Calendrier scolaire - Le soufflet

Calendrier scolaire



Comme son nom l'annonce, le Conseil supérieur de l'éducation dispense ses avis au ministère de l'Éducation. Il n'est pas réputé montrer ses crocs lorsqu'un chambardement l'indispose, mais cela ne l'empêche pas néanmoins de grogner lorsqu'une modification au règlement l'étonne et l'incommode. C'est le cas avec le changement de calendrier scolaire décrété par la ministre de l'Éducation, Michelle Courchesne.
Dans une lignée d'avis généralement favorables et indulgents aux volontés ministérielles, celui publié hier constitue un appréciable soufflet destiné à la gouverne du ministère de l'Éducation. En substance, les membres du Conseil jugent que les modifications au régime pédagogique (présence annuelle à l'école calculée en heures plutôt qu'en journées, jours de congé, prescription du temps d'enseignement) échouent à trois tests d'importance: celui de la faisabilité, celui de la cohérence et celui de la pertinence.
L'absence de consensus sur ces modifications publiées à la surprise générale dans la Gazette officielle en février constitue un des axes sur lesquels s'appuie le Conseil pour recommander à la ministre Courchesne de ne pas donner suite aux changements qu'elle a imaginés, à tout le moins pas avant d'en avoir débattu. Le Régime pédagogique, qui balise le fonctionnement de l'école, n'est ni plus ni moins qu'«un contrat éducatif entre les acteurs de l'éducation et l'école».
On peut le dire: la manière avec laquelle le virage a été dévoilé — sans consultation et en catimini — constitue une rupture de contrat. Il est difficile désormais d'imaginer que la ministre de l'Éducation pourra, avec un avis si réprobateur, donner suite à son projet de modification. Si un débat devait avoir lieu autour de questions aussi cruciales que l'abolition des jours de congé très solidement inscrits dans notre fonctionnement scolaire et social, il devrait toutefois se dérouler de manière franche.
Ainsi, il est plutôt étonnant que le document dévoilé hier par le CSE ne souffle mot de l'hypothèse selon laquelle une partie de ces changements d'importance sont tout bonnement le fruit d'une entente entre certaines écoles orthodoxes dites «illégales» et le ministère. En échange du respect du temps d'enseignement prescrit par le régime scolaire québécois, ces écoles auraient maintenant le loisir de suivre leur propre calendrier, respectueux de leurs congés religieux.
Le ministère de l'Éducation n'a jamais confirmé ce scénario. Il a plutôt toujours évoqué la lutte contre le décrochage scolaire pour justifier ses manoeuvres déroutantes. Or, le Conseil note dans son avis que cet argument «soulève des interrogations». Confuse. Peu convaincante. Inexplicable. Et surtout: installée sur une absence totale de consensus. La proposition de la ministre doit être révisée.


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