Amélie Daoust-Boisvert - Les fédérations étudiantes collégiale et universitaire promettent de tout mettre en œuvre, dans les limites de la Loi électorale, pour stimuler la ferveur électorale des 18-34 ans, rappeler le bilan « désastreux » des libéraux et faire valoir les revendications des jeunes.
« Nous serons apartisans, mais pas apolitiques », a lancé en conférence de presse hier matin la présidente de la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ), Martine Desjardins, un carré rouge en tricot à la boutonnière.
Les étudiants poursuivent l’objectif avoué de faire mordre la poussière aux libéraux de Jean Charest, qui ont d’ailleurs donné le ton hier en faisant de la question étudiante un élément central de ce début de campagne. « On n’encourage pas les gens à voter libéral. Il faudra penser à changer de gouvernement », affirme Mme Desjardins.
Sa collègue de la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ), Éliane Laberge, croit qu’« on a rarement connu un gouvernement aussi fermé d’esprit, irresponsable et méprisant de sa jeunesse. C’était pourtant grotesque [selon Jean Charest] de déclencher des élections sur le dos de la crise étudiante. »
La Coalition large de l’association pour une solidarité syndicale étudiante, la CLASSE, n’était pas à leurs côtés hier. Pour son porte-parole Gabriel Nadeau-Dubois, « résoudre le conflit par la voie électorale est irresponsable, mais maintenant, si c’est le pari que le PLQ veut faire, on va être partout au Québec pour faire valoir nos idées ». La CLASSE poursuivra essentiellement sa tournée des régions amorcée en juillet.
La FECQ et la FEUQ veulent faire passer le taux de participation des 18-34 ans de 45 à 65 %. « Quand les jeunes ne votent pas, le gouvernement ne nous écoute pas », juge Éliane Laberge.
Les étudiants comptent aussi visiter 25 circonscriptions où la lutte s’annonce serrée. Porte-à-porte, événements « non partisans » comme des barbecues et appels téléphoniques sont au programme. Sans compter une forte présence dans les réseaux sociaux.
Non au Parti libéral, donc, disent les fédérations étudiantes. Pour la CAQ, « c’est encore pire », dit Mme Desjardins. « On va s’assurer d’élire un gouvernement qui va écouter la voix des jeunes », dit-elle. Même si elle lance des salves contre le PLQ et la CAQ, pas question toutefois d’appuyer officiellement le Parti Québécois ou Québec solidaire. Mmes Laberge et Desjardins promettent « d’informer » les électeurs, qui pourront ensuite « faire leur choix ».
C’est le 13 août que le retour en classe s’amorce dans les cégeps soumis à la loi 78. Dès la semaine prochaine, de nombreuses associations étudiantes se réuniront en assemblée générale pour statuer sur la poursuite de la grève générale illimitée.
Loi électorale : ce qui est permis,ce qui est interdit
Les étudiants peuvent-ils s’inviter ainsi dans une campagne électorale ? Le Directeur général des élections (DGE) avertit qu’ils doivent respecter deux règles de base. Un : les messages partisans, en faveur ou défaveur d’un parti, doivent se faire à coût nul. Deux : les dépenses, elles, se doivent d’être non partisanes. Le site Web incitant les jeunes à voter, par exemple, semble correspondre à cette dernière exigence. Mais quand Martine Desjardins affirme qu’il ne faut pas reconduire les libéraux au pouvoir, c’est « gratuit » et donc légal. Idem pour le porte-à-porte effectué par des militants bénévoles. Pour ce qui est des médias sociaux, encore là, on peut y véhiculer des messages partisans, pourvu que ce soit bénévolement.
Une personne qui engage des dépenses électorales sans autorisation s’expose à une amende de 5000 à 20 000 $. Pour une organisation, c’est de 10 000 à 50 000 $.
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Guerre de chiffres au sujet de l’impact de la hausse des droits
Il semble acquis, à entendre la teneur de ses propos hier, que le premier ministre Jean Charest compte miser sur sa gestion du conflit étudiant pour tenter de séduire de nouveau les Québécois. Mais au-delà des guerres de mots entre les différents partis autour de cet enjeu des droits de scolarité, qu’est-ce que cela représente pour les finances publiques ?
Selon les modalités prévues à l’heure actuelle par les libéraux, les droits doivent être haussés de quelque 75 % sur une période de sept ans, ce qui équivaut à un bond de 1625 $. Pour le gouvernement, il s’agit d’un compromis puisque l’augmentation prévue devait au départ s’étaler sur cinq ans.
En tenant compte des mesures prévues pour atténuer l’effet de cette hausse, le gouvernement espère tirer, lorsque les frais auront crû de 1625 $ par année, un total de 265 millions de dollars. Si on évalue que le budget des dépenses du gouvernement du Québec dépassera les 80 milliards de dollars en 2019 — en se basant sur une croissance des dépenses de l’ordre de 3,2 % —, cette somme de 265 millions équivaudra à 0,33 % du budget du Québec en 2019.
Le premier ministre Charest a plusieurs fois défendu sa hausse en soulignant que le Québec a les droits de scolarité les plus bas en Amérique du Nord. Mais la province se situe tout de même au-dessus de la moyenne des pays membres de l’OCDE. Plusieurs de ces États ont opté pour la gratuité scolaire.
L’Institut de recherche et d’informations socio-économiques a déjà calculé que la gratuité coûterait, cette année, environ 750 millions de dollars. Ce montant équivaut à ce que Québec touche en percevant les droits de scolarité. Puisque le budget du gouvernement du Québec pour cette année avoisine les 70 milliards, cette somme représenterait 1 % du budget. Mais le groupe estime aussi que la facture pourrait être réduite en éliminant le crédit d’impôt pour les droits de scolarité.
Par ailleurs, les résultats d’un sondage Léger Marketing réalisé pour l’Agence QMI rendu public hier indiquent que seulement 14 % des Québécois estiment que cette question est prioritaire.
Alexandre Shields
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