Des militants radicaux compilaient des renseignements sur les personnalités politiques connues pour leur soutien aux réfugiés. Accumulant armes et munitions, ils envisageaient de se procurer des sacs mortuaires pour se débarrasser des corps.
Des terroristes allemands d’extrême droite préparaient-ils une attaque? C’est ce que se demandent les autorités allemandes, selon les informations de l’agence RedaktionsNetzwerk Deutschland. Selon cet organe de presse basé outre-Rhin, les membres du groupe structurés autour de la messagerie Telegram et localisés dans le nord-est du pays, avaient établi une longue liste de personnes à viser. S’étant procurés des armes et de nombreuses munitions, ils envisageaient de commander 200 sacs mortuaires et ainsi que la chaux. Des éléments qui leur auraient permis de faire disparaître d’éventuels corps.
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Les autorités enquêtent depuis 2017 sur ce groupe baptisé «Nordkreuz» (croix nordique), regroupant des survivalistes, ou «preppers», d’après un mot anglais que l’on peut traduire par «prévoyants». Une trentaine de personnes communiquaient entre elles par le biais de l’application cryptée et se préparaient à ce qu’elles appellent le «jour X», date à laquelle la société serait censée s’effondrer, notamment à cause du nombre de réfugiés arrivant en Europe et la multiplication d’attaques islamistes.
Une liste de 25.000 noms
Selon les médias allemands, la plupart des membres de ce groupe sont membres des forces de l’ordre ou de la Bundeswehr, l’armée allemande. À la mi-juin, la justice a ordonné une série de perquisitions à Schwerin à la suite desquelles trois hommes ont été arrêtés, deux policiers et un membre des forces spéciales. Ils sont soupçonnés d’avoir détourné, depuis 2012, environ 10.000 cartouches.
Autre fait troublant, toujours selon RedaktionsNetzwerk Deutschland, les enquêteurs auraient découvert dans les ordinateurs saisis, une liste de 25.000 noms et adresses, obtenus notamment grâce aux moyens de la police, correspondants à des personnalités perçues comme «proréfugiées», souvent issues du monde politique. Les membres de «Nordkreuz» auraient cherché des cibles potentielles dans leur environnement immédiat pour les placer sur cette liste de personnalités à abattre.
Des précédents
Cette pratique n’est pas une première du côté de l’extrême droite allemande. Au cours des années 2000, le groupe NSU (Clandestinité nationale-socialiste) s’était attaqué à des immigrés et des policiers, faisant au total 11 victimes. Les trois membres du groupe avaient dressé une liste de 10.000 personnes à abattre.
En 2017, un soldat de la Bundeswehr avait été arrêté. Il s’était fait passer pour un réfugié Syrien et préparait un attentat. Lui aussi avait dressé une liste de personnalités à éliminer. On y trouvait l’ancien président allemand ou encore la ministre de la Justice en exercice.
Depuis quelque temps un climat de tension règne outre-Rhin. Le 2 juin dernier, le haut fonctionnaire Walter Lübcke, connu pour ses prises de position en faveur de l’immigration, a été assassiné. Son meurtrier, retrouvé deux semaines plus tard, membre de la mouvance néonazie, a reconnu l’avoir abattu pour des raisons politiques. Depuis, nombre d’élus ont confessé avoir été victimes de menace de la part de la part de groupuscules radicaux. Certains doivent vivre sous surveillance policière.