Un fleuron du Québec

Bombardier, le temps est un prédateur

La CSerie ne décolle pas

Tribune libre

Qui au Québec ne connait pas la compagnie Bombardier et son historique de succès qui ressemble à un conte magique! J. Armand Bombardier n'aurait jamais pu imaginer, même dans le meilleur des mondes, que son invention réalisée dans son atelier donnerait naissance à une aventure commerciale aussi grande pour amuser ou transporter les gens sur la terre, la neige, l'eau ou dans les airs. Du tout début jusqu'à aujourd'hui, que de chemin parcouru me direz-vous!

Mais le magnifique château se transformera-t-il en tombeau alors que le projet d'avion régional que Bombardier tente de développer, cela malgré tous les démons qui gravitent autour, bat de l'aile et ne cesse de dévorer un budget à la vitesse grand V qui rétrécit comme une peau de chagrin, cela au point d'aller quémander de l'aide aux concurrents. Voilà une grande dose d'humilité. Est-ce un constat d'échec? Le temps donnera son verdict.

Si Bombardier avait su d'avance à quel point la Cseries, dans ses versions CS100 et CS300, lui ouvrirait une boîte géante de Pandores, le projet aurait été tué dans l'oeuf très rapidement. Une pléthore de malheurs occasionnent des délais dans le développement sur l'échéancier initial, les incidents techniques, le manque de financement et, pour ajouter, les ventes sont loin du seuil de la rentabilité.  Ouf! Voilà bien un bilan assombri.

Imaginez! La Caisse de dépôt et placement du Québec a dû investir à nouveau pour y injecter de la vitamine. Les pourparlers avec Airbus n'ont pas donné les résultats escomptés, le carnet de vente n'a que 243 commandes fermes alors que la rentabilité exige maintenant 800 appareils. Nous comprenons clairement pourquoi Bombardier lève sa jupe à tout partenaire aux reins solides. 

Mais Bombardier, avec son fer de lance et l'espoir dépouillé, est-elle la seule à croire aux vertus mal ficelées de la Cseries plutôt qu'à des remotorisations d'avions régionaux? Crier au loup serait-il tabou?  Comment financer la fin du développement? Pourquoi fait-on entrer en Bourse unie partie minoritaire de la division ferroviaire? Il n'y a pas de quoi ouvrir le champagne à court terme car le projet n'atterrira pas sur la piste du succès bientôt, il y a un boulet aux pied et le temps est un prédateur.

Bref, considérant tous les retards dans le développement de ce projet, comment le département des ventes fera-t-il pour aller charmer des acheteurs éventuels? Dans le domaine de l'aviation, une fiche technique intéressante qui tient promesse avec preuves à l'appui, la fiabilité, coûts minimes à l'entretien ainsi que le rapport qualité/prix sont des éléments indispensables sur la table de négociation pour conclure une vente et le bonheur de la compagnie.

Reste à savoir sur quelle piste atterrira ce projet en bout de ligne, une piste de succès ou de déceptions? Espérons de finalités heureuses car cette compagnie est un fleuron du Québec. Ses ailes doivent la porter vers les plus hauts sommets.


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1 commentaire

  • François A. Lachapelle Répondre

    16 octobre 2015

    @ Michel Beaumont
    Vous êtes d'un optimisme certain. Je voudrais ajouter à vos considérations une hypothèse de planche de salut pour le projet de CSéries de Bombardier.
    Diable, il faut confier l'analyse du problème à la Commission de révision permanente des programmes présidée par Mme Lucienne Robillard.
    Par une lecture entre les lignes cette commission est la créature du Ministre Martin Coiteux, professeur des HEC en congé sabbatique. Le seul et beau critère pour atteindre les nues du succès est la notion de "PERFORMANCE".
    Pour que l'État performe, il faut faire comme l'entreprise privée. Alors privatisons la division aéronautique de Bombardier. Zut, c'est déjà fait. Que fait le privé acculé (et non en...) au pied du mur ? Il se tourne vers les capitaux du public. Zut, c'est déjà fait dans le cas de Bombardier avec des dizaines d'avantages fiscaux.
    En passant, il faut se souvenir que la "PERFORMANCE" des patrons ambitieux est imposée à leurs employés qui se défoncent ( pas tous heureusement ) ce qui devient une perforation mentale ou dépression psychologique.
    Ainsi, on engraisse les poches des actionnaires et les listes d'attente de nos hôpitaux. Où est la qualité de vie chère aux Québécois ?