Photo: Alain Roberge, La Presse
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Martin Ouellet - Le temps est venu pour le Québec d'imposer le cégep en français, pense l'ex-premier ministre péquiste Bernard Landry.
La position de M. Landry risque d'indisposer la chef du Parti québécois, Pauline Marois, qui a choisi de ne pas rouvrir la boîte de pandore qu'est le dossier de la langue d'enseignement.
En entrevue jeudi avec La Presse Canadienne, l'ex-leader du PQ a plaidé en faveur d'un sérieux coup de barre aux lois linguistiques, sur le front de l'enseignement, afin d'intégrer les enfants d'immigrants à la majorité francophone.
«Pour que l'intégration se fasse, le temps est venu, après des années de discussions, de rendre le cégep francophone obligatoire aux enfants de l'immigration. C'est ça la réponse», a dit l'ancien premier ministre souverainiste.
Après s'être relevé du désastre de l'élection de 2007, le Parti québécois doit saisir la balle au bond et poser un geste concret pour la défense du français, a-t-il soutenu.
«Quand j'étais chef, on avait en tête des mesures incitatives, mais le temps s'est écoulé, il y a eu de nouvelles statistiques (...) et l'incitation ne serait plus suffisante. Il faut faire un peu ce qu'on a fait avec la Loi 101. Il y a un créneau et c'est le temps d'agir», a fait valoir M. Landry.
A son avis, une nouvelle étape doit être franchie, d'autant plus que le nombre d'élèves allophones ne cesse de croître sur l'île de Montréal et dépassait même, en 2008, celui des élèves francophones dans les écoles publiques de la métropole.
Les données du Portrait socioculturel des élèves publiées jeudi dans le quotidien La Presse indiquent que 39 pour cent des écoliers inscrits au primaire dans la métropole l'automne dernier avaient le français comme langue maternelle. La proportion d'élèves dont la langue maternelle n'était ni le français ni l'anglais était de 39,5 pour cent.
Environ 22 pour cent des élèves étaient anglophones.
Selon l'auteur du Portrait, Dominique Sévigny, le taux d'élèves francophones a chuté depuis la dernière décennie.
La diminution relative du nombre d'élèves francophones n'est pas inquiétante en soi, selon l'ex-chef du Parti québécois, pour autant que le Québec prenne les moyens adéquats pour intégrer les cohortes immigrantes allophones à la majorité de langue française.
«On est ouvert à l'immigration ou on ne l'est pas. On intègre les immigrants ou on ne les intègre pas. La façon de les intégrer, c'est qu'ils viennent dans nos écoles avec nos enfants. Il n'y a rien d'alarmant à condition que l'intégration se fasse. Ce qui serait dangereux, c'est que ces étudiants, une fois terminé le secondaire, choisissent le »college»», a-t-il analysé.
A cet égard, les mesures mises de l'avant ces dernières années pour encourager les élèves issus de l'immigration allophone à opter pour des études collégiales en français n'ont pas eu les effets escomptés, a poursuivi M. Landry.
«On a eu l'espoir généreux que ça se ferait tout seul, et ça ne s'est pas fait. Avec le temps et les statistiques, ma pensée a évolué», a-t-il expliqué.
Porte-parole du Parti québécois en matière de langue et d'éducation, le député Pierre Curzi marche manifestement sur des oeufs dans ce dossier.
L'intégration des immigrants au français ne peut être «réduite à une seule mesure» comme l'enseignement collégial, a-t-il noté.
Pendant que 40 pour cent des étudiants allophones prennent le chemin des cégeps anglophones aussitôt l'occasion venue, le PQ n'a pas encore fait son nid sur les solutions à apporter.
«Il ne suffit pas de dire que l'on va appliquer la Loi 101 dans les cégeps et que le français va s'épanouir. Le phénomène est plus large et touche non seulement la langue d'enseignement mais aussi la langue de travail et un ensemble de facteurs», a soulevé M. Curzi, député de Borduas.
Dans cette affaire, le PQ ne se laissera pas enfermer «dans une petite porte étroite» et adoptera une «proposition solide, cohérente, avec des effets réels», a-t-il ajouté.
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