L’enseignement des mathématiques
10 septembre 2007
Enfin, on commence à en sortir de ce discours pseudo-scientifique qui mise tout sur les maths! Au collégial, beaucoup d'étudiants, qui ont par ailleurs un bon dossier en mathématiques, maîtrisent beaucoup moins bien la langue. Or quel est l'outil indispensable à la compréhension dans toutes les disciplines de même que la base essentielle de toute communication? La langue, et c'est justement là où le bât blesse chez la plupart, de même que la principale cause des échecs au collégial et même à l'universitaire. J'ai toujours été sidéré de constater qu'il n'y a pas moyen de faire comprendre cette évidence, d'ailleurs chiffrée, aux hauts fonctionnaires du MELS et aux différents ministres de l'Éducation qui se sont succédé depuis au moins 25 ans. Et ce n'est pas leur examen national, à la fin du collégial, qui y changera quelque chose, surtout lorsqu'on le traficote pour assurer un taux de réussite rassurant, d'autant plus que ce n'est pas à l'âge de 19 ou 20 ans qu'il faut constater le problème des étudiants. J'ai bien hâte de voir comment on va réussir à aggraver la situation avec le socio-constructivisme par-dessus l'approche par compétences, où l'élève consultera, par exemple, sa grammaire à son gré "lorsqu'il en sentira le besoin", comme je me le suis déjà fait répondre par un promoteur de cette quincaillerie. Comment sentir le besoin de ce qu'on ne sait pas qu'on ignore? Je passe le tiers des cours à "traduire" oralement les textes en langage familier. Il faut presque menacer les étudiants d'une sortie de cours pour qu'ils daignent consulter leur dictionnaire ou même pour qu'ils s'en procurent un. Si je veux obtenir des résultats potables, je dois d'abord leur enseigner, en première session, ce que, avant même les années soixante, nous apprenions en huitième ou neuvième année, soit l'équivalent de secondaire 2 et 3. Pendant leur secondaire, la plupart n'ont même pas lu en entier plus de trois ou quatre oeuvres littéraires, et encore, pas toujours de la meilleure eau. Inutile de dire qu'à l'exception des termes les plus courants de la langue, leur vocabulaire est plutôt en carence. (Il va sans dire que je ne blâme pas les étudiants de la situation.) Est-ce ainsi qu'on forme une nation?
Raymond Poulin