André Pratte ferme les yeux sur les propos contradictoires de Mark Carney

Petite leçon de realpolitik à André Pratte

André Pratte critique la proposition du Scottish National Party de vouloir conserver la livre sterling comme devise. Il rappelle à cet effet les propos de Mark Carney, gouverneur de la Banque d’Angleterre et ancien gouverneur de la Banque du Canada. Pratte critique par la bande la possibilité souvent avancée qu’un Québec indépendant conserve comme devise le dollar canadien.
Il est toutefois surprenant qu’André Pratte écrive « Qu’un État seul n’aura souvent pas les ressources pour soutenir un secteur financier en déroute. En l’absence d’outils communs pour stopper l’hémorragie, la crise ne pourra que s’étendre et s’aggraver.»
Or, la Grande–Bretagne a choisi d’être « un État seul » et de ne pas faire partie de la zone Euro! Je ne veux pas débattre du bien-fondé d’une telle décision, mais à tout le moins faire ressortir qu’il y a là une contradiction évidente dans la thèse que défend André Pratte.
Pratte poursuit toujours en citant Carney et je cite « Autrement dit, a conclu Mark Carney, une union monétaire durable et réussie exige que chaque pays cède une partie de sa souveraineté nationale ». Carney dit bien « chaque pays », et non pas un seul des pays concernés. Ainsi donc, l’Écosse devrait céder une partie de sa souveraineté nationale qu’elle ne possède d’ailleurs pas actuellement (!), et la Grande-Bretagne devrait, elle, renoncer à une partie de sa propre souveraineté nationale qu’elle possède quant à elle pleinement!
Cela exigerait bien sûr d’importantes négociations, mais les Britanniques sont bien conscients que la santé de leur monnaie repose en bonne partie sur le pétrole de la Mer du Nord. Britanniques et Écossais ont donc tout intérêt à négocier les meilleures conditions tant pour la Grande-Bretagne que pour l’Écosse, si les Écossais choisissent de se donner un pays.
André Pratte ajoute plus loin et je cite encore « Il ( le Québec ), lui faudra négocier une nouvelle union monétaire. Et rien ne garantit qu’elle sera plus avantageuse pour le Québec que le système en place aujourd’hui. Le contraire est plus probable.»
Précisons que le Québec n’est représenté que par une personne au sein de la Banque du Canada, alors que des négociations entre deux pays se dérouleraient d’égal à égal. On me dira que le Canada pèsera plus lourd dans la balance, mais cela est tout autant vrai lorsque la Canada négocie avec les États-Unis ou avec la Communauté Européenne, n’est-ce pas?
Et tous les ténors fédéralistes applaudissent alors la grande intelligence des représentants canadiens de pouvoir en arriver à d’heureux résultats avec des partenaires bien plus puissants. Pourquoi cela serait-il impossible que les Québécois puissent être aussi « intelligents »?
Je me suis souvent adressé à des gens d’affaires canadiens d’un bout à l’autre du Canada et je leur demandais s’ils souhaitaient vraiment qu’un Québec souverain connaisse de si graves problèmes économiques qu’il en soit incapable de faire affaire avec le Canada et conséquemment d’acheter leurs produits! Habituellement, après un grand silence, nous discutions de façon intelligente, chacun y recherchant son intérêt, sachant que pour l’atteindre encore faut-il que l’autre y trouve également le sien. On peut certes avoir des intérêts divergents, mais les intérêts fondamentaux des uns et des autres exigent que nous puissions trouver des objectifs communs.


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