des priorités. Si cette question a été abordée, et si elle l’est toujours, c’est en des termes vagues, en des termes convenus et assez superficiels. Car pour défendre l’idée de l’indépendance à Ottawa, il faudrait être drôlement fort sur le plan politique. Et nos gens du Bloc ne le sont pas. Il faudrait savoir ce qu’est le fédéralisme. Pour l’instant, le Bloc s’en prend au fédéralisme d’ouverture de Harper, comme si le fait d’être ouvert (méchant Harper, il ne l’est pas vraiment !) pouvait rendre le fédéralisme plus acceptable pour nous. Le fédéralisme est en soi un régime annexionniste en ce qui concerne une nation minoritaire. Le Bloc ne comprend pas cela car il s’attaque à une nuance de fédéralisme que prétend favoriser Harper au lieu de s’attaquer à l’essence même du fédéralisme. Pour qui projette sérieusement de faire l’indépendance du Québec, c’est d’un niveau politique insuffisant, presque débile.
Je cite
Pendant ces années, les députés de ce parti ont appris à connaître non seulement l’appareil politique et administratif du Canada mais aussi la mentalité du ROC et de ses représentants. Ils ont également été à même de se documenter de première main sur des aspects d’un État moins familiers à un gouvernement purement provincial. Ils ont tissé des relations, au Canada et parfois à l’étranger, qui feront de certains d’entre eux des interlocuteurs valables et "facilitants" lors des discussions et des négociations inévitables qui précéderont et suivront la proclamation de l’indépendance. Qu’on aime cela ou pas, il existera à ce moment un contentieux dont certains dossiers se solderont par des tractations, soit une diplomatie officieuse et parfois secrète où l’on devra tenir compte des rapports humains existants et du degré de confiance que peuvent mutuellement s’accorder des adversaires qui ont appris à se connaître.
Bref, on doit reconnaître aux gens du Bloc d’avoir eu le talent de s’intégrer pleinement aux institutions fédérales tout en étant intimement lié aux plus nationalistes des Québécois. Mais c’est tout. Car c’est la nature du fédéralisme de favoriser la participation volontaire d’une nation annexée dans un parlement qu’elle ne contrôle pas. Si l’histoire ne continue pas dans le sens de notre annexion, sens qui a toujours prévalu jusqu’ici, elle retiendra que le Bloc a été un parti fédéraliste qui a contribué positivement à la construction du Canada en poursuivant l’œuvre d’intégration de la nation annexée dans les institutions établies par la nation majoritaire. Il aura mieux que quiconque lié les liens entre l’une et l’autre nation, comme vous le soulignez si justement, M. Poulin. La qualité fédéraliste propre au Bloc a été d’introduire pour la première fois et mieux que de tout temps, une présence québécoise plus dynamique et plus fervente au sein du parlement commun. C’est un mérite que le Canada reconnaîtra et il commence à le faire. On m’a répété que le but avoué du leader parlementaire à l’époque ou le Bloc était l’Opposition officielle était de constituer la meilleure opposition nationale que le Canada n’a jamais eue. Comme tit Québécois on a quelque chose à prouver, hein ! Êtes-vous fier ? Finira-t-il sénateur ou diplomate du Québec pour faciliter la proclamation de l’indépendance ?
Aucun parti politique à Ottawa ne peut faire quoi que ce soit pour l’indépendance du Québec à moins que ce parti soit le simple appendice d’un mouvement indépendantiste national dont la qualité politique reste à venir. La politique de l’indépendance et du fédéralisme nous ne savons pas ce que c’est, il suffit de voir le niveau des débats au PQ et au Bloc pour s’en convaincre. À l’instar de Claude Morin, il nous importe davantage de parler d’hypothétiques formules d’accessions à la souveraineté. On se fend à en analyser toutes les distinctions. On veut bien plancher sur les moyens, les partis, les pactes, les référendums et toute la plomberie mais la maîtrise de la politique a toujours été et demeure, pour leur grand malheur, le parent pauvre des indépendantistes québécois. Les espoirs suscités par le RIN ont été déçus, ceux suscités par le PQ et le Bloc le sont aussi maintenant. L’avenir reste ouvert mais un peuple privé de l'agir par soi collectivement s’égare naturellement et facilement.
Il faut souhaiter que le niveau des débats sur Vigile et ailleurs se relève rapidement et que des textes qui sont autre chose que des cris de ralliement ou des lieux communs nous donnent des raisons de fonder un espoir dans l’avenir. Il faut s’approprier des sources de connaissances solides pour comprendre la politique indépendantiste et fédéraliste dans leur essence comme dans leur dynamique. Le fédéralisme au Québec doit perdre sa transparence. Maurice Séguin, que je considère comme le père de l’indépendantisme rigoureux, intellectuel de haut niveau empreint d’un scepticisme de bon aloi, est celui qui mérite d’abord notre attention. Dommage que cet homme n’ait pas mêlé l’action politique à son œuvre, son questionnement prenait probablement toute la place.
G. Verrier

