C'est reparti!

PQ - XVIe congrès avril 2011



C'était écrit dans le ciel: Bernard Landry n'allait certainement pas laisser Pauline Marois traverser l'épreuve du congrès péquiste d'avril prochain sans lui mettre des bâtons dans les roues.
L'année qui avait précédé le congrès de juin 2005 avait été un véritable calvaire pour l'ancien premier ministre. Après la défaite de 2003, la base militante du PQ s'était fortement radicalisée à la faveur de la «saison des idées». Dans l'espoir de sauver son leadership, M. Landry avait dû suivre le mouvement et «accélérer le pas».
Après avoir accepté de donner un statut privilégié au SPQ Libre, qui en a fait un véritable parti dans le parti, il s'était résigné à inscrire dans le programme l'obligation de «tenir un référendum le plus tôt possible à l'intérieur du prochain mandat». Avant lui, aucun chef du PQ n'avait accepté de s'enfermer dans un échéancier aussi contraignant, pas même Jacques Parizeau.
On connaît la suite: malgré cette capitulation devant les «purs et durs», M. Landry a reçu un vote de confiance qu'il a jugé insuffisant, et le PQ s'est retrouvé avec un programme aux antipodes de ce que souhaitait la population. Cinq ans et deux élections plus tard, il est toujours dans l'opposition.
Pauline Marois avait assisté rageuse et impuissante à la radicalisation de son parti. En août 2004, elle avait réclamé une course au leadership, si bien que toutes ses interventions étaient désormais perçues comme autant de tentatives de déstabiliser celui qui était son grand rival depuis un quart de siècle.
Quand elle a succédé à André Boisclair, Mme Marois a entrepris de se dégager du carcan référendaire imposé en 2005. L'expulsion du SPQ Libre et l'adoption de la «proposition principale» au conseil national de juin dernier semblaient avoir clos le débat. C'était mal connaître le PQ et sous-estimer la rancoeur de M. Landry, qui n'en finit plus de regretter sa démission précipitée.
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Il est étonnant que certains aient pu croire qu'après avoir consacré autant d'effort pour imposer son point de vue, Mme Marois puisse faire soudainement volte-face et s'engager à tenir un référendum «le plus rapidement possible» après l'élection d'un gouvernement péquiste, plutôt qu'«au moment jugé approprié par le gouvernement», comme le prévoit la «proposition principale» adoptée en juin.
Dans une entrevue accordée au Soleil depuis Paris, Mme Marois a déclaré: «Le plus tôt qu'on pourra faire un référendum, on le fera.» Bien sûr qu'elle le souhaite, mais elle ne dédaignerait pas de diriger une simple province. Un programme politique n'est cependant pas une affaire de souhait. On y prend des engagements. Si, en son âme et conscience, Mme Marois ne croit pas être en mesure de tenir et surtout de gagner un référendum dans un avenir prévisible, elle serait irresponsable de prendre un engagement formel.
En 2005, M. Landry avait invité ceux qui s'étonnaient de le voir s'engager aussi imprudemment à réfléchir au sens de l'adjectif «possible». Il fallait comprendre que les choses iraient rapidement si le gouvernement le jugeait possible, mais qu'il pourrait aussi ne pas y avoir de référendum. Autrement dit, sa position était en réalité la même que celle de Mme Marois, mais il jouait dangereusement sur les mots.
M. Landry avait reçu un appui inattendu de Jacques Parizeau, qui avait invité les militants péquistes à un peu de pragmatisme. «On met décidément trop l'accent sur la date du référendum, avait-il écrit dans le journal Le Québécois. Logiquement, il devrait être appelé quand les souverainistes auront repris le pouvoir, seront prêts et que le moment sera propice.» Entre «propice» et «approprié», quelle est la différence au juste?
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Même si la «proposition principale» a été approuvée à l'unanimité par le conseil national, bon nombre de souverainistes voient dans le «plan pour un Québec souverain» de Mme Marois une simple démarche d'affirmation nationale.
Le SPQ Libre, dont les membres sont demeurés au sein du PQ, même s'il n'a plus de statut officiel, n'a jamais caché son opposition au plan de Mme Marois et il ne changera certainement pas d'idée d'ici au congrès d'avril.
La situation est cependant très différente de celle de 2005. À l'époque, François Legault faisait vigoureusement campagne en faveur d'un référendum hâtif et il était une quantité non négligeable. La stratégie dite des «gestes de rupture», préconisée par le directeur de l'Action nationale, Robert Laplante, recueillait également un appui significatif chez les militants.
Cette fois-ci, le caucus des députés est solidement derrière Mme Marois. Il y a une relève intéressante au sein de la députation péquiste, mais personne ne conteste son leadership, même si on reconnaît qu'elle a ses défauts.
Après la commotion causée par la démission de M. Landry et le mandat désastreux d'André Boisclair, le PQ ne peut tout simplement pas se permettre un nouveau psychodrame au congrès d'avril. Les seuls qui pourraient en bénéficier sont les libéraux. Au point où ils en sont, rien ne leur ferait plus plaisir que de voir le PQ succomber encore une fois à ses vieux démons.
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mdavid@ledevoir.com


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