L’arbre qui cache la forêt
Deux enjeux électoraux vont de paire et doivent primer sur tous les autres au Québec, maintenant :
- premièrement, les réformes des institutions démocratiques;
- deuxièmement, la question du contrôle des ressources naturelles.
Dans un pays où les institutions démocratiques sont effectives, il n'est pas possible de déterminer ou de transformer le contexte économique et politique sans un consentement véritable du peuple. La défaillance de nos institutions permet à l’heure actuelle à de petits groupes d'intérêt de s'emparer du pouvoir en l'exerçant au détriment de la volonté générale. Cela est inacceptable.
Ce qu'il faut dire maintenant, c'est que dans un pays où les citoyens ont un contrôle véritable sur les décisions prise dans la gestion du trésor public ainsi que celles qui entourent l'exploitation de leurs ressources naturelles, il est impossible de détrousser le peuple de son avoir, impossible de le détourner de ses intérêts premiers, car le peuple est à son bien, comme le cultivateur à sa terre.
Conséquemment, si la question du contrôle de nos taxes et de nos impôts ainsi que celle du combat contre la corruption doit être un souci partagé de tous, il nous faut mettre en évidence un fait comptable simple :
Si, au Québec, nous nous faisons voler plusieurs centaines de millions par année dans les combines de la collusion et de la corruption gouvernementale, un véritable contrôle de nos richesses naturelles rapporterait plusieurs milliards de dollars en revenus directs aux citoyens québécois.
Qu'est-ce qui fait que la Norvège possède un fonds national environnant les 250 milliards d’euros ? Un fonds qui appartient aux citoyens norvégiens ! C'est le fait qu'ils n'ont jamais perdu le contrôle de l'exploitation pétrolière ainsi que de l'exploitation de leurs ressources naturelles.
Songeons ainsi aux 40 milliards de barils de pétrole de l'île d'Anticosti qui ont été donnés à l'industrie par le Libéraux en 2008 – cela, sur le coup de mensonges et sous des ententes encore secrètes à ce jour (!). Songeons aussi au fait que ces quarante milliards de barils appartenaient déjà au peuple québécois pour avoir été nationalisés lors de la nationalisation de l’électricité. Donc, jusqu'à ce que les libéraux trahissent les intérêts supérieurs des Québécois, nous étions libres d’établir les règles d'exploitation des ressources gazières et pétrolières à notre avantage et non à celui de l’industrie.
Est-ce que le peuple, si on lui avait demandé, aurait cédé sa plus grande richesse les yeux fermés et devant une perte directe de son profit ? Non. La démocratie est malade et elle sert les voleurs. Nous devons réagir impérativement. Que tous se mettent sur un pied de guerre et se sentent concernés enfin.
En ce sens, comme le souligne Daniel Breton, si le gouvernement libéral n'a aucune légitimité politique actuellement dans le commerce qu'il fait de nos richesses collectives, si les libéraux n'ont aucun mandat populaire pour brader nos ressources naturelles comme ils le font maintenant, les prochaines élections légitimeront les ententes qui ont été faites en notre nom - cela, à moins que le parti qui prendra le pouvoir à ce moment n’ait fait une campagne électorale sans secret autour de ses intentions de réviser les ententes signées par les libéraux.
De fait, le danger qui nous menace actuellement consiste à trop nous préoccuper des questions de corruption tandis que le vrai scandale, celui où nous perdons le plus collectivement et où nous avons le plus à gagner, tandis que le vrai scandale nous passe sous le nez.
Nous sommes dans un contexte historique qui s'apparente à la stratégie classique des trafiquants de drogue : pendant que les forces de l'ordre trouvent 1 tonne de stupéfiants laissée en pâture et comme un piège à mouches, c'est 40 tonnes qui leur passent sous le nez par un autre chemin.
Le danger actuel, c'est donc que la commission sur la corruption soit l'arbre qui cache la forêt. Cela, d'autant plus qu'une telle commission sera assurément restreinte et limitée puisque coordonnée par un parti libéral à la fois juge et parti (en plus d’être un des acteurs principalement impliqués dans les magouilles qui nous préoccupent présentement). En d'autres termes, cette commission risque fort d'être aussi creuse que la farce médiatique à laquelle nous avons assistée lors de la Commission d'enquête sur le processus de nomination des juges en 2010.
Ainsi, à trop nous concentrer sur le scandale de la corruption (une bataille déjà gagnée et perdue à la fois), dans le contexte généralisé de trahison des intérêts collectifs québécois, nous risquons fort de perdre le plus grand trésor national que nous possédons au profit de la clique des amis du Parti libéral et des oligarques de ce monde.
Nicholas Belleau,
9 octobre 2011,
Sainte-Anne-de-Beaupré.
Au bout du scandale des routes, le scandale des mines!
Le danger actuel, c'est donc que la commission sur la corruption soit l'arbre qui cache la forêt.
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