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Gilles Verrier139 articles

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Entrepreneur à la retraite, intellectuel à force de curiosité et autodidacte. Je tiens de mon père un intérêt précoce pour les affaires publiques. Partenaire de Vigile avec Bernard Frappier pour initier à contre-courant la relance d'un souverainisme ambitieux, peu après le référendum de 1995. On peut communiquer avec moi et commenter mon blogue : http://gilles-verrier.blogspot.ca





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6 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    9 août 2007

    Doit-on expliquer et faire comprendre l’indépendance nationale aux Québécois ?
    9 août 2007 Bruno Deshaies
    Monsieur Bousquet écrit :
    « Ayoye ! Ce genre de langage ne va pas passer facilement chez le Québécois moyen. Ce n’est pas loin de celui de M. Boisclair à la dernière élection. »
    « Ce n’est pas en tentant d’endoctriner les Québécois, en remplaçant le Conseil de la souveraineté par un autre organisme d’éducation indépendantiste" que les indépendantistes vont faire mieux avancer la cause. »
    Les grand mots : « Ayoye ! » et « …endoctriner les Québécois… ».
    J’ai pourtant écrit ceci :
    « La population québécoise attend et s’attend à ce que les indépendantistes défendent honnêtement et avec sérénité la nature et l’essence même de la fin qu’ils poursuivent. »
    Je respecte votre perception de l’état de santé mentale des Québécois et des Québécoises, mais mon expérience m’a appris que la population québécoise ne demande pas mieux que de comprendre les fondements profonds de notre nationalisme afin de mettre fin aux turpitudes dont elle fait continuellement les frais. Que le message ne parvienne pas à passer facilement, cela se comprend très facilement et c’est pourquoi il importe au premier plan d’entreprendre ce combat en expliquant la nature véritable de l’indépendance. Ce n’est pas « Ayoye ! » qu’il faut dire. Il faut se mettre au travail.
    Quant à la question d’endoctrinement, je ne vois pas où vous allez chercher cet argument contre les indépendantistes qui ne feraient qu’expliquer et faire comprendre l’essence de l’agir par soi collectif pour une nation qui se croit distincte et qui veut le demeurer avec des institutions dignes d’une nation indépendante.
    Un dernier mot. Vous écrivez aussi : « Les Québécois vont choisir la souveraineté quand ils penseront être plus heureux souverains... point. » Le SUJET QUÉBÉCOIS n’est pas qu’un sujet ÉCONOMIQUE, il est aussi un sujet POLITIQUE et un sujet CULTUREL. Il sait intimement qu’il est mêlé et que des forces supérieures le tenaille continuellement. Et, profondément, il cherche à se libérer mentalement des chaînes qui le retiennent et qui l’empêchent d’affirmer collectivement son indépendance en tant que société distincte. Le temps ne fera pas son œuvre tout seul. La société québécoise a besoin d’aspirer à son indépendance nationale. Or, l’élite indépendantiste devrait faire son travail. Quel mal y aurait-il à cela ?
    Mes salutations sincères.

  • Archives de Vigile Répondre

    9 août 2007

    M. Bruno Deshaies écrit : «Les Québécois et les Québécoises sont avides de mieux connaître ce que recèle la nature profonde de l’agir par soi collectif d’une nation et ce qu’une telle idée représente exactement»,
    Ayoye ! Ce genre de langage ne va pas passer facilement chez le Québécois moyen. Ce n'est pas loin de celui de M. Boisclair à la dernière élection.
    Les Québécois vont choisir la souveraineté quand ils penseront être plus heureux souverains...point. Pour l'instant, ils sont en mode attente du fédéralisme d'ouverture de M. Harper après les maladresses des Libéraux fédéraux de M. PET "les mesures de guerre" Trudeau et de Jean "à ce moment ici" Chrétien qui confrontaient les nationalistes québécois comme s'ils souhaitaient la souveraineté du Québec à la place de tenter de s'en rapprocher.
    Ce n'est pas en tentant d'endoctriner les Québécois, en remplaçant le Conseil de la souveraineté par un autre organisme d'éducation indépendantiste" que les indépendantistes vont faire mieux avancer la cause.

