Allemagne : polémique après les propos xénophobes d'un dirigeant de la Bundesbank

Laïcité — débat québécois


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->http://www.lemonde.fr/europe/article/2009/10/12/allemagne-polemique-apres-les-propos-xenophobes-d-un-dirigeant-de-la-bundesbank_1252687_3214.html]Ses propos ont d'abord suscité une vague d'indignation en Allemagne. Interviewé par la revue culturelle berlinoise Lettre International sur la problématique de l'intégration, Thilo Sarrazin, administrateur de la Bundesbank et ancien sénateur des finances de Berlin, n'y était effectivement pas allé avec le dos de la cuiller : "Les Turcs conquièrent l'Allemagne exactement comme les Kosovars ont conquis le Kosovo : avec un taux de natalité élevé", avait déclaré le social-démocrate, disant ne pas accepter "ceux qui vivent aux crochets de l'Etat, rejettent ce pays (...) et fabriquent sans arrêt des petites filles avec des foulards". En guise de conclusion, M. Sarrazin avait décrété qu'un "grand nombre d'Arabes et de Turcs (à Berlin) n'ont aucune fonction productive à l'exception de la vente des fruits et des légumes".
Depuis dix jours, la polémique enfle. Aux critiques ont succédé les appels à la démission. La direction de la Bundesbank et le SPD disent réfléchir à des sanctions. Vendredi, le Conseil central des juifs d'Allemagne a comparé le fauteur de troubles à "Goering, Goebbels et Hitler". Pourtant, une autre discussion émerge, encouragée par certains journaux qui estiment que les réflexions de M. Sarrazin, même controversées, ciblent des problèmes bien réels.
Dimanche 11 octobre, dans une tribune publiée par le Bild am Sonntag, le président de l'Institut d'économie de Berlin (DIW), Klaus Zimmermann, a plaidé pour la création d'un ministère de l'intégration. "Nous avons trop longtemps refoulé le fait que nous sommes devenus une terre d'immigration, y compris lors de la campagne électorale", a-t-il regretté. Alors que les chrétiens-démocrates (CDU) et les libéraux (FDP) sont en train de négocier pour la formation d'un gouvernement, M. Zimmermann a souhaité que la polémique déclenchée par Thilo Sarrazin soit un "appel au sursaut".
Une certaine adhésion
Plus troublant, au sein même de l'opinion, les remarques du personnage rencontrent une certaine adhésion. Dans un sondage Emnid publié dimanche par Bild, 51 % des personnes interrogées jugent que la majorité des immigrés turcs et arabes "ne peuvent ni ne veulent s'intégrer". Selon une autre enquête, menée via Internet par le quotidien Kölner Stadt Anzeiger, 43 % des sondés trouvent les termes de M. Sarrazin exagérés mais son opinion juste sur de nombreux points.
Le déficit d'intégration de la communauté d'origine turque fait régulièrement débat en Allemagne. Le taux d'échec scolaire des jeunes et leur difficulté à intégrer le marché du travail ont été soulignés par une série d'études. Ces dernières années, les politiques se sont aussi alarmés du développement de communautés parallèles, révélé lors de procès liés à des "crimes d'honneur".
Marie de Vergès


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