Algérie : 28 manifestants condamnés à de la prison ferme pour avoir arboré un drapeau berbère

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L'Algérie ne rigole pas avec le sécessionnisme kabyle


Arrêtés en possession d’un drapeau berbère, 28 manifestants ont été condamnés par un tribunal algérien à 12 mois de prison dont six ferme pour «atteinte à l'intégrité du territoire national». Le verdict a provoqué l'indignation des familles.


La justice algérienne a condamné ce 12 novembre 28 manifestants à 12 mois de prison, dont six ferme, pour «atteinte à l'intégrité du territoire national». Selon le Comité national de libération des détenus (CLND), les prévenus ont écopé de cette peine pour avoir arboré un drapeau berbère lors de manifestations contre le pouvoir.


Le Parquet avait requis une peine de deux ans de prison, assortie d’une amende de 100 000 dinars (environ 750 euros) ainsi que la confiscation des drapeaux. En face, la défense, assurée par près de 70 avocats, avait plaidé l’acquittement. Les avocats ont notamment argué qu’aucune loi ne stipule l’interdiction «de brandir un drapeau [berbère]». Tombé à 2h30 du matin (heure locale), le verdict du tribunal algérois de Sidi Mhamed a été accueilli avec colère par les familles des prévenus qui avaient fait le déplacement.


«Justice du téléphone», ont-ils scandé alors que la justice est accusée par nombre de manifestants d'être instrumentalisée par le pouvoir.


Avant le début même de l’audience, plusieurs centaines de personnes s’étaient rassemblées devant le tribunal en soutien aux prévenus. «Libérez les détenus» et «Pouvoir, assassin», pouvait-on entendre parmi la foule.


Cette décision de justice survient quelques mois après l’avertissement lancé par le chef de l'état-major de l’armée, Ahmed Gaïd Salah. Alors qu’il réaffirmait l’engagement de l’armée à protéger le peuple algérien et à garantir la sécurité du pays «en toutes circonstances», le patron de l’armée avait fustigé la présence de drapeaux autres que celui de la nation algérienne lors des manifestations. Ces propos avaient été rapidement interprétés sur les réseaux sociaux et dans une partie de la presse comme une attaque à peine voilée à l’égard des Algériens berbérophones, qui représentent entre 20 et 30% de la population du pays. 


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