  • Archives de Vigile Répondre

    8 août 2007

    Comment travailler à la désintoxication fédéraliste
    Mercredi, 8 août 2007 Bruno Deshaies
    Une lutte sur le régime ne se conduit pas de la même manière qu’une lutte dans le régime ni même comme une lutte sociale (par. ex. : les luttes syndicales, etc.). L’ordre de grandeur ainsi que la nature de la lutte sont nettement plus imposants, considérables et surtout majeurs. Il s’agit de la vie collective dans son ensemble de toute une société dans la globalité de ses « forces » politique, économique et culturelle.
    Notre problème fondamental consiste à bien comprendre d’abord le fonctionnement de notre annexion. Il y a là une notion capitale à évaluer dans l’optique indépendantiste. De plus, il importe au plus haut point d’admettre que politiquement le Québec subit essentiellement une situation de facto de remplacement, c'est-à-dire d’oppression essentielle, soit de la perte de son agir par soi collectif. Il est limité in se dans et par la loi constitutionnelle de 1867 et de ses ajustements et de ses conséquences jusqu’à nos jours (par ex.: annexion de nouvelles provinces ou de territoires, du rapatriement de la constitution en 1982, etc.). Vu sous cet angle, l’essence de la lutte nationale n’a pas changé d’un iota depuis la Proclamation Royale de 1763, sinon que le Canada-Anglais a appris à toujours mieux se défendre contre le séparatisme des Québécois-Français (antérieurement Canadiens, puis Canadiens-Français). En revanche, le Québec subit une diminution de richesse d’être collective et, par ricochet, individuelle.
    Le Québec est dans une situation où il subit une inégalité politique, économique et culturelle sur place et tout autant de voisinage. Il subit aussi la concurrence et fait face à diverses formes de restriction qui peuvent conduire à l’élimination. Qu’il le veuille ou non, le Québec est soumis à la prépondérance de la plus grande force qui est d’abord et avant tout canadian et, négativement, à sa situation de minoritaire au Canada et en Amérique du Nord.
    Pour sortir de ce dilemme, les Québécois doivent apprendre à penser dans l’esprit d’une dynamique intégrale (interne) de la société qui est la force d’une nation indépendante. Par delà cette première analyse, l’indépendantiste doit comprendre vraiment l’optique indépendantiste parce qu’il est coincé dans et par l’idéologie fédéraliste et certaines idées hypocritement humanistes du fédéralisme et de l’impérialisme. Il doit parvenir à exorciser l’illusion fédéraliste. C’est là son chemin de Damas. Il lui faut alors suivre une cure de désintoxication fédéraliste s’il veut affirmer et défendre l’indépendance du Québec. Sans cette base conceptuelle, les Québécois ne feront que répéter le discours fédéraliste mitigé de leurs ancêtres broyés depuis l’Union, à tout le moins, dans l’annexion canadian. En ce moment, le Bloc québécois est en train de subir la même médecine que Louis-Hyppolite LaFontaine en 1840. Personnellement, je pense que le sort de Gilles Duceppe est déjà scellé par le Canada-Anglais.
    Nos débats sur les subtilités des stratégies à suivre, les critiques contre nos prédécesseurs nationalistes autonomistes, les hauts cris de désespoir au sujet des oppressions accidentelles que nous subissons constituent un terreau favorable à l’assimilation, soit l’action ou le processus en cours pour fondre un groupe humain dans une nation déjà existante. Sans compter notre aveuglement à ne pas voir la pesanteur des chaires du Canada instaurées dans toutes nos universités québécoises et ayant à leur sommet la pieuvre tentaculaire du CÉRIUM dédié subtilement à la diffusion de l’idéologie fédéraliste et à toute l’ambiance du discours impérialiste.
    En ce moment, le premier devoir des indépendantistes devrait consister à apprendre d’abord, puis à transmettre, à diffuser, à répandre et aussi à répondre à leurs opposants fédéralistes. Par exemple, il serait bien que les chroniqueurs de VIGILE développent une pensée convergente sur les notions essentielles de l’indépendance. Il serait souhaitable, par exemple, que toutes nos discussions fassent naître autre chose qu’une sorte de nouvel Institut du Nouveau Monde. La création d’une véritable Académie de l’indépendance devrait remplacer le pitoyable Conseil de la souveraineté qui est complètement paralysé. Les indépendantistes doivent organiser leurs idées afin d’agir plus efficacement.
    La population québécoise attend et s’attend à ce que les indépendantistes défendent honnêtement et avec sérénité la nature et l’essence même de la fin qu’ils poursuivent. Les Québécois et les Québécoises sont avides de mieux connaître ce que recèle la nature profonde de l’agir par soi collectif d’une nation et ce qu'une telle idée représente exactement. Aucun parti politique ne peut faire ce travail de sape essentiel à la naissance du Québec-Nation qui serait finalement doté d’un État souverain tant à l’interne qu’à l’externe.

