La Catalogne au centre de la campagne électorale en Espagne

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Le séparatisme catalan réveille le nationalisme espagnol


Le chef du gouvernement espagnol et celui de l’opposition sont allés lundi en Catalogne pour rendre hommage aux forces de l’ordre après une semaine de violentes manifestations pro-indépendance qui ont changé la donne de la campagne électorale.


Les derniers sondages, publiés lundi et réalisés après ces affrontements qui ont secoué la Catalogne, sont défavorables au premier ministre socialiste sortant Pedro Sanchez. Il avait convoqué les élections législatives du 10 novembre pour consolider sa majorité, mais perdrait au contraire quelques sièges. 


C’est sa première visite en Catalogne depuis le début des troubles déclenchés par la condamnation le 14 octobre à de lourdes peines de prison de neuf dirigeants indépendantistes. La sentence a plongé Barcelone et d’autres villes de la région dans le chaos, avec près de 600 blessés, dont deux dans un état grave, lors d’affrontements nocturnes de lundi à vendredi.


Montée de l’extrême droite


Lors d’un bref aller et retour, le chef du gouvernement s’est d’abord rendu au commissariat central de police avant d’aller rendre visite aux policiers blessés dans les heurts. 


« Il est évident que les radicaux et les violents ont décidé de faire de Barcelone le théâtre d’opérations pour projeter leur contestation à l’étranger et à l’ensemble des Espagnols », a-t-il déclaré à l’adresse des forces de l’ordre. 


« C’est vrai que la crise ne s’arrête pas, mais nous devons tenir bon, eux aussi vont probablement vouloir persévérer pour en faire une crise chronique, mais nous sommes beaucoup plus tenaces, plus têtus. »


Le chef de l’opposition Pablo Casado, dirigeant du conservateur Parti populaire (PP) avait un programme similaire pour la journée. Il exige de M. Sanchez « d’intensifier les opérations policières de la région ». 


À trois semaines des élections, Pedro Sanchez perd pied dans les sondages. Toujours ambigu sur la Catalogne, le parti de gauche radicale Podemos, avec lequel il avait échoué à trouver un accord de gouvernement après le scrutin d’avril, perd encore plus de voix. Ses chances de former une majorité à gauche semblent donc s’évanouir.


Pablo Casado, son principal adversaire qui ne cesse de l’accuser d’être trop faible face aux indépendantistes, se remet en revanche de sa déroute d’avril et remonterait de 66 à plus de 100 sièges. 


Le parti d’extrême droite Vox, qui avait conquis 24 sièges en avril, gagnerait jusqu’à 12 sièges selon le sondage du journal conservateur El Mundo et deviendrait la troisième force du Parlement.


« Mensonges »


Pedro Sanchez n’a pas encontré le président séparatiste catalan Quim Torra, avec qui il ne communique que par lettres ouvertes interposées. Le premier ministre refuse de parler au dirigeant catalan tant qu’il n’aura pas condamné « de manière ferme » les violences, estimant trop ambigües ses déclarations des derniers jours. 


M. Torra, de son côté, exige qu’aucune condition ne soit posée à d’éventuelles négociations, c’est-à-dire que la question d’un référendum d’autodétermination puisse y être abordée, ce qu’exclut le gouvernement central.


Preuve du climat exécrable entre Madrid et Barcelone, la numéro 2 du gouvernement espagnol Carmen Calvo a déclaré au quotidien britannique The Guardian que M. Torra devait « arrêter de raconter des mensonges impossibles, comme de dire (...) qu’au printemps la Catalogne se sera séparée de l’Espagne ».


La violence est retombée pendant le week-end, mais quelque 500 manifestants ont attendu en vain lundi Pedro Sanchez devant les bureaux du représentant du gouvernement à Barcelone. Ils répondaient à l’appel du « Tsunami démocratique », une organisation opaque qui avait organisé le blocus de l’aéroport de Barcelone lundi dernier. 


Les séparatistes radicaux des Comités de défense de la République (CDR) ont appelé à une nouvelle manifestation en soirée, avec des ballons remplis de peinture.


Montse Serra, une traductrice de 53 ans, tenait un panneau proclamant en anglais « Spain sit and talk » (Espagne assieds-toi à la table de discussion »).


« Si l’État ne veut pas dialoguer, il faut l’y forcer », a-t-elle déclaré, tout en reconnaissant que « jusqu’à présent ça n’a pas servi à grand-chose ».





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