Ce 27 janvier, le président du parlement catalan Roger Torrent a décidé de déchoir de son siège de député le président de la Région Quim Torra. Le parti de ce dernier s'insurge, de nouvelles élections régionales pourraient être convoquées.
Coup de tonnerre en Catalogne. Le président du parlement catalan Roger Torrent (ERC, gauche indépendantiste) vient de confirmer la suspension du siège de député du président de la «généralité» de Catalogne Quim Torra (Junts per Catalunya, centre-droit indépendantiste), sur ordre de la Commission électorale espagnole.
Cette confrontation entre les deux formations indépendantistes qui gouvernent ensemble la région, alimente les rumeurs d'élections anticipées en Catalogne.
Le 3 janvier, la Commission électorale espagnole a ordonné que Quim Torra soit déchu de ses fonctions de député régional. Cela pourrait signifier également la perte de son poste de président catalan dans la mesure où le statut de la «généralité» catalane prévoit que son président soit choisi parmi les députés régionaux.
Quim Torra a fait appel.
Cette décision est un corollaire de la condamnation de Quim Torra, le 19 décembre, à 18 mois d’inéligibilité par la justice espagnole pour «désobéissance» après une plainte déposée par le Parti populaire (droite conservatrice et libérale), Ciudadanos (centristes libéraux) et Vox (droite nationaliste).
Il lui est reproché d'avoir refusé d'obéir à l’ordre de la Commission électorale de retirer des emblèmes indépendantistes de la façade du siège du gouvernement régional pendant la campagne des législatives espagnoles d'avril dernier. Sur cette pancarte, on pouvait lire un message en faveur des indépendantistes emprisonnés.
En octobre 2019, neuf responsables indépendantistes ont été condamnés à des peines allant de 9 à 13 ans de prison pour tentative de sécession de la Catalogne en 2017.
Sans surprise, Quim Torra s'est opposé à cette décision. Il a demandé au Parlement catalan de «garantir» ses «droits de député» et «invite tous les députés à renverser immédiatement cette irrégularité, ce fait illégal». «Sinon, la continuité des institutions sera menacée», a-t-il affirmé.
Le président de la «généralité» déchu a appelé le président de l'Assemblée à défendre ses droits en tant que député, comme il l'a fait début janvier, lorsque la plénière l'a ratifié comme président. Ce 27 janvier lors de la séance plénière, Quim Torra a reçu de nombreux applaudissements du bloc indépendantiste... sauf des membres de l'ERC – le parti de Roger Torrent.
Manifestation de soutien devant le parlement
Le 27 janvier à 15h, des manifestants se sont réunis dans le parc de la Ciutadella à Barcelone pour protester contre la suspension du siège de député de Quim Torra et le soutenir. Les manifestants ont notamment scandé des chants à l'encontre de Roger Torrent, selon le média catalan Vilaweb.
Quim Torra a également reçu le soutien de nombreuses personnalités de son camp. «Défendre les institutions catalanes, c'est défendre la vice-présidence de Quim Torra [...] Quelle est la prochaine étape ? Ne ferons-nous rien contre cette attaque ?», a déclaré Albert Batet Canadell, le président du groupe Junts per Catalunya au parlement.
«On vous a donné le choix entre conflit et déshonneur. Vous avez choisi le déshonneur et vous aurez également des conflits», a de son côté déclaré Josep Costa, député Junts per Catalunya.
De nouvelles élections à venir ?
Plus divisé que jamais, le parlement catalan pourrait convoquer de nouvelles élections régionales dans les prochains jours pour tenter de sortir de l'impasse et élire un nouveau président de la région, selon L'Indépendant.
En attendant, les discussions au seins du parlement sont plus tendues que jamais et semblent même bloquées. Ce 27 janvier lors de la séance plénière, Junts per Catalunya a affirmé que les députés du parti ne prendraient part à aucun vote tant que Quim Torra ne pourrait voter.