L'affaire Yves Michaud

Ça a assez duré!

L'Assemblé Nationale doit retrouver son honneur perdu

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« On n’a pas le droit de déshonorer une personne de cette façon-là »

Plus de quinze ans après ce sombre 14 décembre 2000 où l’Assemblée Nationale du Québec vota aveuglément et dans la précipitation une motion scélérate contre le citoyen Yves Michaud pour des propos qu’il n’a jamais tenus, l’injustice court toujours et la réparation envers cet homme exceptionnel se fait toujours attendre.

Notre Assemblée Nationale s’est drapée dans le déshonneur, dans la honte, dans l’indignité, et il est plus que temps que cesse cette mascarade et que notre grande institution retrouve ses marques en faisant marche arrière, en présentant des excuses à ce grand serviteur de notre État qu’est M. Yves Michaud. Oui, cette erreur entache le parcours de l’Assemblée Nationale.

L’ancien premier ministre Bernard Landry a rappelé ce jeudi 31 mars lors de la conférence de presse organisée à Montréal par le Comité de solidarité Yves Michaud pour faire le point sur ce scandale qui dépasse l’entendement, qu’une cinquantaine d’élus de l’époque se sont rendus compte du «piège» qui leur avait été tendu et ont fait amende honorable en présentant depuis leurs excuses à M. Michaud. Bernard Landry fut le premier à le faire, s’étant rapidement rendu compte de l’injustice qui avait été faite à son collègue et ami, notamment qu’un principe de justice fondamental avait été balayé de la procédure, celui qui se résume par l’expression chère à notre ancien premier ministre, audi alteram partem (entendre l’autre côté). Même le député péquiste, André Boulerice, l’un des instigateurs de l’infâme motion, fit amende honorable et s’excusa.

D’autres excuses individuelles sont encore attendues – elles s’imposent pour toute personne d’honneur – que ce soit chez les élus péquistes de l’époque ou chez les libéraux. Aucun de ces derniers d’ailleurs n’a présenté d’excuses à ce jour à Yves Michaud. Mais le grand geste, «la chose honorable à faire» pour employer cette expression parlementaire, demeure la nécessité d’excuses officielles de la part de l’Assemblée Nationale sous la forme d’une motion. C’est ce que prône le président de l’Assemblée Nationale de l’époque (1996-2002), Jean-Pierre Charbonneau, qui a reconnu que l’inique motion fut une grave erreur de la plus haute institution de notre État et que cette dernière doit à tout prix «redorer son blason». «Qu’attendent les chefs de parti pour présenter une motion en bonne et due forme, a-t-il demandé jeudi, pour l’annoncer dans le feuilleton et passer au vote? Le débat n’est même pas nécessaire.»

«On n’a pas le droit, a ajouté la veuve de Jacques Parizeau, madame Lisette Lapointe, de déshonorer une personne de cette façon-là.»

Est-il besoin de rappeler encore une fois les propos tenus lors des États généraux sur la situation et l’avenir de la langue française au Québec, le 13 décembre 2000, pour lesquels Yves Michaud avait été si vertement blâmé, pour démontrer toute l’ignominie de ce blâme?

« Mes propres concitoyens devraient suivre l’exemple de ce que le chanoine Groulx disait à propos du peuple juif. Le chanoine Groulx disait et nous invitait, et je le cite, "à posséder, comme les Juifs, leur âpre volonté de survivance, leur invincible esprit de solidarité, leur impérissable armature morale". Et l’historien donnait alors l’exemple du peuple juif comme modèle à suivre pour que les Québécois affirment leur propre identité nationale et assument, et assument pleinement, l’héritage de leur histoire, ajoutant que l’anti-sémitisme était "une attitude anti-chrétienne et que les Chrétiens sont, en un sens, spirituellement des Sémites". Fin de la citation »

«La réputation de M. Michaud a été détruite, a commenté hier l’avocat du Comité de solidarité, Me François Côté, pour des faits qui n’ont même pas eu lieu.»

Aujourd’hui, plusieurs recours ont été épuisés. La Cour supérieure en 2005 n’a pas voulu donner raison à M. Michaud, la Cour d’appel en 2006 a clairement dit que les droits fondamentaux du citoyen Yves Michaud n’avaient pas été respectés, que le pouvoir législatif s’était transformé en tribunal de l’opinion d’un citoyen, faisant fi du principe de séparation des pouvoirs judiciaire et législatif, mais qu’elle ne pouvait, grosso modo, intervenir dans les affaires de l’Assemblée Nationale. La Cour suprême a refusé pour sa part d’entendre la cause en novembre 2006.

Quant à la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (CDPJQ), reprenant la posture de Ponce Pilate, elle s’estime non compétente pour juger de l’affaire, ce qui à nos yeux ressemble davantage à une prise de position politique qu’à un jugement éclairé.

Comme l’a souligné hier le président du Comité solidarité Yves Michaud, M. François Gauthier, l’attaque contre Yves Michaud était viciée sous plusieurs aspects. «Non seulement il n’y a pas eu de débat, mais le règlement a permis qu’une proposition soit présentée sans débat pour s’attaquer à un citoyen, a-t-il fait remarquer, sans que les parlementaires n’aient été correctement informés des faits, sans que le citoyen ne puisse se défendre, et cela sans possibilité d’appel.»

Ce n’est évidemment pas le rôle de l’Assemblée nationale de se transformer en tribunal pour s’attaquer à un citoyen. Il y a des lois et un pouvoir judiciaire, fait remarquer avec justesse le comité, pour s’occuper des litiges relatifs aux comportements des citoyens.

Devant l’invraisemblance de toute cette histoire, Vigile endosse la proposition énoncée hier par Jean-Pierre Charbonneau. Il demande prestement à Mme Françoise David, à MM. Pierre Karl Péladeau, François Legault et Philippe Couillard, dans un geste magnanime et non partisan, de déposer une motion d’excuses à l’Assemblée nationale envers M. Michaud et une proposition de dédommagement pour tous les frais encourus par celui-ci afin que justice lui soit rendue.

Tout ce feuilleton de mauvais goût a assez duré! Revenons sur terre s’il vous plaît.


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