  • Archives de Vigile Répondre

    7 août 2007

    En effet, Monsieur Verrier, je me joins à M. Poulin pour vous demander de nous éclairer sur ce qui devrait être fait et que vous semblez savoir.
    J'irai plus loin en vous demandant pourquoi cette action n'a pas été réalisée jusqu'à maintenant, et quelles sont les conditions pour qu'elle le soit. Ce qui nous amène à cette autre question: à votre avis, quand ces conditions seront-elles remplies? Dans 3 mois? 3 ans? 30 ans? Évidemment, je ne vous demande pas une réponse du type "dans 2 ans, 3 mois et 5 jours". Je vous demande une estimation sommaire.
    Parce que si vous savez ce qu'il faut faire, vous devez avoir un plan d'action qui, je l'espère, n'ira pas jusqu'à exiger que la majorité des Québécois maîtrise les rudiments de la pensée de Maurice Séguin, parce qu'il s'agirait là - à mon avis - d'une chimère, tout aussi nuisible que celles que vous dénoncez. De plus, la solidarité indépendantiste voudrait que vous puissiez faire bénéficier de vos lumières vos collègues, tout aussi indépendantistes que vous, mais vivant dans l'obscurité d'une pensée peut-être pas aussi structurée que celle de M. Séguin.
    Je comprendrais que vous ne vouliez pas faire étalage sur la place publique d'un éventuel plan d'action, mais j'espère que vous accepteriez de le partager privément avec quelques-uns d'entre nous, afin que nous puissions nous faire notre propre idée sur votre stratégie.
    Par ailleurs, je suis entièrement d'accord avec le bilan que vous faites du rôle qu'a joué le Bloc jusqu'à maintenant, et c'est ici que je me dissocie d'ailleurs de M. Poulin. Il est très clair que le Bloc joue un rôle DANS le régime et non SUR le régime.
    Suzanne Lachance

