Campagne électorale - Pourquoi la santé ?

Santé - le pacte libéral

Le dernier sondage Léger Marketing, dont les résultats ont été publiés hier dans Le Journal de Montréal, confirme deux choses: d'abord qu'un grand nombre de Québécois ne croiront ceux qui parlent de crise économique que le jour où elle aura fait des victimes autour d'eux, et ensuite, que d'ici là, c'est le bon vieux thème de l'accès aux soins de santé qui reste la priorité, et ce, même si les partis politiques souhaiteraient éviter le sujet.
Le premier ministre, Jean Charest, se serait-il trompé de cible en faisant de l'économie le thème central de la présente campagne électorale? On pourrait le croire en lisant les résultats du sondage Léger Marketing, qui placent la santé en haut de la liste des préoccupations des répondants (31 %), quelques points devant l'économie (28 %). Compte tenu de la marge d'erreur de 3 %, les deux sujets sont à égalité, mais cela surprend quand même dans la présente conjoncture.
C'est vrai que, pour le moment, la crise financière a surtout fait mal aux retraités qui gèrent eux-mêmes leur REER, aux investisseurs et aux institutions financières. Pour le Québécois moyen, le danger apparaît aussi abstrait et lointain que ces ouragans qui s'abattent périodiquement sur le sud des États-Unis. Pour tout dire, le seul effet tangible de la crise économique sur la classe moyenne à ce jour a été positif puisque le prix de l'essence est redescendu à un niveau raisonnable. On ne perd rien pour attendre, est-on tenté de commenter à la lecture des résultats du sondage.
Cela dit, il est aussi très juste d'affirmer, comme l'ont fait 32 % des répondants, que le piètre état du réseau de santé mérite aussi l'attention des politiciens en campagne. Car si on en parle moins, ce n'est pas parce que les problèmes sont réglés. Au contraire, il serait même plus exact d'affirmer que le sujet est aussi chaud qu'il y a cinq ans, mais que de guerre lasse, plus personne n'ose en faire un sujet de campagne de peur d'être accusé de beau parleur, de faux prophète ou de fieffé menteur.
Lors de la campagne de 2003, l'équipe libérale de Jean Charest avait promis de faire de la santé la «première priorité» de son gouvernement. Après le désastre de la mise à la retraite d'infirmières et de médecins par le gouvernement du Parti québécois, les libéraux avaient promis qu'il n'y aurait plus d'attente interminable aux urgences et en chirurgie, et que tous les malades auraient accès à un médecin 24 heures par jour, sept jours par semaine, partout au Québec. Comment ne pas voter pour un parti qui vous promet la lune et le paradis sur Terre dans un même programme?
Sous Philippe Couillard, on a changé le nom des Régies régionales pour en faire des Agences régionales, on a fusionné des centaines de conseils d'administration et centralisé la gestion des hôpitaux, des CLSC et des CHSLD à qui mieux mieux, on a concédé des milliards de plus aux médecins et d'autres milliards à la relativité et à l'équité salariales pour les employés, mais force est de constater que l'accessibilité aux soins est encore largement déficiente. Notre système de santé est aussi malade qu'il l'était avant les réformes, malgré une croissance des dépenses supérieure à celle de la richesse collective. Échec au roi!
Pour soulager les hôpitaux, les libéraux ont autorisé la création de quelques cliniques affiliées, mais aucun bilan ne permet de dire si cet ajout a permis ou non d'accroître la productivité et de réduire les coûts. Avant de proposer avec les libéraux d'étendre la formule ou de réclamer leur disparition avec le Parti québécois, il vaut la peine de se demander s'il n'y a pas là un début de solution aux listes d'attente. D'ailleurs, soit dit en passant, n'est-ce pas le Parti québécois qui a laissé s'installer au Québec un réseau de cliniques d'examens diagnostiques par résonance magnétique où les patients doivent payer la facture de leur poche, ce qui n'est pas le cas des cliniques affiliées?
Le parti de Mme Marois et celui de M. Charest feraient bien d'expliquer comment ils s'y prendront pour mettre plus de médecins au service des Québécois, plus d'infirmières dans les hôpitaux et plus de personnel spécialisé pour les soins à domicile, sans oublier la réduction du temps d'attente inhumain aux urgences.
Pour le moment, ni l'une ni l'autre de ces deux formations politiques, et encore moins l'ADQ, n'est en mesure de rassurer les électeurs quant à leur capacité d'améliorer la situation de façon appréciable au cours des prochaines années.


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