Au Canada, «l’écoanxiété, une peur qui pousse à la radicalisation»

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Une hystérie collective promue par la propagande médiatique


Des Canadiens souffrent-ils «d’écoanxiété» en raison des changements climatiques? Des spécialistes en sont maintenant convaincus. Selon Frankie Bernèche, professeur de psychologie québécois, ce nouveau trouble anxieux pousse même des individus à la radicalisation. Entrevue.




Le 21 octobre dernier, les Canadiens ont reconduit au pouvoir Justin Trudeau, qui leur a entre autres promis de lutter davantage contre les changements climatiques. Jamais l’environnement n’avait été autant au cœur d’une campagne fédérale.


«D’Est en Ouest du pays, les Canadiens ont choisi une vision claire. Ils ont rejeté les coupures et l’austérité, ils ont voté en faveur d’un gouvernement progressiste qui entreprendra des actions concrètes contre les changements climatiques», a d’abord lancé Justin Trudeau à Montréal dans son discours de victoire.

Professeur de psychologie au Collège de Saint-Jean-sur-Richelieu, au Québec, Frankie Bernèche se réjouit de voir que les changements climatiques sont de plus en plus pris au sérieux. S’il est loin de se dire «climatosceptique», il s’inquiète toutefois des effets de l’écoanxiété, nouveau trouble que Greta Thunberg a contribué à faire connaître ces derniers mois. M. Bernèche intervient régulièrement dans les médias canadiens sur des sujets touchant son domaine.


«L’écoanxiété est simplement une variante des troubles anxieux qui existent depuis des centaines d’années. Nous pourrions classer ce trouble dans la catégorie des phobies spécifiques. Ici, la phobie spécifique est l’environnement. Dans l’histoire, il a toujours existé des phobies liées à l’environnement, comme la peur de la pluie, du vent ou du tonnerre. L’écoanxiété s’enracine dans ce contexte, tout en étant le résultat des récentes mobilisations politiques», a d’abord expliqué M. Bernèche.

Souffrant elle-même de ce nouveau trouble psychologique, Greta Thunberg déclarait dans un discours qu’elle voulait que «soit ressentie la peur qu’elle ressent tous les jours». «Je veux que vous paniquiez», ajoutait-elle, une formule souvent reprise dans les médias. Pour M. Bernèche, l’écoanxiété est bel et bien basée sur un sentiment de peur, accompagné d’une vision pessimiste de l’avenir.


«Je me suis souvent demandé ce qui emmenait certains militants écologistes à adopter un comportement radical. Par exemple, qu’est-ce qui a motivé les gens ayant escaladé récemment le pont Jacques Cartier à Montréal, ce qui a causé un bouchon de circulation historique? C’est évident que l’écoanxiété entre en ligne de compte. Cette peur pousse à la radicalisation. La plupart des comportements radicaux sont alimentés par un sentiment de détresse», a précisé le professeur à notre micro.

C’est dans les années 2000 que le concept d’écoanxiété est apparu sous la plume du professeur australien Glenn Albrecht. Ce dernier l’associe d’ailleurs à la notion de «solastalgie», dont l’étymologie renvoie au mot latin solacium signifiant consolation et au mot grec algia évoquant la douleur.





Frankie Bernèche estime que le concept d’écoanxiété sera bientôt intégré aux grands manuels de référence en psychologie. Le prochain Manuel diagnostic et statistique des troubles mentaux (DSM) devrait l’inclure.


«Ce sont toujours les gens plus vulnérables qui finissent par se radicaliser. C’est vrai dans tous les mouvements, qu’ils soient politiques ou religieux. […] Il y a des besoins émotifs et des questions cognitives qui expliquent ces comportements. En psychologie, on sait depuis longtemps que l’anxiété peut réduire la capacité d’analyse et engendrer un refus de la discussion. Les personnes très anxieuses deviennent moins réceptives au contre-argumentaire», a-t-il expliqué.

Le professeur de psychologie estime aussi que l’écoanxiété alimente des «perceptions négatives et apocalyptiques».


«L’écoanxiété est aussi basée sur le sentiment de présage. Les gens très anxieux ont parfois l’impression d’avoir la capacité de prévoir les événements à venir. L’anxiété joue toujours au niveau de la perception. […] Dans cette perspective, on n’est pas très loin de la croyance religieuse», a poursuivi l’enseignant.

La classe politique canadienne devrait éviter de soutenir les mouvements qui alimentent cette peur ambiante, selon M. Bernèche. Par exemple, au Québec, le parti de gauche Québec solidaire a refusé de condamner le blocage du pont Jacques Cartier à Montréal, par le mouvement Extinction Rebellion, le 8 octobre dernier. Un silence condamné par le Premier ministre du Québec, François Legault:


«Je pense que Manon Massé [la co-porte-parole de Québec solidaire, ndlr] doit prendre ses responsabilités, ce n’est plus une militante de la rue, c’est une députée de l’Assemblée nationale. Elle ne peut pas cautionner un geste qui est illégal, elle ne peut pas cautionner un geste qui est dangereux», avait déclaré François Legault le lendemain des événements.

Au lieu d’apaiser les symptômes d’écoanxiété ressentis par certaines personnes, les mouvements de désobéissance civile contribueraient à les amplifier.


«Québec solidaire appuie sans réserve le groupe Extinction Rebellion. Le nom de cette organisation est très évocateur: tout est permis parce que nous serions en danger de mort. C’est inquiétant qu’un parti représenté à l’Assemblée nationale du Québec puisse cautionner ce mouvement», a conclu Frankie Bernèche en entrevue.