  • Raymond Poulin Répondre

    7 août 2007

    En effet, cher monsieur Verrier, le fédéralisme au Québec me semble une idéologie plutôt indigène, la sortie de secours imaginée par ceux qui crurent que la constitution de 1867 était un pacte entre deux peuples. Le crurent-ils vraiment où trouvèrent-ils là une stratégie de substitution faute de mieux? À une époque où presque personne ne croyait à la possibilité d'un Québec indépendant — scepticisme justifié pendant toute la période de la révolution industrielle où tous les capitaux, toutes les entreprises d'envergure, tous les leviers et les postes importants étaient détenus par le "Golden Square Mile" — et où les Canadiens français ne voyaient pas le Québec comme leur seule base territoriale mais se considéraient comme une nation répandue d'une mer à l'autre, une nation dont la vitalité démographique pouvait leur faire escompter former un jour la majorité au Canada, il faut bien admettre que cette stratégie, qu'elle ait reposé sur une croyance ou sur la ruse (je dirais les deux), constituait peut-être la seule solution imaginable vu le contexte et la situation.
    La transparence du fédéralisme se retrouve dans le discours politique de beaucoup de souverainistes, bien entendu, et pour plus d'une raison. D'abord, on n'emploie pas une telle stratégie pendant aussi longtemps sans qu'elle se répercute sur plusieurs générations. Comme on peut le voir, ce retentissement, même s'il s'est atténué ou même a disparu chez plusieurs, a encore prise sur beaucoup de Québécois, y compris certains (les adeptes du trait d'union) qui se croient souverainistes. Par ailleurs, pendant les moments creux où l'aiguille de l'indépendance oscille vers le bas, les gouvernements péquistes règlent leur discours en conséquence. On peut critiquer la tactique, mais c'est un fait qu'on l'a utilisée, ce qui a peut-êre permis au PQ de conserver le pouvoir plus longtemps mais a aussi occulté la propagande et l'éducation indépendantiste, ce pourquoi, sans doute, naissent plusieurs mouvements et particules qui ne menacent pas grand-chose et se montrent le plus souvent sectaires mais servent du moins à répandre l'argumentaire de l'indépendance. Cela provoquera également des "dommages collatéraux", mais voilà une autre histoire. Ce fédéralisme transparent ne disparaîtra pas par enchantement.
    «La mission du Bloc ne se limite pas à représenter l'option indépendantiste à Ottawa et à circonscrire, etc...» Dire que la mission de ce parti comprend cette représentation et cet endiguement ne signifie pas qu'il y a réussi, ce que la teneur de votre texte me fait prétendre à tort. Mon «affirmation» s'arrête, dans cette phrase, à mentionner ce qui allait de soi dans sa mission; je n'ai pas à fournir de preuves de ce que je n'ai pas avancé. Je me suis sans doute mal exprimé sinon votre troisième paragraphe relèverait de la sophistique.
    Non, le Bloc ne passe pas son temps à prêcher l'indépendance à la Chambre des communes puisqu'il est officiellement indépendantiste et connu comme tel au Canada; pourquoi cela devrait-il faire partie de ses priorités que de le rappeler à tout moment? Qui gagnerait quoi à cette litanie? Le Bloc, il me semble, a surtout pour mission — dans le Parlement d'un État dont nous faisons encore partie et où nous payons taxes et impôts — de préserver, autant que faire se peut, les intérêts du Québec. On ne peut tout de même pas lui reprocher de ne pas faire davantage que le lui permet le rapport de force, certes variable mais qui dépend néanmoins de l'arithmétique.
    De par sa seule existence, le Bloc, vous le savez bien, récuse le fédéralisme dans l'absolu mais se situe forcément à l'intérieur de la mécanique parlementaire canadienne. Sa stratégie du taon, du grain de sable et même ses échecs contribuent modestement à alimenter le goût de l'indépendance. On peut affirmer qu'il a été créé également afin de donner un sens au vote des Québécois à Ottawa. Il est plus logique, moins nocif et plus simple, je crois, de convaincre les Québécois de voter pour le Bloc que de s'abstenir ou de voter pour n'importe quel autre parti fédéral. Ces votes rappellent à tout le monde la situation et, à défaut d'une autre atratégie en ce qui concerne notre présence au parlement canadien, j'abonde dans le sens de M. Bergeron (voir son article du 7 août).
    Ce que j'ai développé dans mon article à propos des liens et de l'expertise qu'a acquise le Bloc — et qui s'avérera bien plus utile, à mon avis, que ne le pensent ceux qui voient la politique comme un affrontement purement manichéen — , vous le dédaignez en faisant de lui un faire-valoir du Canada. Vous avez là-dessus le même point de vue que les radicaux qui prétendent presque à sa trahison objective et fatale. Tant que suffisamment de Québécois ne deviendront pas indépendantistes définitivement — et pas seulement, comme après l'échec de Meech, le temps court d'une colère —, il est préférable que le Bloc perdure. Sur le plan de la logique binaire, c'est une aberration, mais la nature des choses, dans les affaires humaines, ne relève jamais de la logique binaire.
    Ce que vous dites de la maîtrise de la politique par les partis indépendantistes ne peut être récusé, bien qu'il faille aussi tenir compte de l'état de réceptivité de la population, mais on attend toujours, depuis vos premiers textes sur le sujet, que vous nous éclairiez sur ce qu'il faudrait faire et que vous semblez savoir. À défaut de profiter de vos lumières, il faut bien s'arranger des moyens du bord...
    Raymond Poulin

  • Archives de Vigile Répondre

    7 août 2007

    On peut bien palabrer sur les buts réels ou cachés du Bloc à Ottawa mais il faut simplement se demander si M. Gilles Duceppe comprend bien ce qu'il dit dit régulièrement : «Nous pensons au Bloc que la politique du pire et la pire des politiques.» Il nous traduit ça par : Le Bloc fait tout ce qu'il faut pour aider le Québec dans le Canada, à Ottawa en appuyant les bonnes politiques qui aident le Québec.
    Voici donc que le Bloc "parti fédéral qui s'est engagé à aider la souveraineté du Québec à se réaliser depuis 16 ans", pense que de travailler à améliorer la place du Québec dans le Canada, va l'inciter à s'en séparer. ALLÔ !
    Selon moi, ce raisonnement est totalement absurde. C'est un peu comme dire : On va tout faire pour aider à harmoniser ce couple là afin de l'aider à divorcer plus tard.
    Jusqu'à preuve du contraire, le Bloc est souverainiste pour le Québec. M. Lucien Bouchard, son premier chef a transféré directement au PQ et M. Duceppe a passé très près, si ce n'avait été de Mme. Marois, de faire de même. "Sauf pour ceux qui pensent que le PQ est déjà fédéraliste".
    PQ est tellement souverainiste qu'il avait même enlevé, avant la dernière élection, le trait d'union et le l'association ou le partenariat qui reliait à la souveraineté à son programme, pour faire plus indépendantiste.
    Un parti souverainiste ne devrait jamais tenter de gouverner au niveau provincial ou fédéral, un féfération dont il veut se séparer parce, qu'à ce jeu, il ne peut que perdre son but.