C’était un 15 novembre 1976...

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43 ans après la fondation du PQ, le Québec n'a fait qu'enregistrer des reculs institutionnels


Il y a 43 ans déjà, jour pour jour, le Parti québécois de René Lévesque prenait le pouvoir pour la première fois.  


Le 15 novembre 1976, pour tous les Québécois qui ont vécu ce moment charnière de l'histoire moderne du Québec et du Canada - toutes origines et options politiques confondues -, est une date impossible à oublier.  


Or, 43 ans, ça frôle aussi le demi-siècle. Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts de ce qu’on appelait jadis la «question constitutionnelle». Parmi les moins de 25 ans, qui en connait la trame même minimale?  


Le What does Québec want? et sa réponse double de l’époque – souveraineté ou fédéralisme renouvelé -, n’intéresse à peu près plus personne. De nos jours, le What does Alberta want? l’a bel et bien remplacé.  


Le constat est froid et factuel. Zéro nostalgie.  


Il s’en est pourtant passé des choses dans le département des rapports Québec-Canada.  


- Première élection du PQ (1976).  


- Premier référendum sur la souveraineté perdu par le camp du Oui (1980).  


- Rapatriement unilatéral de la constitution canadienne sans la signature de l’Assemblée nationale (1982).  


- Échec de l’Accord du Lac Meech offert au Québec sous Brian Mulroney en guise de réconciliation (1990).  


- Échec de l’Accord de Charlottetown offert en guise de prix de consolation pour Meech (1992).  


- Retour du PQ au pouvoir sous Jacques Parizeau (1994.  


- Défaite serrée du Oui au deuxième référendum sur la souveraineté (1995).  


Et la liste est loin d’être exhaustive...  


Puis, plus rien. Silence radio. Terminus, tout le monde descend.  


La première élection du PQ n’avait pourtant pas été de génération spontanée.  


Elle avait été le produit direct de ce qui l’avait précédée.  


- Révolution tranquille (1960).  


- Nationalisation complète d’Hydro-Québec (1962).  


- Publication du livre «Égalité ou indépendance», signé de la main de Daniel Johnson père (1965), alors chef de l’opposition officielle au Québec et futur premier ministre unioniste.  


- Première victoire électorale de Pierre Elliott Trudeau (1968). L’adversaire le plus redoutable des souverainistes devient premier ministre du Canada. La même année, le Parti québécois est fondé.  


- 1970 : première victoire électorale de Robert Bourassa, chef du PLQ, suivie de la crise d’octobre, de la mort violente de son ministre Pierre Laporte, kidnappé par le Front de libération du Québec et de l’emprisonnement arbitraire sous la Loi des mesures de guerre d’au moins 500 personnes au Québec n’ayant commis aucun crime. Etc. Etc. Etc.  


Et aujourd’hui?  


Le Parti québécois se cherche un énième chef. Depuis 20 ans, à quelques rares exceptions près, ses appuis ont périclité de manière continue. Grugé à sa droite par la CAQ et à sa gauche par Québec solidaire, il vivote.  


René Lévesque est décédé depuis longtemps. Jacques Parizeau et Bernard Landry ne sont plus de ce monde. Robert Bourassa et Pierre Elliott Trudeau non plus, mais son fils, Justin, est tout de même premier ministre du Canada depuis 2015.  


Le PLQ se cherche un chef, lui aussi. Sa défaite historique de l’an dernier l’a complètement déboussolé.  


La CAQ, sous François Legault, lui-même un ex-ministre du Parti québécois, occupe maintenant une part substantielle du terrain politique dit «nationaliste» laissé vacant au fil des ans par le PQ et le PLQ. Ne dit-on pas que la nature abhorre le vide?  


Les fruits électoraux d’une «question constitutionnelle» envoyée aux oubliettes depuis 1996, la CAQ les récolte dans l’abondance.  


Et que se passe-t-il?  


Cherchant à se «refonder», le Parti québécois, in extremis, redécouvre soudainement sa propre option indépendantiste. Celle de ses premiers balbutiements sous René Lévesque, puis plus clairement définie encore, sous Jacques Parizeau.  


En même temps, le Parti libéral du Québec, après les Philippe Couillard et Jean Charest, deux fédéralistes inconditionnels, cherche lui aussi à se «refonder», mais sans le dire en des termes aussi clairs.  


Candidate à la chefferie, l’ex-ministre libérale Dominique Anglade, va même jusqu’à se déclarer maintenant une fière bourassienne. Cherchant à séduire un électorat francophone déjà parti en courant se réfugier à la CAQ, Mme Anglade découvre que l’«ADN» du PLQ, lance-t-elle, est celui du «nationalisme d’ouverture» de l’ex-premier ministre et ex-chef libéral, Robert Bourassa.  


Or, la plus grande ironie dans toute cette histoire est la suivante.  


Il aura fallu aux mêmes deux partis politiques qui, pendant 50 ans, s’échangeaient le pouvoir, de tomber chacun dans le vrai gros trouble, électoralement parlant, pour qu’ils redécouvrent enfin leur «ADN» politique respectif.  


C’est ce qui s’appelle retrouver son essence, mais seulement en désespoir de cause.  


À méditer en ce beau 15 novembre hivernal...




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